
Je serais ton maître
Quatre jours plus tôt quelques part de l’autre côté de l’océan.
Des gouttes d’eau ruisselaient dans le dos de Clarke adossée aux parois humides de la minuscule cavité qui lui servait de geôle. Elle ne pouvait définir le temps qui s’était écoulée depuis qu’elle s’était éveillée dans ce lieu. Elle était plongée dans le noir quasi total, l’espace était confiné, la seule source de lumière provenait de la trappe qui était à moins d’un mètre au-dessus de sa tête.
Condamnée à rester en position assise ou couchée roulée en boule ses muscles lui faisaient mal, tout son corps était engourdi. Son ventre était vide et sa bouche pâteuse, assoiffée elle avait été contrainte de lécher le mur pour récupérer quelques gouttes de liquide qui s’accumulaient dans les interstices. Elle entendait au-dessus de sa tête des bruits de pas et des grognements qui lui glaçaient le sang.
La créature qu’elle avait croisé dans le bois avant d’être assommée aurait pu sortir de son pire cauchemars. Elle ne pouvait dire s’il s’agissait d’un être humain ou d’un animal. Ce qui pouvait se rapprocher le plus de cette créature était une des abominations qu’avait créé le Mont Weather mais en plus grand, en plus laid, en plus démoniaque.
Si cela avait été un être humain un jour, il n’en avait plus l’apparence, des yeux jaunes, une peau rougeâtre comme calciné, un trou béant à la place du nez, un corps totalement déformés à l’ossature saillante, des mains difformes auxquelles il manquait des doigts, une bosse dans le dos et une force herculéenne, voilà ce qu’elle avait à peine eu le temps d’apercevoir avant d’être mise à terre.
Clarke pensa qu’elle venait de faire la désagréable connaissance des habitants de ce côté de l’océan. La descendance des survivants soumis aux radiations nucléaires qui avaient engendrés des monstres. En entendant les grognements et les conversations gutturales dont elle ne comprenait pas le sens, elle en déduit que l’horrible créature ne vivait pas seule dans ces bois. Cette pensée l’horrifiait d’autant plus. Les créatures avaient-elles aussi capturé ses amis ?
Clarke ramena ses jambes contre son buste, les bras serrés contre ses tibias avant de poser son front sur ses genoux. Dans cet enfer, il lui fallait trouver un moyen de contrôler ses angoisses, de garder les idées claires. Tandis qu’elle fermait les yeux elle imagina le visage de Lexa. Elle essayait de redessiner ses traits, son sourire, la douceur de son regard... Cette vision la réconforta, elle oublia un instant sa condition de prisonnière, progressivement elle tomba dans le sommeil.
Soudain, un bruit sourd la réveilla en sursaut, la trappe s’était ouverte dans un grincement strident. La lumière qui pénétra dans la geôle aveugla la jeune femme. Une main difforme, aux ongles longs aussi crochus que des griffes tenta de la saisir par le bras. Clarke se mît à hurler et se coucha sur le dos pour tenter d’échapper au monstre. Elle se débattit avec ses jambes mais la créature parvint à l’empoigner et la souleva violement en la passant par la trappe. Une fois, à l’extérieur elle fût jetée à terre. La jeune femme releva la tête et aperçut trois de ces hideuses créatures l’encercler. Leurs visages étaient tous aussi horribles et difformes. Ils dégageaient une odeur pestilentielle, qui la prit à la gorge.
« Laissez-moi partir! » Cria Clarke.
Les créatures se regardèrent et se mirent à rire, expulsant de la bave jusqu’à leur pied. La jeune femme se remit debout avec difficulté, ses muscles encore engourdis par sa longue immobilité. Elle tenta de dissimuler sa peur tandis qu’elle leur faisait face. Si ces démons se comportaient comme des animaux ils ressentaient probablement sa peur. Faire preuve d’aplomb pourrait peut-être les dissuader d’attaquer même si elle le savait, les chances que cela fonctionne étaient faibles.
« Est-ce que vous me comprenez ? Je ne voulais pas entrer sur votre territoire, je vais m’en aller et il n’y aura pas de casse. »
Ce qui ressemblait à des rires reprirent de plus belle. Clarke sortit le couteau qui était caché dans sa veste et le brandit devant elle.
Les rires cessèrent et laissèrent place à des grognements de bêtes.
D’un rapide coup d’œil, elle comprit qu’elle se trouvait dans une sorte de bunker. Elle aperçut une porte ouverte derrière l’un des monstres. Il fallait qu’elle tente quelque chose pour s’échapper.
Une des créatures s’approcha d’elle pour tenter de la désarmer, avec adresse Clarke lui saisit le bras et planta sa dague dans son épaule droite. Le monstre rugit avant de lui asséner une claque qui la fît tomber à la renverse. Puis, en souriant laissant apparaitre sa mâchoire édentée, il retira la dague sans même un signe de douleur. Les deux autres se saisirent de Clarke encore étourdie et la trainèrent dans le couloir vers l’extérieur.
L’entrée du bunker débouchait sur la forêt, un feu de camp était allumé et trois autres créatures armées de lances montaient la garde.
« Clarke… » Murmura une voix.
La jeune femme tourna les yeux sur la droite et ce qu’elle aperçut la terrifia.
Jasper et Bellamy étaient ligotés à deux arbres, leurs t-shirts étaient en lambeau dévoilant leurs torses nus ensanglantés. Leurs visages étaient tuméfiés. Ils étaient méconnaissables.
Les deux monstres amenèrent Clarke à côtés de ses amis et la ligotèrent à son tour à un arbre, avant de s’éloigner. Une fois les créatures à bonne distance, Jasper demanda à Clarke.
« Est-ce que ça va ? »
« Je vais bien… »
Jasper cracha le sang qu’il avait dans la bouche.
« On est partis à ta recherche et ils nous sont tombés dessus, on a rien pu faire… ces gars-là reçoivent les balles comme des piqûres de moustique… »
« Où est Raven ? » Demanda Clarke inquiète.
« Elle est restée au Phénix… »
« Mais bon sang qu’est-ce qu’ils vous ont fait ? »
« Ces salopards ont passé la nuit à s’amuser à nous torturer…Ils ne parlent pas, ne posent aucune question...Ils sont costauds, mais ne semblent pas très malins. » Dit Bellamy.
« Ils ont été assez malins pour nous capturer… » Grogna Jasper.
« Qu’est-ce qu’ils veulent ? » Demanda Clarke.
« Probablement nous tuer à petit feu… » Répondit Bellamy.
Jasper tourna la tête vers Clarke et lui fît signe de regarder sur sa gauche, la jeune femme s’exécuta et aperçue posée à quelques mètres d’elle les armes à feu de ses amis. Elle regarda à nouveau Jasper et dit :
« Ils faut qu’on se tire d’ici. »
« Je ne te le fais pas dire. » Répondit-il.
Les créatures s’étaient réunies autour du feu, et semblaient converser en émettant des sons gutturaux incompréhensibles pour les trois amis.
« La nuit va bientôt tomber. Il faut qu’on arrive à se détacher, on prend les armes et on cour. »
« Bellamy, on ne sait même pas où on se trouve ! » Dit Clarke.
« Le vaisseau est au sud, dans cette direction, on est tout près de la clairière Clarke. »
Soudain, une pierre atterrit sur la jambe du jeune homme lui faisant lâcher un cri de douleur. C’était le gringalet boiteux du groupe, qui l’avait lancé pour le faire taire. Les trois prisonniers, cessèrent de parler jusqu’à ce qu’ils le voient se rasseoir à côté de ses congénères autour du feu. Sans le perdre du regard Clarke demanda :
« Pourquoi ils ne nous ont pas tué tout de suite ? »
« Tu as déjà vu un chat qui joue avec une sourie avant de la tuer? Ils sont les chats et nous sommes les souris. » Répondit Jasper avec un air dégouté.
« Peut-être que Raven va nous trouver… » Dit Bellamy.
« Raven n’arrivera pas jusqu’ici… » Dit Clarke fataliste.
Les heures passèrent, chacun essayait discrètement de desserrer les liens qui les retenaient prisonniers, mais rien n’y faisait. Leurs poignets étaient en sang, et la manœuvre devenaient de plus en plus douloureuse. Ils observèrent le manège des créatures qui vaquaient à leurs occupations. De temps en temps une de ces bêtes venaient se défouler sur Jasper ou Bellamy, les garçons encaissaient les coups sous le regard impuissant de Clarke. Cependant, jamais un coup ne fût porté à la jeune femme. La nuit venue, leurs tortionnaires dormaient sur leurs deux oreilles, laissant un seul garde assit sur le toit du bunker pour surveiller leurs invités.
Le lendemain matin, la créature à la peau rougeâtre qui avait capturée Clarke s’approcha de la jeune femme et posa sa main poisseuse sur la joue de la jeune femme qui s’arrêta de respirer. Jasper et Bellamy protestèrent par des injures mais la bête les ignorait totalement, il était comme fasciné par la jeune femme. Il l’observa de ses yeux jaunes sans âme, il toucha ses cheveux blonds, sentit son odeur avec le trou qui lui servait de nez. Clarke avait envie de vomir. C’est alors qu’un autre monstre s’approcha à son tour et tenta de poser sa main sur la prisonnière. Il fût immédiatement repoussé par le premier monstre et une violente bagarre s’ensuivit.
Dans un concert de grognement assourdissant le ravisseur de Clarke prit le dessus et mit l’autre monstre à terre avant de s’acharner sur lui pour lui faire payer son audace. Puis, il se tourna vers le groupe, et une fois de plus s’exprima dans un langage primitif. Mais, cette fois-ci même les natifs du ciel comprirent ce qu’il venait de signifier à ses congénères…Clarke était sa propriété.
Au fur et à mesure que le temps passait, les trois jeunes gens sentaient leurs forces diminuer, on leur donnait de l’eau mais pas de nourriture. Jasper pour passer le temps avait choisi de baptiser chacun des monstres sur des critères physiques. Le premier à être nommé fût celui qui semblait être le chef, le protecteur de Clarke. Jasper le baptisa Hector, comme le natif d’Azgeda qui les avaient accompagnés vers la base de Becca.
« Il ont la même dégaine… » Se justifia-t-il. Cela ne manqua pas d’arracher un sourire à ses amis un court instant.
Il nomma les autres ; tête de nœud, double face, le boiteux, cyclope et gros tas. Tandis que Clarke dormait assise adossée contre son arbre. Elle sentit une main se poser sur elle, elle ouvrit les yeux et aperçu Hector bis entrain de détacher ses liens. Elle tourna les yeux cherchant de l’aide mais Bellamy et Jasper étaient toujours endormis.
Le monstre détacha les pieds de la jeune femme et tira sur la corde encore attachée à ses poignets. Il la tenait en laisse comme un animal domestique. Clarke se laissa faire et tandis qu’elle le suivait elle entendit Bellamy et Jasper se réveiller. Elle se rendit compte que les autres créatures n’étaient pas là, probablement parties à la chasse, comme ils les avaient vu faire la veille. Elle entendit Bellamy et Jasper crier pour demander au monstre ses intentions, elle se tourna vers eux et leur fit signe de garder le silence.
La créature emmena Clarke devant le feu presque éteint et lui fît signe de ramasser les souches entassées à quelques mètres de là. La jeune femme au bout de la corde s’exécuta sans dire un mot, elle se saisit de deux bûches et revînt vers la créature avant de les poser sur les braises. Puis, elle s’agenouilla et souffla pour faire redémarrer le feu.
Le monstre resta silencieux tandis qu’il la regardait exécuter ses ordres. Une fois le feu repartit, il tira sur la corde pour demander à Clarke de le suivre. La jeune femme s’exécuta à nouveau sans broncher. A sa grande surprise il la reconduisit à son arbre et la rattacha, puis se détourna d’elle et retourna s’asseoir près du foyer.
Clarke se tourna vers ses amis étonnés.
« Voilà notre porte de sortie… » Leur murmura la jeune femme.
Les heures passèrent et le monstre revînt chercher la jeune femme à plusieurs reprises, pour lui demander diverses choses, certaines avaient du sens d’autres pas, comme s’il était en train de la dresser, il lui fît signe de s’asseoir à différents endroit, puis la remettait debout avec une pression sur la corde et recommençait un peu plus loin. Esclave docile, Clarke faisait ce qu’il demandait. A aucun moment la créature ne se montra agressive, et bien que ses demandes soient totalement idiotes et sans intérêt, la jeune femme obéissait, attendant le moment où il y aurait une faille à exploiter.
Un jour supplémentaire s’écoula, dans les mêmes circonstances, Jasper et Bellamy servaient de distractions pour gros tas, cyclope et les autres. Et la jeune femme servait d’animal de compagnie à Hector qui semblait prendre de plus en plus plaisir à dresser la jeune femme comme un chien. Les trois jeunes gens pour la première fois eurent le droit de manger les restes du repas du soir. Les erreurs de la nature semblaient vouloir leur redonner des forces pour prolonger leur calvaire.
A mesure que le temps passait, Hector ne prenait plus autant de précaution lorsqu’il rattachait Clarke à son arbre, la jeune femme le savait, bientôt elle pourrait se libérer de ses liens. Il lui fallait juste encore un peu de patience. Si le monstre se prenait pour un dresseur d’humain, il apprendrait bientôt à ses dépens que la jeune femme n’était pas domptable et que comme le chien elle pouvait mordre la main de celui qui l’affame.
Le cinquième jour, Bellamy et Jasper étaient à bout de force, ils passaient leur temps à s’asseoir et se relever pour détendre leurs muscles qui les faisaient atrocement souffrir. Clarke essayait de leur remonter le moral du mieux qu’elle le pouvait entre ses séances de dressage avec Hector. A la nuit tombée, Bellamy observaient les créatures qui s’étaient réunies autour du feu. Il se sentait tellement impuissant, tout son corps le tiraillait, le jeune homme avait tellement mal. Lui le guerrier, le combattant qui n’abandonnait jamais était réduit à un morceau de viande ligoté à un arbre tout juste bon à prendre des coups gratuits, une distraction macabre. Il tourna les yeux vers Jasper et Clarke et constata que ses deux amis étaient tombés d’épuisement et dormaient assis contre leur tronc.
Soudain, dans les buissons à une dizaine de mètre de lui il crut apercevoir une minuscule lumière scintiller. Il en était certain ce n’était pas une luciole, il plissa des yeux pour essayer de discerner de quoi il s’agissait mais la source lumineuse avait disparu. Il resta un moment à fixer la même direction. C’est alors que la lumière réapparue, elle scintillait par intermittence à travers les feuillages. Un hurlement le fît sursauter, c’était les créatures qui s’agitaient, visiblement Gros Tas avait décidé de faire passer un sale moment au Boiteux pour amuser la galerie. Bellamy observa la bagarre quelques instants, avant de retourner la tête vers les buissons, mais la lumière avait disparue… Le jeune homme soupira, il pensa qu’il venait d’avoir une hallucination. Quelques instants plus tard lorsqu’il aperçut Boiteux se diriger vers lui après s’être pris une correction il comprit qu’il allait encore passer un mauvais quart d’heure. La créature immonde allait évacuer la frustration de sa défaite à coup de poing sur ses cotes déjà meurtries. Bellamy serra les dents, une fois de plus il devrait encaisser.
Le sixième jour de captivité, la pluie se mit à tomber, les trois amis prirent ça pour un cadeau du ciel, cette pluie abondante allait les laver de cette crasse qui leur collait à la peau et ils pourraient se désaltérer sans avoir à supplier. Bellamy n’était pas sûr de ce qu’il avait aperçu la veille et il se garda d’expliquer sa vision à ses amis pour ne pas leur donner de faux espoirs.
La nuit allait tomber lorsqu’Hector ramena Clarke à son arbre après l’avoir promené en laisse toute l’après-midi. C’est alors que Clarke remarqua qu’Hector n’avait pas bien serré les nœuds autour de ses poignets. Elle se tourna vers ses amis et murmura.
« Je peux me détacher… »
Jasper qui avait l’air d’avoir perdu espoir, se redressa en ouvrant grand les yeux.
« …tu déconnes ? »
Clarke lui montra discrètement que ses liens étaient lâches.
« Avec cette pluie, ils vont sûrement rentrer dormir au chaud dans le bunker… » Dit Bellamy qui passait ses journées à échafauder des plans d’évasions dans sa tête.
« Ils vont laisser un garde à l’extérieur…Je parie sur Boiteux, c’est le plus bas dans la hiérarchie et avec la pluie ils vont lui laisser la corvée. » Ajouta-t-il.
« Alors c’est pour cette nuit ? » Demanda Jasper.
Clarke et Bellamy hochèrent la tête à l’affirmative.
Bellamy avait vu juste, les cinq créatures rentrèrent dans le bâtiment, laissant un Boiteux contrarié derrière eux. Le monstre s’installa au pied du bunker sous le porche devant la porte d’entrée pour s’abriter du rideau de pluie qui tombait maintenant. Une dizaine de mètres le séparait des arbres où se tenaient les prisonniers.
« Attendons encore un peu, que ces enfoirés s’endorment… » Dit Bellamy qui retrouvait peu à peu sa combativité.
« Si tu nous détaches Clarke, il risque d’avoir le temps de donner l’alerte. »
« Nos armes sont toujours à quelques pas, peut-être que je pourrais les récupérer et m’occuper de lui. » Dit Clarke.
« Je ne le sens pas du tout… » Répondit Jasper.
« On a pas le choix… » Lui dit la jeune femme avec un air décidé.
Elle s’apprêtait à relâcher ses liens lorsque Bellamy lui fît signe d’attendre.
« Regardez ! » Dit-il à voix basse en désignant les buissons de la veille de la pointe du menton.
La lumière scintillante était de retour et cette fois-ci le jeune homme ne fût pas le seul à l’apercevoir.
« Qu’est-ce que…. » Bafouilla Jasper.
« On dirait un signal… » Dit Clarke en plissant les yeux.
« Bon sang ! Mais oui…c’est du morse ! » Répondit Jasper.
Les trois amis sans détourner les yeux, murmurèrent en cœur.
« Raven… »
Les trois amis avaient envie d’exulter de joie, mais ils devaient se maitriser et rester le plus discret possible, car si Boiteux était sans conteste le plus stupide de la bande, il était toujours éveillé et capable de grogner l’alerte.
« Voilà la distraction dont nous avions besoin… » Dit Bellamy.
«Dès qu’elle nous verra libre elle va passer à l’action, j’en suis persuadé. » Ajouta-t-il.
« Croisons les doigts… » Dit Jasper en observant Boiteux qui pour le moment ne regardait pas du tout dans leur direction.
« Détaches-toi Clarke et attends notre signal pour aller chercher les armes. » Ordonna Bellamy.
La pluie s’était intensifiée et son épais rideau masquait bien les mouvements de la jeune femme. La créature toujours postée à l’entrée du Bunker ne remarqua rien.
« Je suis prête… » Déclara la jeune femme, prête à bondir en direction des armes dès qu’on le lui ordonnerait.
« Je ne vois plus cet enfoiré, avec toute cette pluie… » Dit Bellamy.
« Si ! Il s’est allongé contre la porte ! Fonces Clarke ! » Lança Jasper.
Une montée d’adrénaline envahit le corps de la jeune femme, Clarke se releva et se dirigea à toute allure vers les armes posées au pied d’un arbre. Elle s’en empara et retourna vers ses amis, elle s’accroupit derrière Jasper qui la suppliait de faire au plus vite pour lui retirer ses entraves. Une fois libéré il saisit son fusil et mît en joue l’entrée du bunker. Des trombes d’eau lui tombait sur la tête mais il n’en faisait pas cas, il était concentré, tous ses sens étaient en alerte. Clarke libéra Bellamy à son tour.
« Où est Boiteux ? »
« Il n’a pas bougé, il a l’air de dormir. » Répondit Jasper.
« Parfait ! Allons-y… » Dit Clarke en se dirigeant vers la direction indiquée par Bellamy quelques jours auparavant.
« Partez devant, je vous rejoins… » Répondit Bellamy.
« Mais qu’est ce qu… » Lança Clarke en direction du jeune homme qui avait pris la direction opposée.
Bellamy son arme braquée devant lui, se dirigeait vers le Bunker.
« Il va nous faire repérer ! » Dit Clarke à Jasper.
« Avances Clarke… » Dit le jeune homme en la poussant devant lui. Jasper savait très bien ce que Bellamy avait en tête, il allait le faire pour tous les deux.
Bellamy s’approcha à pas feutré de l’immonde créature qui s’était effectivement assoupie contre la porte. Le monstre était tout aussi repoussant que ses comparses, rien que son odeur était insoutenable. Bellamy sortit son couteau de chasse et se pencha au-dessus de celui qui avait été son tortionnaire. Le jeune homme était déterminé à se venger. D’un coup sec il posa sa lame sur la gorge de la créature tout en l’empêchant de crier en posant sa main sur sa bouche sans lèvre.
Boiteux se débattit en gémissant, Bellamy avait mis tout son poids pour l’empêcher de se dégager. Il le fixa droit dans les yeux.
« Crèves Enfoiré ! » Murmura-t-il tandis qu’il sectionnait lentement la gorge de son bourreau. Un sang épais s’échappait de la plaie béante, la créature convulsa et Bellamy le regarda se vider de son sang en appréciant le spectacle. Ce moment il l’avait rêvé à chaque seconde de sa détention. L’immonde monstre était mort, le jeune homme entreprit de trainer sa dépouille jusque derrière le mur du Bunker avant de rejoindre ses amis. Il venait de déposer le cadavre contre le mur, lorsqu’un son lui glaça le sang. Le grincement de la porte du Bunker… Bellamy regretta immédiatement son geste, il aurait dû partir en même temps que Jasper et Clarke. Il se mît à courir à toute allure en direction de la forêt sans passer devant l’entrée. Les créatures ne tarderaient pas à découvrir que les prisonniers s’étaient échappés.
Clarke et Jasper slalomaient entre les arbres à bout de souffle, soudain quelqu’un se dressa devant le jeune homme qui prit dans son élan manqua de tomber.
« Raven ! » Dit-il en se jetant dans ses bras.
« Suivez-moi ! » Lança la jeune femme.
Ils s’apprêtaient à reprendre leur course folle, lorsque des rugissements les firent sursauter.
« Les monstres ! »
Une silhouette se rapprochait d’eux par l’arrière à toute allure. Les trois amis pointèrent leurs armes vers elle.
« Courrez ! Courrez ! » Cria Bellamy qui ne ralentit pas sa course.
Tous baissèrent leurs armes et se mirent à courir tandis que les cris se rapprochaient.
Après plusieurs minutes d’une course folle, ils sentaient toujours les créatures sur leurs talons.
« La clairière est par là ! » Indiqua Raven.
En effet, ils arrivaient à la lisière de la forêt et les quatre Skaikru aperçurent le vaisseau à trois cents mètres.
Ils entrèrent dans la clairière et très vite les cinq monstres qui les avaient rattrapés firent de même.
Bellamy se retourna et leur envoya une salve de tir pour tenter de les garder à distance, mais les créatures ne semblaient pas craindre les balles.
Raven courrait en regardant le sol, soudain elle s’arrêta et fît signe à ses amis de la dépasser. Elle regarda les créatures qui étaient maintenant à une vingtaine de mètre.
« Raven qu’est-ce que tu fais ?! » Cria Clarke.
Bellamy qui était le dernier dépassa à son tour la jeune femme en la saisissant par le bras pour l’exhorter à la suivre.
« Attends ! » Hurla-t-elle à Bellamy.
Sans quitter des yeux la progression des monstres, la jeune femme dit à voix basse.
« Encore un peu…allez plus que trois mètres. »
Bellamy ne compris pas ce qu’attendait la jeune femme pour fuir jusqu’au vaisseau. C’est lorsqu’il aperçut le boitier dans la main de la jeune mécanicienne qu’il comprit. Il fît signe à Clarke et Jasper de se mettre à couvert.
« COUCHEZ VOUS ! »
Raven appuya sur le détonateur et se jeta au sol.
Plusieurs déflagrations retentirent juste là où se trouvaient les créatures, Raven avait piégé la clairière tout autour du Phénix. Quatre monstres furent immédiatement soufflés par l’explosion. La dernière un peu en retrait de la ligne de feu fût projetée dans les airs. Lorsque les jeunes gens se relevèrent, il ne restait rien des monstres, ils étaient en morceau et la prairie en flamme sous la pluie battante. Un silence de mort envahi les lieux. Ils restèrent quelques instants immobiles à observer les flammes qui finiraient par s’éteindre sous le rideau de pluie.
Soudain, derrière les flammes, une silhouette apparue. C’était Hector, le monstre s’était remis sur ses pieds et hurlait de rage. Bellamy lui tira dessus mais manqua sa cible. Clarke se porta à sa hauteur et lui fît signe de cesser le feu.
« Laisse le, il ne peut plus rien nous faire… » Dit-elle froidement.
Même si la jeune femme avait envie de se venger, elle savait qu’Hector ne lui avait jamais fait de mal. Il avait voulu la contrôler, mais jamais il ne s’était montré violent envers elle, ni même envers ses compagnons. Oui il l’avait capturé, mais ensuite il l’avait protégé face à ses comparses. L’abattre froidement n’aurait été d’aucun réconfort, mettre en pièce ses amis était une punition suffisante.
Bellamy et Raven tournèrent les talons en direction du vaisseau, Jasper passa son bras autour des épaules de la jeune mécanicienne en exultant de joie.
« Si tu savais comme je suis content de te voir Raven ! » Dit-il.
Clarke resta un instant à soutenir le regard de la créature toujours postée derrière la ligne de feu. Puis, elle tourna les talons et s’éloigna tranquillement. Elle avait gagné et Hector impuissant la regardait se détourner de lui.
Les quatre amis pénétrèrent dans le Phénix. Jasper caressa l’appareil la carlingue de l’appareil.
« Je suis tellement content de te revoir aussi ! » Dit-il l’air soulagé.
« Sors-nous de ce trou aussi vite que possible. » Ordonna Bellamy à Raven qui venait de prendre place devant les commandes de l’appareil.
« Ne t’inquiètes pas je ne compte pas trainer ici. » Répondit-elle en actionnant les moteurs.
Le Phénix se mit en branle et décolla.
Une fois dans les airs, Clarke sortit la trousse médicale et commença à panser les blessures de Jasper et Bellamy tout en questionnant Raven.
« Comment nous as-tu retrouvé ? »
« Lorsque je n’ai pas vu revenir Jasper et Bellamy je suis partie à votre recherche, mais je n’ai trouvé aucune trace de votre passage. J’ai essayé de contacter Monty par radio, mais je me suis rendue compte que le signal ne passait plus. J’ai bien essayé de rétablir la connexion mais ça n’a pas marché. »
« Tu veux dire que depuis tout ce temps tu n’as pas pu les informer de la situation ? » Demanda Clarke inquiète.
« Non, aucun contacte…Ne vous voyant toujours pas revenir le lendemain, j’ai décidé de piéger l’accès au vaisseau. »
« Excellente initiative. » Souligna Jasper toujours étonné d’être encore en vie.
« J’avais tellement peur que vous soyez morts… »
« Il s’en est fallu de peu… » Dit Bellamy qui portait sur tout son corps les stigmates des tortures qu’il avait subi.
« Après avoir piégé la clairière j’étais épuisée, je crois que j’ai perdu connaissance plusieurs heures je ne pourrais pas dire combien de temps. Quand je me suis réveillée j’ai décidé de repartir dans les bois, je n’ai pas eu à marcher longtemps avant d’entendre des voix. Je me suis dissimulée dans les buissons et j’ai aperçu deux de ces créatures en pleine partie de chasse. Je les ai suivis jusqu’à ce que je tombe sur leur camp. »
« C’est là que tu m’as fait signe. » Dit Bellamy.
« Oui avec le faisceau de ma lampe torche, j’ai essayé d’attirer ton attention, mais les monstres se sont agités et je me suis dit que j’allais me faire repérer.»
« Tu as bien fait de te retirer. » Affirma le jeune homme qui sentait que la jeune femme s’en voulait de ne pas lui avoir porté secours tandis qu’il prenait une correction de l’ignoble boiteux.
« Il faut qu’on fasse savoir que nous sommes vivants et que nous poursuivons notre mission. » Lança Clarke à la pilote.
« Pour le moment la radio ne fonctionne pas, peut être que dans un autre secteur nous aurons un meilleur signal. En attendant notre balise GPS fonctionne, Monty va se rendre compte que le Phénix est de nouveau en mouvement. »
« Espérons que ces derniers jours de silence radio ne déclenchent pas une catastrophe… » Dit la jeune femme blonde en refermant la trousse de secours.
Au même moment sur la base d’Ankars
Monty était affalé dans son fauteuil devant les moniteurs allumés. Le jeune homme n’avait pas quitté son poste depuis le décollage du Phénix quelques jours auparavant. Il voulait être là au cas ou la radio se remettrait à fonctionner. Soudain la porte automatique s’ouvrit, il tourna la tête et aperçu Octavia.
« Toujours rien ? » Demanda-t-elle.
« Le calme plat… » Répondit-il l’air triste.
La jeune femme s’assit sur l’un des bureaux derrière le jeune homme.
« Je ne supporte plus de rester là impuissante à espérer qu’ils se manifestent à nouveau… »
« Je ressens la même chose… » Admis le jeune homme.
« On sait qu’ils ne se sont pas crachés, aux dernières nouvelle Raven avait décidé de poser l’appareil pour le recharger avant de se diriger vers la première centrale et depuis…. » Répéta-t-il comme si le fait de récapituler la chronologie des événements l’aiderait à comprendre ce qui se passait.
« On savait que le système radio pouvait ne pas fonctionner dans certaines zone… »
Octavia ressentit la frustration de Monty.
« Peut-être que l’appareil est en panne…Ou peut être qu’ils ont été attaqués par quelque chose…Comment veux-tu qu’on le sache ? Dans tous les cas il faut garder espoir…» Lança-t-elle autant pour rassurer son ami que pour se convaincre elle-même que rien n’était perdu.
Monty fît tourner son fauteuil en face à la jeune femme et demanda :
« Tu es au courant de la solution finale ? »
Octavia l’air affligée.
« Oui…Je sais que Becca l’a exposé à Roan et qu’ils ont décidé d’en informer le conseil…Ils pensent que la mission du nouvel aurore est un échec…Tout ça c’est de la folie ! »
Monty hocha la tête :
« Tu imagines ce qu’il va se passer ? Les gens vont paniquer, certains vont vouloir se battre pour faire partie de ce programme de préservation de l’espèce humaine…ça va être le chao. Becca n’aurait jamais dû proposer cela ! »
« Elle n’avait pas le choix, elle a promis de nous aider à sauver la race humaine, elle n’a pas dit qu’elle pourrait sauver tout le monde… »
« Tout ça ce n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle cité des lumières… » Dit le jeune homme en colère.
« Personnellement, je ne veux pas de ça je laisse ma place bien volontiers…Je veux être maître de ma propre mort…Si c’est tout ce qui me reste, je préfère mourir et retrouver Lincoln. »
Monty fît la moue mais il était du même avis que la jeune femme, lui non plus ne voulait pas être maintenu en vie dans une boite l’esprit branché à un univers fictif.
Octavia leva les yeux vers son ami et soudain quelque chose sur l’écran derrière le jeune homme attira son attention. Elle pointa du doigt ce qui l’intriguait.
« C’est normal ça ? Ya un point rouge qui bouge sur ton écran. »
« Quoi ?! » Dit le jeune homme tout en faisant pivoter son fauteuil pour apercevoir ce que la jeune femme lui indiquait.
Monty exulta bruyamment.
« Octavia ! C’est eux ! Le Phénix est de nouveau en mouvement ! »
Le jeune femme sauta du bureau et s’approcha de l’écran.
« Tu es sûr ? »
Monty en souriant :
« Oui, le point rouge c’est le signal GPS du vaisseau et il bouge à nouveau ! »
« Oh mon dieu ! » Cria Octavia en se jetant dans les bras de Monty qui l’enlaça en hurlant de joie.
Le jeune homme relâcha son étreinte et hurla
« BECCA ! »
L’hologramme apparu instantanément.
« Ils sont vivants ! Le phénix a repris sa route ! » Dit-il en indiquant à Becca le point rouge en mouvement.
« C’est formidable ! Alors il y a encore de l’espoir. Je vais en informer immédiatement l’intendant, en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Monty essais de les contacter par radio. »
« Je m’y met immédiatement. » Lui assura le jeune homme.
Becca disparue, laissant Octavia et Monty exulter de joie.