
Attentat
Tour de Polis
« En es-tu sûr ? » Demanda Kane à Jaha qui était assis en face de lui.
« J’en suis certain…ils passeront à l’action très bientôt. Une attaque de nuit, lors de la rotation de la garde. » Répondit-il l’air grave.
Octavia adossée contre le mur les bras croisés au fond de la pièce demanda :
« Combien d’assaillants ? »
« Je n’en ai aucune idée, c’est tout ce que j’ai pu savoir. »
Marcus se tourna vers la jeune femme et ordonna :
« Préviens Indra, ne quittez pas Roan d’une semelle. »
Octavia acquiesça et quitta la pièce pour rejoindre son mentor au pas de course.
Depuis cet avertissement, trois nuits s’écoulèrent sans que rien ne se passe. Les deux femmes prenaient position tapis dans l’ombre au bout du couloir, le regard fixé sur la porte de la chambre de l’intendant toujours protégée par deux gardes qui ne quittaient leur poste qu’au milieu de la nuit remplacés immédiatement par deux autres guerriers. Seules autorisées à rentrer dans la chambre, chaque soir des jeunes femmes légèrement vêtues dont la profession était bien entendu de donner du plaisir au roi d’Azgeda. Indra s’était déjà assurée que le danger ne viendrait pas d’elles.
« Les informations de Jaha ne valent pas un clou… » Râla Octavia assise par terre.
« Crois-tu que cela m’amuse de passer mes nuits à épier une porte ? » Grogna Indra pour faire comprendre à son second que pester toutes les cinq minutes ne servirait à rien.
Quelques minutes passèrent, lorsqu’à l’autre bout du couloir apparue une servante munie d’un plateau, des grappes de raisins et un pichet de vin avec deux coupes. Les gardes à l’entrée jetèrent un œil au plateau, et frappèrent à la porte pour indiquer à l’intendant qu’il était servi.
La porte s’ouvrit, la servante pénétra avec le plateau sous la surveillance des gardes puis quitta les lieux. Les gardes refermèrent la porte et reprirent leur poste à l’entrée.
On entendait des rires qui provenaient de la chambre et qui s’engouffraient jusque dans le couloir.
« Il y en a au moins un qui passe un bon moment. » Grogna à nouveau Octavia.
Indra exaspérée se retourna vers son second l’index devant la bouche pour lui faire signe de se taire.
« C’est l’heure de la relève. » Dit Indra en faisant signe à Octavia de se relever et de se tenir prête.
De là où elles s’étaient postées les gardes ne pouvaient pas les voir, mais elles aussi avaient du mal à distinguer les visages. Lorsque les deux nouveaux gardes firent leur apparition, il était impossible pour Indra de dire s’il s’agissait ou non des gardes habituels. Mais, cela avait peu d’importance puisque Roan avait changé toute la garde en y intégrant des sujets d’Azgeda. La plupart de ces visages n’étaient pas connus de Indra et il était impossible de dire s’il s’agissait de gens fiables ou non.
Les gardes prirent place aux postes de leurs confrères, la rotation se fît normalement comme tous les soirs. Les minutes passèrent et toujours rien à signaler au grand d’âme d’Octavia qui aurait aimé un peu d’action.
Tandis que Indra passait une tête pour analyser la situation, elle assista à un étrange manège. Les deux gardes semblaient se murmurer des choses, puis ils déposèrent leurs lances contre le mur avant de se saisir de leurs épées qu’ils firent coulisser lentement de leurs fourreaux en prenant soin de ne pas faire de bruit.
Sans détourner les yeux de la scène Indra tapota l’épaule de son second. Octavia, passa une tête à son tour et dégaina son arme en prenant la même précaution que les gardes.
« Attends… Il faut les prendre en flagrant délit. » Lui murmura Indra toujours les yeux rivés sur cet étrange manège.
Les deux hommes se tenaient de part et d’autre de la porte et hochèrent la tête simultanément avant que le plus grand des deux ne frappe le bois en demandant :
« Intendant ? »
« Quoi ?! » Cria Roan depuis l’intérieur de ses appartements.
« Une dépêche importante vient d’arriver, nous avons reçu l’ordre de vous avertir. » Mentit l’homme.
« Vous avez intérêt que cela soit important pour me déranger au milieu de la nuit! J’arrive… » Grogna-t-il.
La porte s’ouvrit, et les deux hommes se jetèrent sur la personne qui se trouvait derrière. Un cri retentit bien vite étouffé par la lame d’une épée qui transperça l’individu de part en part. Indra et Octavia, bondirent de leur cachette. Lorsqu’elles arrivèrent à l’entrée de la chambre elles durent enjamber la femme nue enveloppée dans un drap qui gisait au sol dans une mare de sang. La malheureuse avait reçu le coup destiné à l’intendant. Les deux gardes s’approchaient de Roan qui s’était replié derrière le lit. Torse nu une dague à la main le roi d’Azgeda était prêt à se défendre. Sa paresse lui avait sauvée la vie. Il sursauta en apercevant Indra et Octavia ne sachant pas si elles étaient venues pour l’aider ou en renfort des assassins.
Octavia se jeta sur le premier homme en criant, tandis qu’Indra fît face au second assaillant. Le combat fît rage mettant la chambre à sac. Chacun se rendant coup pour coup, Octavia se fît lacérer le bras gauche, dans un cri rageur elle rendit immédiatement la politesse à son adversaire. Cependant, son coup beaucoup plus appuyé sectionna le bras du guerrier. L’homme tituba en hurlant, la jeune guerrière pivota sur elle-même et vînt enfoncer sa lame dans la gorge du combattant qui s’écroula lourdement sur le sol. Indra quant à elle encore affaiblie de sa récente blessure eût bien du mal à se débarrasser du guerrier qui se déplaçait avec adresse. La guerrière Trikru le savait il le lui fallait vivant, pour que Roan sache qui avait commandité son assassinat. Avec une parade bien préparée elle parvint à déstabiliser le guerrier avant de lui porter le coup de grâce en l’assommant avec la garde de son épée en plein front.
« Qu’est-ce qui se passe ici !? » Rugit Roan, furieux d’avoir été pris pour cible au milieu de la nuit.
« Un attentat, Intendant. » Lui répondit Indra en s’essuyant la sueur du visage.
« Ne nous remerciez pas surtout… »Grogna Octavia, les yeux insolents.
Roan préféra ignorer la remarque, encore sous le coup de l’émotion il avait besoin d’un petit remontant. Il s’approcha de la table sur laquelle le vin était posé et se versa une coupe. Indra se jeta sur lui pour renverser la coupe qu’il s’apprêtait à boire.
« Mais qu’est-ce que ? » Hurla Roan.
Indra lui désigna la fiole vide qui était accrochée au ceinturon de l’homme qu’elle avait assommé.
Elle inspecta le vin et déclara avec certitude : « Du poison Intendant. »
Roan fulminait, tandis qu’Octavia afficha à nouveau son sourire narquois avant de porter l’estocade pour la seconde fois.
« Ne nous remerciez pas surtout ! »
Quelques minutes plus tard dans la salle du trône.
« Vous dites, que vous le saviez depuis des jours et vous ne m’en avez pas averti ? » Hurla Roan à Marcus qu’il avait fait appeler sitôt après l’attaque.
« Vous auriez lancé une chasse au sorcière qui aurait divisé tout le monde ! » Affirma le chancelier, réflexion qui laissa Roan sans réparti.
« Intendant, je vais interroger le prisonnier et nous saurons qui est le coupable. » Dit Indra qui savait qu’elle avait les moyens de le faire parler. Une séance de torture pour extirper un nom était dans ses compétences.
« Nous savons déjà qui a ordonné votre assassinat. » Précisa le chancelier.
Indra surprise : « Vous ne l’aviez pas mentionné… »
Kane en faisant mine de s’excuser d’avoir dissimulé cette information.
« Nous devions d’abord nous débarrasser des mains avant d’avoir la tête de l’opération. »
Roan assit sur son trône s’impatientait :
« Alors ? Qui est celui dont je vais séparer la tête de ses épaules ? »
« L’ambassadeur du Sankru. » Répondit Kane.
Roan prit un air surpris.
« Ce vieillard ? »
« Vieux mais dangereux, il a de l’influence sur les autres ambassadeurs, aussi je vous conseille de lui faire un véritable procès pour qu’il n’y ait aucune contestation ni représailles. » Dit Kane avec toute la sagesse que l’on lui connaissait.
« Le sang appel le sang… » Répondit Roan.
« Avant oui, aujourd’hui vous devez lui faire un procès équitable. »
« Oh il aura son procès, si cela vous fais plaisir…Mais le résultat sera le même. » Répondit Roan avec un air vengeur.
Puis, l’intendant se tourna vers Indra :
« Je comprends mieux, pourquoi tu as accepté de t’incliner devant moi… »
« Je sers l’héritage de Heda, si vous garder entier me permet d’assurer l’avenir de la coalition alors je suis prête à tout…même à servir quelqu’un d’aussi vil que vous. » Lâcha Indra avec un air dédaigneux.
« Je te garde donc à mon service Indra kom Skaikru… » Répondit-il avec un sourire chargé d’ironie.