Posez vos crayons!

The 100 (TV)
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Posez vos crayons!
Summary
Après 7x16.Revoir Lexa a affecté Clarke plus qu'elle ne l'aurait pensé.Parfois, les obstacles du chemin sont le chemin.===Relecture en cours, et sûrement des éditions en fonction de l'inspiration.
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Chapter 1

L'installation du camp s'était déroulée paisiblement, une révision des Compétences Terrestes insouciante et joyeuse. Elle avait questionné ses amis, curieuse à propos de la Transcendance.

— Comment c'était? demanda-t-elle à Raven lors de leur premier feu de camp, après que les autres se soient retirés. Les deux jeunes femmes étaient seules. Clarke fixait les flammes et serrait une tasse emplie d'un mélange terreux que Niylah avait prétendu être un relaxant naturel.  La brune hésita. — Je ne me souviens pas de grand chose, Clarke. Il y avait Abby...
— Ma mère. Elle marqua une pause; tu l'as vu?
—  C'est elle qui m'a accueilli dans la sphère de lumière. Nous étions sur l'Arche. Elle m'a montré la situation sur Bardo, Octavia... Pourquoi, toi, tu as vu qui?
—  Lexa. Elle ignora le bond douloureux que son coeur fit dans sa poitrine. Et ensuite, enchaina-t-elle, après l'arrêt de la bataille, après le succès de cette seconde chance?
—  Comme une sensation d'être légère, de savoir, de comprendre les rouages et enfin, le choix...
— Transcender ou revenir?
— Refuser la transcendance, oui. Clarke crut discerner une légère trace de regret dans sa voix. Elle n'insista pas.

— Est-ce que tu penses que Madie est heureuse? Clarke posa la question à Gaïa en lui ôtant une écharde de la main, après une journée harassante à déplacer des poutres pour construire des abris solides. Il semblait que les Compétences Terrestres consistaient essentiellement à se faire des ampoules, des courbatures, et toutes sortes de petites blessures que Clarke s'appliquait à soulager chaque soir.
— Je crois, oui. La Fleimkeipa posa sur elle un regard doux, bienveillant. Clarke redoutait la compassion qui s'y reflétait, comme si elle réussissait à lire en elle, à sentir ses manques.
— Le..e, le Juge m'a dit qu'elle était en paix. Plus de douleur. Plus de mort. Tu l'as senti, toi aussi? Pourquoi? pourquoi tu es revenue?
— Tu n'as pas à porter ce fardeau seule, Clarke. Gaïa referma sa main blessée sur celle de la blonde et pressa avec délicatesse.  Oui, la transcendance m'était offerte, mais à quel prix? Je crois toujours que la mort n'est pas une fin. Et je préfère ce voyage, cette vie, à la perspective de fusionner avec la conscience de ceux qui t'ont jugé.
— Mais, Madie, elle ... Clarke avala sa salive, la bouche soudainement sèche. C'est ma fille, et je, je ne sais pas où je l'ai laissée!
— Elle a fait un choix, Clarke, tout comme moi, ou les autres. Nous avons eu la chance que tu n'as pas eu, et elle a décidé en connaissance. Tu ne l'as pas laissée, elle est restée. Tu dois l'accepter, être en paix, toi aussi.
— Oui, je sais. Clarke détestait la note pathétique qui faisait chevroter sa voix.

Elle décida de retourner à Sanctum deux semaines plus tard, autant pour restaurer le stock de médicaments que pour s'éloigner de ses amis. Emori, puis Octavia insistèrent pour l'accompagner mais elle refusa. Leur présence était rassurante, bien sûr, et infiniment plus agréable que la solitude complète qu'elle avait redouté un instant pour avoir raté le test. Après tout, ils avaient renoncé à la Transcendance pour elle. Elle savait qu'elle aurait du être heureuse, être reconnaissante de leur retour. Elle l'était en grande partie mais il y avait aussi un vide en elle, un vide que leur légèreté, leur gaiété ne soulignait que plus cruellement.

Clarke n'en avait parlé à personne, osait à peine se l'avouer. Comment mettre en mots cette horrible impression d'avoir perdu la Commandante encore une fois, après Polis, après la Cité des Lumières? Elle ne voulait pas s'attarder sur cette pensée, causée par le tour de magie d'une espèce soi-disant supérieure qui s'était simplement attribuée un visage dans ses souvenirs. Elle blâmait le Juge pour cette projection qui avait ravivé des plaies douloureuses qu'elle croyait cicatrisées et se blâmait elle-même pour son incapacité à se détacher de ce mirage.

Lexa avait semblé si réelle, si accessible. Lorsqu'elle avait couru vers elle, elle savait, savait que l'avatar n'était pas la femme qu'elle aimait. Mais l'illusion était si parfaite que le besoin de se blottir une fois encore dans ses bras l'avait submergée. Quelques secondes pour prétendre, pour s'égarer, pour se reposer. S'arracher à l'étreinte lui avait demandé un courage colossal.

"La douleur ne se soulage pas, elle se surmonte", avait-elle répondu un jour à une intelligence qui prétendait vouloir le bien-être de l'humanité. Clarke savait qu'il lui faudrait laisser à nouveau derrière elle la tristesse, la colère, la culpabilité. Laisser Lexa redevenir un souvenir apaisé et non un étau brûlant qui lui enserrait les poumons. Seulement, cette fois, elle n'avait pas de catastrophe nucléaire imminente, d'enfant à élever, de criminels sortis du cryo-sommeil, de génocide ou de levier pour se distraire et occuper toutes ses facultés de concentration. Dans un monde en paix, Wanheda devait apprendre le repos.

Elle caressa Picasso qui l'accompagnerait sur la lune Alpha. — Allez ma fille, on y va! Elle saisit le casque des Disciples, vérifia son sac, et se dirigea vers les gravas du bunker.
— A bientôt, Clarke! Et ne joue pas avec les allumettes, cette fois! lui cria Murphy de loin avec un signe de la main.
— C'était mauvais pour toi, de t'habituer au luxe dans ce palais; il fallait mettre un terme à tout ce confort, lui répondit-elle dans un sourire.
Le chemin était court jusqu'à l'endoit où s'était tenu la tour de Polis, une éternité plus tôt. Elle enfila le casque et composa le code de Sanctum sur la sphère métallique encore à demi-enterrée. Raven avait déjà évoqué plusieurs fois l'idée de l'excaver. Pour sûr, l'ingénieure allait se lancer dans de grandes recherches dès que leur camp serait achevé. Clarke doutait qu'elle reste longtemps sur Terre, avec les nombreux bijoux technologiques que lui offraient Bardo. Le halo vert s'étendit et Picasso s'élança. Ce chien aurait fait un bien meilleur candidat à la transcendance qu'elle. Elle le suivit.

Sous le couvert des arbres, Clarke avançait rapidement. Une branche morte craqua sous son pied et l'écho lui fit remarquer le silence total qui régnait dans la forêt. Elle leva la tête. Au dessus d'elle, dans le ciel qu'elle apercevait entre les branches, le soleil rouge était sur le point d'éclipser. Son plan de balade tranquille tombait à l'eau, il fallait réagir vite. Avant que les insectes ne deviennent fous furieux et que toute forme de vie sur la planète ne cherche à l'attaquer. Elle considéra rapidement ses options: avancer jusqu'à Sanctum pour trouver un refuge, ou réactiver l'anomalie pour repartir. La pierre était plus proche. Elle siffla Picasso qui était partie en éclaireur et qu'elle n'apercevait plus. — Picasso, reviens! Reviens, on rentre avant l'éclipse! Elle rebroussa chemin et se mit à courir.

Clarke la sentit dans l'air, sucrée, intense avant de voir les fines particules flotter: la toxine du soleil rouge. Elle enfila le casque bardoen et accélèra. Bientôt un bourdonnement intense l'enveloppa et les insectes commencèrent à se jeter sur elle. — Picasso, Picasso! Viens mon chien! Elle ignora la souffrance des piqûres, déterminée à atteindre la pierre au plus tôt. Malgré le casque elle ressentait les effets de la toxine, elle commençait à perdre pied sur la réalité. Rejoindre l'anomalie. Elle y était presque. Elle entra les six symboles, et le tourbillon phosphorescent s'activa.

Une intense douleur à l'épaule l'arrêta. Elle tomba, se retourna en grimaçant. Picasso venait de la mordre et l'observait en grondant. Le chien claqua des mâchoires dans le vide, une fois, deux fois. Clarke ôta le casque, répéta calmement le nom de l'animal. — Picasso, doucement ma belle, là je sais que tu as peur... Les yeux du chien avaient perdu leur éclat d'intelligence et ne reflétaient plus que violence et brutalité. Le grognement était si bas qu'il semblait à Clarke qu'il résonnait dans ses poumons. Elle vit le chien s'élancer comme pour l'attaquer et elle plaça instinctivement ses coudes devant sa tête, fermant les yeux. Elle retint sa respiration et attendit la charge.

Lorsque rien ne vint, elle baissa les bras et ouvrit les yeux. Là où se trouvait précédemment la chienne d'habitude si amicale, un halo sombre flottait et il n'y avait plus trace de Picasso. Elle ne savait dire si c'était une ombre de l'anomalie ou un effet de la toxine. Elle inspira brièvement pour éclaircir sa vision et se préparer à se relever. La tête lui tournait. Lorsque l'opacité révéla le visage de Lexa, elle cessa de lutter et s'abandonna aux effets de la drogue.

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