
Saison 3A
Le passage dans le vortex est plutôt turbulent et il nous faut nous accrocher fermement pour ne pas passer par-dessus bord. Finalement, après une dernière accélération et un saut à l'atterrissage brutal, on se retrouve sur une mer relativement calme, sous un ciel étoilé. Je crois qu'on a tous repéré l'île au loin mais par précaution Emma demande quand même.
« C'est ça ? »
« Oui, le Pays Imaginaire ! » Crochet répond, semblant bien peu heureux de se retrouver là.
On avance résolument vers l'île qu'on aperçoit plus loin. Ça ne devrait pas nous prendre trop de temps d'y parvenir si la mer reste aussi calme. Je suis accoudée à la balustrade, près de la proue du navire. Je pensais rester seule avec mes pensées mais ma mère me rejoint.
« Montre-moi. » Elle exige immédiatement et j'avoue ne pas comprendre de quoi elle parle.
« Te montrer quoi ? »
« Ne joue pas les innocentes avec moi, tu es blessée. » Elle insiste en ouvrant complètement ma veste.
« Oh. »
J'avoue que je pensais plus à ça. L'adrénaline sûrement. En tout cas, la douleur ne m'apparaît clairement que quand mes yeux se posent sur la tache de sang qui orne l'avant de mon T-Shirt.
« Comment tu t'es fait ça ? » Ma mère demande en relevant un peu le vêtement pour voir l'étendue des dégâts.
« C'est Tamara, elle m'a tiré dessus. »
« Ça m'étonne que tu ne te sois pas guérie toute seule. »
« Je n'y ai pas pensé. » J'avoue, essayant de cacher la douleur qui me gagne quand elle tente d'extraire la balle de mon ventre.
« Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? »
« Rien. »
« Ne me mens pas Morgane. »
« Très bien. » Je cède avec un soupir. « Je ne me suis pas guérit moi-même parce que Tamara m'a mis le même genre de bracelet qu'à toi. Ça m'a coupé ma magie et quand j'ai réussi à m'en débarrasser, je n'y pensais déjà plus. »
« Comment as-tu réussi à l'enlever ? C'est impossible de le faire soi-même. » J'espérais qu'elle ne pose pas la question mais c'était inévitable.
« Je crois que tu préférerais ne pas savoir. »
« Et moi je suis certaine de le vouloir, dis-moi. »
« Je me suis coupée la main. »
« Tu as quoi ? »
« Après c'était facile. » Je poursuis mon explication l'air de rien. « Sans ce truc rattacher à mon corps, j'ai pu me la recoller grâce à la magie. »
« Quel genre d'idée te traverse la tête exactement ? »
« Je n'avais pas le choix, ok ? C'était ça ou espérer vous rejoindre à temps en courant et la réponse me paraît évidente. »
« Soyons claires alors. » Ma mère commence et elle a le ton très sérieux de quand j'ai un problème. « Tant qu'on sera sur cette île, tu ne quittes pas mon champ de vision, jour comme nuit. Qui sait dans quelles autres situations dangereuse tu iras te mettre ? »
« C'était un cas d'urgence, ce n'est pas comme si j'étais suicidaire. »
« Je commence à me poser la question. »
« Pardon ? » L'insinuation passe mal. Je suis très satisfaite de la vie que je mène jusqu'à présent et je n'ai pas envie d'y mettre fin.
« J'ai de quoi douter. Non contente de confronter ouvertement ma mère et le Ténébreux, tu t'amuses aussi à vouloir te battre contre des géants et courir après des gens armés. »
« J'ai l'habitude d'être blessée, fût un temps c'étaient tes soldats qui m'envoyaient aux portes de la mort. » Je sais déjà que j'ai fait une erreur en lui rappelant ce détail.
« Ce n'est pas une raison de continuer à prendre des risques, je suis là pour te protéger ! »
« Je n'ai jamais eu besoin de qui que ce soit jusqu'à présent, pourquoi ça devrait changer ? »
« Parce que je suis là maintenant. » Elle me rappelle et sa voix s'adoucit considérablement alors je m'applique à me calmer aussi. « A l'avenir, laisses-moi t'aider s'il te plaît. »
« Je veux juste retrouver Henry et que tu me fasses confiance. Je connais mes limites, je te le promets. »
« Bien, admettons. Mais tu ne te mettras plus en danger. » Elle dit avec finalité avant de s'éloigner.
Je la suis un moment du regard jusque sur le pont supérieur où elle s'arrête pour discuter avec Crochet. Je détourne les yeux et me concentre sur le ciel étoilé. Enfin, ce qu'on peut voir à travers les nuages. J'ai toujours aimé regarder les étoiles, elles ont quelque chose de rassurant, d'éternel. Je ne me l'explique pas mais ça m'apaise.
Après plusieurs minutes le nez en l'air, je commence déjà à m'ennuyer et, par réflexe, mon regard retourne sur ma mère. Même si elle est toujours en compagnie de Crochet, j'ai besoin de sentir sa présence à mes côtés alors je n'hésite pas. D'un pas rapide, je rejoins le pont supérieur et arrive juste à temps pour entendre la fin de la phrase de ma mère.
« Que j'étais la méchante et les méchants n'ont pas le droit à une fin heureuse. Tu crois que c'est vrai ? »
« J'espère que non, sinon nous avons gâché nos vies. » Crochet lui répond et j'annonce alors ma présence.
« Il suffit de changer, vous savez ? » Je dis, indiquant clairement que j'ai assisté à leur petit échange. « Parfois le vent tourne comme on dit, n'est-ce pas Capitaine ? »
« La petite a peut-être raison. »
« J'ai bientôt seize ans vous savez ? » Je réplique à l'attention de Crochet.
« Et moi plus de trois cents ans, toujours petite. »
« Oh et puis peu importe. » J'abandonne avec un haussement d'épaule. « On en a pour longtemps ? »
« Pas tellement si on arrive à éviter les endroits les plus plus turbulents. »
« C'est-à-dire ? »
« Avec un peu de chance vous n'aurez jamais à le découvrir. » Crochet se contente de répondre et je comprends facilement qu'il n'en dira pas plus.
De toute façon, notre regard se tourne vers le Clan Charmant qui semble en pleine dispute. En tout cas, Blanche et David ont l'air d'avoir réussi à exaspérer Emma. Ils ne s'interrompent que quand Gold les rejoint.
« Non, vous ne le trouverez pas. » Gold intervient en faisant allusion à Henry.
« Oh, je vois que tu as pris le temps de te changer. » Crochet remarque avec sarcasme. « C'est vrai qu'il n'y avait rien de plus urgent à faire. »
« C'est moi qui le retrouverai. » Gold poursuit en ignorant totalement le pirate.
« On avait convenu qu'on partirait ensemble à sa recherche. » Ma mère lui rappelle.
« Personnellement, je n'ai jamais convenu de quoi que ce soit. »
« Pourquoi vous iriez seul ? » Emma demande.
« Mais pour réussir. »
« Qu'est-ce qui vous fait croire que moi je vais échouer ? »
« Comment réussiriez-vous ? » Gold n'en démord pas. « Vous ne croyez pas en vos parents, vous ne croyez pas à la magie, vous ne croyez même pas en vous-même. »
« Depuis que j'ai tué un dragon je crois en beaucoup de choses. »
« Vous ne croyez qu'en ce que vous voyez. Avez-vous déjà sauté dans le vide sans savoir ce qui vous attend, sans avoir la moindre certitude à laquelle vous raccrocher ? Je commence à vous connaître Mlle Swan. » Gold affirme face au silence d'Emma. « Et malheureusement, en dépit de tout ce que vous avez vécu, vous êtes toujours cette garante de caution méfiante et obstinément rationnelle qui exige des preuves. Mais au Pays Imaginaire ça ne fonctionne pas comme ça. »
« Je suis prête à tout pour le sauver. » Emma assure sans hésiter.
« Pour cela, il faudrait d'abord que quelqu'un vous dise quoi faire. Je regrette très chère, notre adversaire est trop redoutable pour que je vous serve de guide en permanence. Pour survivre ici il faut avoir une imagination débordante. Hélas, ce n'est pas votre cas. »
Il ne dit rien de plus et fait tourner sa canne. Il la laisse tourner encore et encore jusqu'à ce qu'elle tombe à terre. Là, il a disparu. Bon débarras, je n'étais pas très à l'aise en sa compagnie non plus.
***
Une grande secousse nous surprend tout à coup et le bateau chavire. La mer s'agite brusquement et nous fait dériver. Sans avoir à se concerter, David et Blanche se ruent vers la barre pour tenter de maintenir le cap. Avec ma mère, on les rejoint sur le pont supérieur.
« Dites, tous les deux, à quoi jouez-vous ? » Ma mère leur demande au moment où Crochet arrive en compagnie d'Emma.
« On essaye de stabiliser le navire. »
« Accrochez-vous ! »
« Préparez-vous à l'attaque ! » Crochet nous prévient.
« Tu pourrais être un petit peu plus précis ? »
« Si vous avez une arme, je vous conseille de la sortir. » Il tente de nous expliquer mais les bruits venant de la mer suffisent : quelque chose nous attaque.
« Il y a quoi là-dessous, un requin ? Une baleine ? » Emma demande un peu naïvement.
« Un kraken ? » David ajoute, déjà un peu plus proche de la réalité.
« Pire encore. »
« Des sirènes. » Je comprends quand j'entends leurs chants disgracieux.
« Des sirènes ? » Emma semble à la fois plus que surprise et très agacée, je la comprends.
« Et c'est elles les "turbulences" dont vous parliez tout à l'heure ? »
« Oui, ce sont des créatures très déplaisantes. »
« Sans blague. » Ma mère n'est clairement pas impressionnée par ses cachotteries.
« Je vais essayer de les semer. »
« C'est pas vrai, y en a combien ? »
« Aucune importance, il s'agit de s'en débarrasser." Je fais remarquer à Emma.
Les sirènes ne semblent pas prêtes à nous laisser tranquille. Elle se jette contre la coque du bateau, inlassablement, le faisant tanguer de plus belle.
« Je ne vais pas laisser des poissons nous faire chavirer ! » David s'enhardit et va charger le canon pendant que Blanche et Emma se saisissent d'un filet.
« Je ne crois pas que ce sera très efficace. » Je dis pour moi-même mais ma mère semble m'avoir entendue.
« Si on ne fait rien pour les aider alors oui, ils n'ont aucune chance. »
Les coups de canons se répètent, Blanche et Emma tirent résolument sur le filet. Je tente de lancer quelques boules de feu dès que j'aperçois une sirène mais sans grand succès.
« On en a attrapé une ! » Blanche s'exclame soudainement.
« Quoi, une seule ? Elles sont des dizaines ! » Ma mère ne semble pas considérer ça comme un exploit.
« Bon, cette fois ça suffit. »
Je vais me placer plus ou moins au centre du bateau et je prie pour que cette fois, ma magie réponde correctement. Je me concentre et ce n'est pas une boule de feu que j'invoque, mais tout un mur. Un mur de quelques mètres de haut et de profondeur qui fait tout le tour du navire. Les sirènes fuient sans demander leur reste et le calme revient.
« Voilà, c'est fait. » Je déclare, satisfaite de voir que, pour une fois, l'utilisation de ma magie ne m'a pas épuisé.
« Bien joué. » Ma mère admet, une lueur de fierté dans le regard. « Elles sont toutes parties. »
« Pas toutes visiblement. » Blanche rappelle alors qu'elle et Emma se battent toujours avec le filet. « Qu'est-ce qu'on fait de celle-là ? »
D'un geste de la main, ma mère ramène la sirène sur le pont du bateau. La créature se débat sur son filet, clairement peu habituée à sortir de l'eau. Tous les regards sont sur elle et on se demande tous quoi faire avec une sirène maintenant qu'on en a capturé une.
« Vous allez me balancer ce monstre par-dessus bord ! » Crochet exige alors d’une voix forte.
« Non ! » Ma mère rétorque en s’approchant de la sirène. « Maintenant on a un otage. »
« Je n’aime pas trop cette idée. » Je marmonne, heureuse que personne ne puisse m’entendre.
« J’avoue que pour une fois je suis d’accord avec Crochet. » David intervient en nous rejoignant. « Ces créatures ont essayé de nous tuer. »
« C’est l’occasion de découvrir pourquoi. »
« Et comment, en la torturant ? » Blanche demande, sûrement consciente des méthodes habituelles de ma mère.
« Oui, si ça s’avère nécessaire. »
C’est là que la sirène empoigne un énorme coquillage dans lequel elle souffle, le faisant sonner comme un cor. Je ne sais pas à quoi ça a servi. Appelé à l’aide ? Réveiller le véritable kraken ?
« C’était quoi ça ? » Emma interroge la sirène avant que je ne puisse le faire.
« Un avertissement. » La sirène répond pour la première fois. « Laissez-moi partir sinon vous mourrez. »
« Qu’est-ce que c’était que ça ? » David s’insurge en brandissant le coquillage devant la créature. « Qu’est-ce que tu as fait ? »
« Laisse-moi retourner dans l’eau. »
« Dis-nous d’abord ce qu’on veut savoir. De toute façon on te fera parler. » Ma mère la menace ouvertement.
« C’est pas en la menaçant qu’on va la persuader de coopérer. » Blanche tente de raisonner.
« J’ai une soudaine envie de poisson grillé. »
Comme je sens venir une dispute à laquelle je n’ai pas franchement envie de participer, je fais appel à mon pouvoir et espère que le reflet de Morrighan sera suffisant pour inquiéter la sirène. Je m’approche de la créature et lui susurre à l’oreille.
« Je ne vais pas pouvoir les retenir très longtemps. Dis-moi ce que c’était et je te renvoie à l’eau immédiatement. »
« Je n’ai fait qu’utiliser vos méthodes, je distille la discorde et récolte la guerre. »
« Vous avez tort je ne suis pas comme ça. » Je réplique entre mes dents.
« Alors vous n’avez rien à craindre du Chant de la Discorde ? »
« Arrête cette tempête et on te laissera partir. »
Soudain, l'épée de David se retrouve sous la gorge de la sirène qui sourit simplement, comme si c’était ce qu’elle voulait. Quand elle hoche la tête négativement, David place l’épée plus précisément sur le cou de la créature, l’empoignant fermement.
« Non ! » Emma essaie de le retenir mais ma mère l’en empêche.
« J’aime mieux ça. Découpez-la-moi en filet. » C’est là que David semble voir quelque chose dans le regard de Blanche parce qu’il se rétracte.
« Non. Nous ne sommes pas des barbares ! »
« Ce qu’on va bientôt être c’est morts ! » Ma mère leur fait remarquer.
« Attends, je vais essayer de l’éviter ! » Crochet propose alors à travers le chaos. « Au cours de ma carrière de pirate, j’ai échappé à bien des tempêtes ! »
« Arrête ça tout de suite ou je te tue. » Ma mère s’approche de la sirène.
« On n’est pas des assassins ! »
« Si vous l’êtes et c’est ce qui causera votre perte. » La sirène les encourage dans leur dispute.
« J’en étais sûre, il faut la relâcher ! »
« Cette dégoulinade de bons sentiments ça marchait peut-être dans la Forêt Enchantée, mais pas ici ! Ici, c’est le Pays Imaginaire. » Ma mère lui rappelle un peu inutilement.
Le bateau tangue dangereusement et Crochet ne semble plus avoir autant de contrôle sur lui qu’auparavant. Le navire prend l’eau, la tempête est trop forte. Et la seule chose qui pourrait la calmer, serait d’apaiser tout le monde. Mais allez arrêter une dispute entre Blanche-Neige et la Méchante Reine. Plus facile à dire qu’à faire.
« Vous m’autorisez à réduire cette pimbêche en cendre ? »
« Non ! » Blanche et David protestent d’une même voix.
« Si vous la tuez, tout son peuple nous vouera une haine viscérale. »
« La Reine a raison, elles ont déjà essayer de nous tuer une fois ! » Crochet intervient pour soutenir ma mère.
« Stop ! » C’est pourtant le cri d’Emma qui me sort de ma contemplation. « Ça suffit, il faut qu’on en discute, qu’on réfléchisse ensemble ! »
« J’ai déjà bien assez réfléchi. »
Je ne m’attendais pas à ce que ma mère use de magie à cet instant. Je la vois exécuter un geste de la main et la sirène se change instantanément en statue.
« Voilà, cette fois la tempête devrait s’arrêter. »
« Regina ! Qu’est-ce que vous avez fait ? »
« Non ! »
Loin de s’être calmée, la tempête semble encore plus déchaînée. Droit devant, une immense vague s’est formée, haute d’une bonne quinzaine de mètres. Je doute qu’on en ressorte indemnes. Mais il n’y a rien à faire, le bateau avance résolument en direction de ce mur d’eau. On se retrouve trempés en quelques secondes, il faut trouver un truc pour ne pas se noyer.
Emma tente d’aider Crochet à maintenir la barre histoire d’échapper au pire des dégâts. Je ne crois pas que ma magie serait utile dans un cas comme celui-là, ce sort auquel on est confronté est beaucoup trop puissant.
« Je croyais que vous saviez échapper à une tempête ? »
« Oui mais ça ce n’est pas une tempête, c’est une damnation. »
Je vois au loin la dispute entre Blanche et ma mère reprendre de plus belle, elles vont jusqu’à en venir aux mains. A chaque coup de poing, un éclair zèbre le ciel. Certains viennent même frapper le mât du bateau. Si elles continuent comme ça, on va finir avec un navire en feu.
David tente de les séparer mais Crochet l’en empêche. C’est là qu’une autre bagarre entre Crochet et David se lance. Emma se retrouve seule à maintenir un semblant de cap alors je vais me téléporter juste à côté d’elle pour lui donner un coup de main.
« Ok alors, on a un gros problème. » Je commence, le souffle déjà court à cause de l’effort.
« Non, sérieusement tu crois ? »
« Autre que la tempête je veux dire, elle n’est qu’une cause pas un effet. »
« Tu peux traduire plus simplement ? » Emma ne semble pas d’humeur pour une jolie prose.
« C’est parce qu’ils se disputent qu’il y a cette tempête. Le Chant de la Discorde, c’est ça le maléfice que la sirène a lancé. »
« C’est de ça dont tu lui parlais quand vous vous tapiez la discute tout à l’heure ? »
« Tu étais là comme moi, tu as tout entendu non ? »
« Oui, je t’ai entendu parler une autre langue. »
« Je ne me rendais compte de rien, je t’expliquerai plus tard peut-être. » Je tente d’éluder le sujet. « Une idée pour qu’ils arrêtent de se battre ? »
« J’en ai bien une oui. » Sans rien dire de plus, elle se contente de lâcher la barre et grimpe sur la rambarde du bateau pour tenter d’avoir l’attention du groupe.
« Pas la meilleure idée du siècle Emma ! » Je lui fais remarquer, ayant du mal à tenir le cap toute seule.
Surtout que personne ne réagit vraiment. Elle a beau les invectiver un par un, rien ne marche. Ils continuent résolument de se battre. Au bout d’un moment, Emma abandonne mais je vois bien qu’une autre idée lui est venue.
« Qu’est-ce que tu as en tête ? » Je lui demande d’une voix forte pour couvrir le bruit du vent.
« Une idée complètement stupide. »
« Oui, sûrement, alors laisse tomber ! »
« Je crois que ça peut marcher ! » Emma réplique. « Dans le pire des cas, tu viendras me repêcher. »
« Quoi ? Emma ! »
Mon cri, plus le plongeon de leur fille, aura au moins eu le mérite d’attirer l’attention des Charmants qui se ruent en direction du plongeoir improvisé d’Emma. Ma mère est à leur côté en un clin d’œil. Instinctivement, je lâche la barre pour les rejoindre. On a beau scruter la surface de l’eau, rien ne vient. Je me doute qu’au vue de l’agitation de la mer, Emma a peu de chance de pouvoir remonter à la surface. Quelle idiote ! Qu’est-ce qu’elle voulait que je fasse exactement ? Je ne peux pas utiliser la magie pour la sortir de là, ce serait beaucoup trop dangereux.
« Regina, ramenez-la à bord ! » Blanche exige.
« Je ne peux pas ! Je ne vois même pas où elle est ! » Ma mère explique alors ce que moi je sais déjà. « Je ne ramènerai que de l’eau et la moitié de sa jambe. »
« David ! » J’attire l’attention du prince sur moi. « Attachez-vous à une corde et plongez la chercher, on vous ramènera à bord ensuite ! »
Évidemment, David n’hésite pas et, une fois harnaché, il plonge résolument à la recherche de sa fille. On guette avec inquiétude le moindre signe qu’il puisse avoir besoin de nous. Et puis, on le voit remonter à la surface avec Emma dans ses bras.
« Il l’a attrapé, remontez-les ! » Crochet nous invective et on s’exécute.
Ce serait encore une fois trop dangereux de les remonter avec la magie. Il faudrait une concentration extrême pour pouvoir le faire à un rythme assez régulier. Allez trop vite et le gars à l’autre bout de la corde se pète la colonne vertébrale. Alors on se contente de tirer à mains nues.
« Vous pouvez lâcher. » Crochet nous dit alors et je vois qu’il se sert à présent d’un système à poulies.
Ça va beaucoup plus vite d’un coup et David se retrouve à bord au bout de quelques secondes. Blanche vient immédiatement l’aider à hisser Emma sur le pont et l’allonger le temps qu’elle reprenne connaissance. Rien ne se passe pendant un temps, nous laissant presque penser qu’elle est morte, quand soudain elle se met à tousser, recrachant de l’eau. Au moins, elle respire encore.
« Je vous l’avais dit. » Emma murmure en regardant le ciel et c’est vrai, la tempête s’est calmée.
« Franchement la prochaine si tu trouves un plan stupide, c’est qu’il l’est alors ne le fais pas ! » Je me retrouve à être le moralisateur.
***
Finalement, on met le pied à terre sans plus d’encombre. Le voyage a été périlleux mais l’arrivée se fait dans le silence le plus complet. La jungle qui nous fait face est calme, beaucoup trop calme et il semble y faire très sombre.
« On n’est pas obligé de procéder de cette façon. » Ma mère poursuit la discussion précédente. « Je peux réparer le navire, ma magie est suffisamment puissante pour ça. On pourra mettre le plan de Crochet à exécution. »
« Une attaque surprise ? Soyons pas naïfs. » Emma ne semble pas beaucoup croire en ce fameux plan. « Mais votre magie va vite nous servir parce que Peter Pan sait déjà qu’on est là alors ça ne sert plus à rien de se précipiter. » Elle semble résolue à poursuivre sa tirade. « Gold avait raison, cette île ne se dévoile que si on y croit. Mais on était tous beaucoup trop occupés à nous étriper pour vraiment croire en quoi que ce soit. » Face au silence obstiné de son auditoire, elle se voit contrainte de continuer. « Ça vaut aussi pour moi, je prétend pas avoir fait mieux que les autres mais c’est le moment de commencer à croire. Pas en la magie mais en chacun d’entre nous.
« Vous voulez qu’on devienne amis ? » C’est tout ce que ma mère semble retirer de ce discours et elle ne semble pas convaincue. « Après tout ce qu’on s’est infligé les uns aux autres ? »
« Non, j’ai pas dit ça. Je sais qu’entre nous il y a des tensions, voire de la haine. »
« C’est faux, il arrive même que vous me plaisiez. » Crochet choisit ce moment pour glisser un peu de drague. « Du moins quand vous ne hurlez pas. »
« On n’a pas besoin de devenir amis. » Emma ne relève même pas la remarque du capitaine. « Mais il y a qu’un seul moyen de retrouver Henry et c’est de faire l’effort de coopérer. »
« Quoi, avec elle et avec ce type ? » David demande en désignant ma mère puis Crochet. « Non, je ne suis pas d’accord. On doit faire les choses dans les règles. »
« Non, pas forcément. Tout ce qui compte, c’est qu’on réussisse et c’est pour ça qu’il va falloir qu’on assume ce qu’on est : un héros, une méchante ou bien un pirate. Il n’y a pas de bien ou de mal, on aura besoin des compétences de chacun, qu’on les approuve ou pas. »
« Et vous c’est quoi votre compétence ? Sauveuse ? » Ma mère demande avec sarcasme.
« Je suis une mère. » Emma lui répond d’un ton catégorique. « Et je suis la meneuse de ce groupe alors soit vous m’aidez à sauver mon fils, soit vous vous écartez de mon chemin ! »
« Oui chef. »
Mon sarcasme semble beaucoup mieux marcher que celui de ma mère, ou c’est peut-être parce que j’étais un minimum sérieuse en disant cela. J'emboite immédiatement le pas d’Emma, ne prêtant pas attention aux autres. Ils nous suivront je n’en doute pas, pas même en ce qui concerne ma mère.
***
« En effet, jolie vue. » J’admets une fois qu’on a atteint le sommet de cette fameuse crête.
« Maintenant on devrait voir le repère de Peter. » Crochet vient se placer juste à côté de moi.
« Où ça ? Tout ce que je vois moi, c’est la jungle. »
« Oui, la Jungle Noire. » Le Capitaine sort une longue-vue d’une des poches de son manteau mais ça ne semble pas l’aider plus que cela. « Elle a quelque peu poussé depuis que j’ai quitté l’île. »
« Cette balade ne nous aura donc servi à rien. »
« Crochet a peut-être perdu le nord mais c’est un bon point de départ pour aller fouiller la jungle. » David nous fait relativiser.
« Mauvaise idée, c’est le dernier endroit où il faut aller s’aventurer. Nous devons la contourner et pour ça nous aurons besoin de toutes nos forces. Je suggère qu’on campe ici. »
« Tu veux te reposer alors que mon fils est là, en train de souffrir ? » Ma mère réplique.
« Si tu veux vivre assez longtemps pour le sauver, oui. »
***
J’ai l’impression de n’avoir dormi qu’une minute quand je suis brusquement tirée de mon sommeil. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre, c’est les pleurs. Des pleurs et des cris d’enfants. Je me lève immédiatement et empoigne mon épée. Oui parce que j’ai eu le temps de l’empaqueter avant de partir de Storybrooke. Donc ce n’est pas vraiment mon arme mais je trouvais dommage de laisser l’épée de Mulan reposer sous verre alors qu’elle pourrait vivre des aventures.
« Tu les entends aussi ? » La voix d’Emma à quelques centimètres de moi me fait sursauter.
« Oui, qu’est-ce que c’est tu crois ? »
« Je ne sais pas, viens. »
Elle avance prudemment vers la forêt et je la suis. Même si on est extrêmement silencieuses, on n’entend pas le jeune garçon avant qu’il ne s’annonce.
« Alors vous les entendez toutes les deux ? » Il est très jeune, pas plus de quatorze ou quinze ans, mais il a beaucoup d’aplomb. « C’est toi Emma, c’est ça ? » Il demande en regardant la blonde. « Et toi, Morgane. » Je ne sais pas comment il connaît nos noms mais il ne semble pas prêt à le dire. « Comment se fait-il qu’ils n’entendent pas les pleurs ? » Il demande en regardant brièvement en direction du campement.
« Qui es-tu ? » Emma demande enfin mais la réponse me paraît presque évidente.
« Oh, j’ai oublié de me présenter ? Je suis Peter, Peter Pan. »
Quand j’en ai enfin la confirmation, je réagis en même temps qu’Emma. Elle va plaquer le jeune garçon contre arbre, maintenant son épée sous le cou de Peter Pan et je le garde fermement attaché avec des lianes. Oui, j’ai appris deux ou trois trucs de ma mère ces dernières semaines.
« Où est Henry ? »
« Tu as de la fougue. » Peter constate, imperturbable. « Et ça me plaît. »
« Dis-moi où est mon fils. »
« Il est vivant, si c’est ce que tu me demandes.
« Pourquoi tu l’as enlevé ? » Emma insiste.
« C’est un garçon à part Emma. »
« Ça je le sais mais tu ne réponds pas à ma question. Qu’est-ce que tu lui veux ? »
« J’étais venu pour voir à qui j’avais à faire. » Peter ne répond toujours pas. « La Sauveuse, et je dois admettre que je ne suis pas déçu. »
« Où tu veux en venir, tu vas m’expliquer que je reverrai jamais Henry ? »
« Non, je vais plutôt t’aider à le retrouver. » Peter propose et je vois qu’Emma est à peu près aussi convaincue que moi. « Je vais te donner une carte. » Cela semble être suffisant pour que la blonde retire sa lame de la gorge de Peter. Je me rends compte que je n’ai jamais rompu mes lianes magiques et pourtant il parvient sans mal à mettre sa main dans sa poche. « Ce parchemin te mènera tout droit à ton fils. » Peter explique en choisissant d’ignorer l’épée qui pointe toujours son torse, il va même s’y coller.
« Tu cherches à me piéger, n’est-ce pas ? »
« Je ne suis peut-être pas le garçon le plus sage de l’île mais je tiens toujours mes promesses. Le chemin qui te mènera à Henry est écrit sur ce parchemin. »
« Pourquoi tu veux m’aider ? » Emma cherche à savoir en baissant son arme.
« Que tu retrouves Henry c’est une chose, comment tu feras ça c’est plus important. Et attention, tu es la seule qui peut y arriver. »
Même si elle n’a toujours pas l’air convaincue, Emma se saisit tout de même du bout de papier plié et l’ouvre. Elle jette un coup d’œil avant de reconcentrer son attention sur Peter.
« C’est une blague ? »
« La carte apparaîtra à partir du moment où tu arrêteras enfin de nier qui tu es. »
Il disparaît avant qu’elle n’ait pu ajouter quoi que ce soit. Je suis encore un peu sous le choc de ces informations. Pourquoi il nous aiderait si c’est bien lui qui a kidnappé Henry ? Pourquoi offrir une aide aussi peu utile ?
***
« Il aime ce genre de jeu. » Crochet fait remarquer.
Tout le monde s’est finalement réveillé mais on n’a pas avancé. La carte n’est toujours pas lisible malgré les heures qu’Emma a passé agenouillée devant. Elle se tient à présent la tête entre les mains, comme si elle était devenue beaucoup plus lourde à porter à force de réfléchir.
« De quel jeu tu parles ? » Ma mère demande, clairement remontée. « Tu vois quelque chose là-dessus ? »
« S’il dit qu’il y a un plan sur ce parchemin c’est qu’il y est. »
« Chouette et il faut que j’arrête de nier qui je suis, si ça veut dire quelque chose, pour être capable de lire ce truc. » Emma réexplique une dernière fois, espérant peut-être que la réponse nous tombe dessus.
« Et si Peter Pan se servait de cette carte pour nous tendre un piège ? » Ma mère nous met face à une possibilité.
« A quoi ça l’avancerait ? L’île toute entière est un piège infernal. »
« Aucune trace de lui nulle part. » Les Charmants reviennent alors de leur patrouille des environs.
« Ça donne quoi la carte ? »
« On n’en tirera rien ! » Ma mère s’exclame en retour.
« Qu’est-ce que vous insinuez par là ? »
« Vous ne voyez pas ce qu’il fait ? Chaque seconde qu’on perd à parler de ce parchemin c’est une seconde où on ne cherche pas mon fils ! »
« Vous avez une autre idée ? » Emma demande, les yeux toujours rivés sur le parchemin.
« La magie. Si un sort protège cette carte, je peux l’annuler. » Ma mère approche alors sa main du papier mais Emma plaque sa main dessus.
« Personne n’y touche à part moi. »
« A ta place j’écouterai Emma. » Crochet lui conseille. « Il vaut mieux suivre les règles de Peter. »
« J’avoue que je suis d’accord avec le pirate. » David le soutient.
« Tu vas finir par m’aimer, tu verras. »
« Surtout que votre magie est assez radicale en général. » Blanche fait remarquer à ma mère.
« Entre vos mains elles pourraient exploser et nous tous avec. »
« Je suis prête à courir ce risque. »
« Pas moi. » Emma réplique en se relevant. « S’il n’y a que moi qui peut lire la carte, je dois faire ce que Peter a dit. »
« Génial. » Ma mère marmonne entre ses dents.
« Elle va y arriver. »
Emma semble assez résolue. Après avoir parlé un peu avec sa mère, la blonde va s’asseoir sur une pierre et prend le parchemin en main. Elle tente une première chose.
« Je m’appelle Emma Swan. »
« Ça me paraît un peu trop évident. » Je lui fais remarquer.
« Connaissant Peter la solution de son énigme doit être un peu plus compliqué que ça. »
« Dis tout ce qui te passe par la tête. » Blanche propose à Emma.
« Je suis la mère d’Henry, avant je vivais à Boston et j’étais garante de caution. Et maintenant je suis le shérif de Storybrooke. »
« Votre élection était bidon ! » Ma mère s’exclame soudainement. « Vous vous êtes vus, mais qu’est-ce qu’on fait là ? »
« Peut-être que tu as… je ne sais pas, oublié de dire quelque chose ? »
« Je suis la fille de Blanche-Neige et du Prince Charmant. » Emma avoue enfin et elle n’a toujours pas l’air d’avoir accepté cette idée . « Ce qui fait que je suis apparemment le fruit d’un grand amour. J’ai été mise au monde dans la Forêt Enchantée, un arbre m’a servi de porte pour m’envoyer ailleurs parce que plus tard je devais rompre une malédiction. »
« Tu ne vas pas lui relire le livre en entier tant que tu y es ? » Je la coupe brusquement, impatiente qu’elle en vienne au fait.
« Tu as réussi à le faire parce que... » David essaie de lui faire dire le fameux mot mais Emma n’a pas l’air convaincue.
« Aller, Emma ne soit pas gênée de le dire. »
« Dire quoi ? » Crochet semble perdu.
« Le mot avec un grand S. » Ma mère lui explique alors.
« Je suis la Sauveuse. » Emma finit par dire après plusieurs secondes d’hésitation et tout le monde semble penser que ça va fonctionner, moi incluse, mais rien. « Ça aurait dû marcher parce que s’il y a quelque chose je nie, c’est bien ça. »
« T’inquiète pas, on va trouver. »
« Non vous ne trouverez pas ! » Ma mère perd à nouveau patience et s’empare du parchemin.
« Attends, maman. »
« Pas maintenant Morgane. »
« J’ai une dernière idée. » J’insiste. « Si ça ne marche pas alors bien, tu feras ce que tu veux de ce bout de papier. »
« Je voulais simplement lui jeter un sort de localisation. »
« Oh. » Je ne m’attendais clairement pas à ça. « Si ce n’est que ça alors très bien. »
« Qu’est-ce que tu croyais que j’allais en faire ? »
« Je ne sais pas, le brûler ou quelque chose. »
« Ce serait complètement stupide ! » Ma mère me fait remarquer.
« C’est vrai. »
« Bon très bien. » Crochet intervient. « Et ce sortilège alors ? »
Ma mère applique sa magie sur le parchemin qui se met à briller intensément. Il lévite lentement avant de s’envoler vers les bois.
« On dirait bien que finalement, nous allons nous aventurer dans la Jungle Noire. »
« Autrement dit l’endroit où il ne fallait surtout pas aller. » Emma se souvient.
« Tout à fait. »
« Alors Emma. » Ma mère s’approche lentement de la blonde. « Vous vouliez nous guider je crois. Allez-y. »
***
« Alors, qu’est-ce qu’il se passe avec la Sauveuse ? » Je demande discrètement à ma mère alors que les autres prennent légèrement de l’avance.
« Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. »
« Oh vraiment ? Les regards, l’inquiétude quand elle est tombée à l’eau en pleine mer... »
« Henry ne me l’aurait jamais pardonné s’il lui était arrivé quoi que ce soit. » Ma mère me coupe d’une voix sèche.
« Admettons, je vais faire semblant de te croire. »
« Je n’apprécie pas grandement ton attitude, jeune fille. » Ma mère réplique en accélérant le pas.
« C’est parce que tu sais que j’ai des doutes et qu’ils sont valides. »
Je rattrape le reste du groupe rapidement, histoire de ne pas me faire distancer. Même avec Morrighan, je ne suis pas sûre de pouvoir tenir seule ici indéfiniment. De plus, Pan ne semblait pas réellement affecté par ma magie alors je ne suis sûre de rien avec lui.
Après plusieurs minutes, le groupe s’arrête en même temps que le parchemin. Ma mère confirme la présence de Peter Pan et même moi je peux sentir les relents magiques. Mais sur cette île, ils sont quasiment omniprésents.
« J’ai comme l’impression qu’il nous attendait pas si tôt. » David dit alors qu’il s’est avancé le premier et on s’empresse de le rejoindre.
On n’a beau avancé, descendre le long du chemin, on se rend bien vite compte que le campement au loin est vide.
« Il n’y a personne. » Blanche constate à voix haute. « Peut-être que votre sort n’a pas marché Regina. »
« C’est ça, c’est ma faute… encore. »
« Hey, regardez. » Emma attire notre attention un peu plus loin.
A quelques mètres de là, un jeune garçon qui porte une veste ressemblant énormément à celle d’Henry. Et c’est immédiatement ce que croit Emma sauf que, quand le garçon se retourne, il est clair qu’il s’agit de Peter Pan.
« Salut Emma. »
« Dis-moi où est Henry. »
« Tu n’as pas respecté les règles. » Pan lui fait remarquer en faisant les cent pas. « Ça n’est pas correct. Pas gentil. J’attendais mieux de ta part Capitaine. »
« Ne t’inquiète pas, tu seras servi. »
« Rends-moi Henry maintenant ! » Emma exige avec aplomb.
« Désolé, je peux pas. On te l’a pas dit ? Les tricheurs ne gagnent jamais. »
Quand il dit ça, une troupe de garçons le rejoint, tous armés d’un arc. Ils ont allumé des torches qui éclairent vaguement les environs et ils portent des capuchons. Certains sont armés de lances et ils nous ont bientôt encerclés.
« Méfiez-vous de leurs flèches. » Crochet nous met en garde. « Elles sont empoisonnées. »
Le combat fait rage pendant quelques minutes. Je ne sais pas vraiment qui j’attaque, en vrai je m’en fiche. Je ne fais que me défendre. Et ça me rappelle grandement l’époque dans la Forêt, à combattre les soldats de la Reine. Des hommes sans visages et c’était plus simple comme ça. Là, c’est une bande de gamin mais tous passent dans un flou qui arrange bien mes affaires. Je ne vois pas leurs têtes, ils ne me hanteront pas. Peut-être que les autres cherchent à ne pas les blesser, je cherche juste à rester en vie et je me fiche de qui est blessé dans le processus. Je me fiche même de savoir s’ils survivront.
Tous à coup, alors que j’étais aux prises avec deux d’entre eux, un sifflement retentit et ils se figent. Avant qu’on ne puisse réagir, ils s’enfuient tous dans la jungle, abandonnant leur position et se regroupant derrière Pan.
« Rappelle-toi ce que je t’ai dit. » Pan déclare à l’attention d’Emma. « La carte te montrera où est ton fils seulement quand tu arrêteras de nier qui tu es. Je passerais ton bonjour au petit Henry. » Il nargue une dernière fois avant de s’éloigner.
Tous les autres garçons le suivent précipitamment et il ne faut pas longtemps avant qu’il n’y ait plus personne dans les environs. La jungle est à nouveau calme et sombre.
***
On a finalement trouvé un endroit où se poser le temps qu’Emma déchiffre son énigme. Je la vois un peu plus loin, seule adossée contre un arbre et les yeux rivés sur le parchemin. Depuis le temps, l’idée que j’avais en tête s’est bien développée et au final je doute de me tromper. Alors je m’approche de la blonde pour lui soumettre cette même idée.
« Tu sais, j’ai réfléchi. » Je dis pour m’annoncer et elle relève la tête dans ma direction. « J’ai bien une idée de ce que pourrait être la réponse. »
« Vraiment ? »
« Oui, et ça a un lien avec le moment où il te l’a donné. » Je commence mon explication, ne me doutant pas que tous les autres nous prêtent attention. « On a entendu des cris et des pleurs venant de la jungle, c’est ce qui nous a réveillés. »
« Vous avez entendu quoi ? » Ma mère s’enquit.
« Je me doute que personne d’autre ne les a entendus, il y a une raison. Au début, je ne croyais pas que c’était important parce que c’est à toi qu’il a donné ce parchemin. Je pensais qu’il te fallait simplement admettre être la sauveuse. »
« J’ai essayé et ça n’a pas marché. » Emma me rappelle.
« Je sais, c’est là que la solution s’est imposée à moi. Les cris, les pleurs, ce sont ceux des Enfants Perdus. »
« Et donc, quel rapport avec nous ? »
« Nous sommes comme eux, Emma. » Je lui explique. « Toi et moi, comme eux, on est des orphelines. »
« Comment ça orpheline ? Ta mère est juste là ! » Emma s’enquit avec un geste en direction de ma mère.
« C’est vrai, aujourd’hui j’ai le bonheur d’avoir une famille mais ça n’a pas toujours été le cas. » Je lui explique, réalisant qu’elle n’a pas percuté que j’étais techniquement adoptée. « J’ai grandi quinze ans sans parents, en pensant qu’ils m’avaient abandonné. Parfois, j’y pense encore et j’ai du mal à croire que quelqu’un puisse choisirde m’aimer. Au fond, je me sens toujours un peu orpheline, même si j’ai une mère. Et c’est ton cas aussi, Emma, alors arrête de le nier. »
Je m’éloigne, histoire de lui laisser le temps d’y réfléchir, et surtout aussi, histoire de laisser les Charmants parler à leur fille. Rapidement, ma mère me rejoint et pose sa main sur mon bras.
« Morgane... »
« Je vais bien. »
« Non, ce n’est pas vrai. » Elle lit en moi comme dans un livre ouvert. « Je t’ai entendu tout à l’heure. »
« Je ne veux pas paraître… ingrate ou quoi que ce soit. Mais parfois, je me souviens simplement que je ne valais pas plus que d’être abandonnée dans la forêt et j’ai peur que ça se reproduise. J’ai peur que tu te rendes compte que je n’en vaux pas la peine. »
« C’est faux ! » Ma mère proteste d’une voix un peu plus forte. « J’ai une chance immense de t’avoir dans ma vie et je ne suis pas prête de la gâcher. Alors ne doute pas de moi. »
« La carte est apparue, on sait où il est ! » Emma s’exclame alors en s’approchant précipitamment de nous.
« Où il est ? »
« On est là, à la pointe sud de l’île au milieu de la Jungle Noire » Crochet commence en s’emparant de la carte. « Le camp de Peter est plein nord à l’opposé. »
« Et c’est là où est Henry. »
« Bon alors, qu’est-ce qu’on attend ? » Ma mère s’impatiente.
« Eh bien nous sommes sur un terrain bien loin d’être conquis et nous allons sans doute croiser de nombreuses embûches en cours de route. »
« On doit se préparer. » David comprend alors. « Si on s’en est sorti cette fois, c’est parce que Peter l’a voulu. Il nous faut un plan d’action. »
« Oui, finit de jouer à son jeu maintenant c’est lui qui va jouer au nôtre. »
« Et si je ne veux pas vous suivre ? »
Je ne m’attendais clairement pas à ça venant de ma mère et le reste du groupe semble aussi surpris que moi.
« Ensemble nous avons plus de chance de réussir. » Emma lui fait remarquer.
« J’espère que vous avez raison. »
Comme ma mère s’éloigne finalement, le reste du groupe se sépare aussi. Enfin, Blanche et David rejoignent leur tente et je me retrouve seule avec Emma… et Crochet.
« Rien de tel que la patience. » Celui-ci prend la parole en fouillant dans sa poche. « Et rien de tel pour déjouer les vilains garnements. » Il débouche alors sa flasque et la tend à Emma qui refuse.
« C’est avec le rhum que vous réglez tout ? »
« Mais dites-moi vous êtes bien indiscrète. » Crochet rétorque en prenant une gorgée.
« Je ne vois vraiment pas pourquoi je m’inflige ça. » Je secoue la tête avec dans l’idée d’aller rejoindre ma mère mais le Capitaine m’interpelle pointant sa flasque dans ma direction.
« Vous n’allez pas lui donner de l’alcool, ce n’est qu’une gamine ! »
« Crois-moi Emma, je n’ai pas attendu d’avoir ta permission pour connaître mes premières beuveries. » Je dis à l’attention de la blonde même si mon regard est fixé sur Crochet et son sourire satisfait.
« Voilà qui est intéressant, nous aurons sans doute tout le temps nécessaire pour nous amuser une fois rentrés à Storybrooke. » Quand il dit ça, je le vois approcher sa main de mon visage mais je m’en saisis rapidement.
« Seulement si vous voulez perdre la dernière main qu’il vous reste. » Je le menace les dents serrées.
Sans rien ajouter, je m’éloigne finalement et pars m’isoler. Je me doute que l’aventure est loin d’être terminée alors je vais me coucher. Autant prendre du repos tant que je le peux.
***
Non content de nous faire crapahuter dans une jungle sauvage et sombre, Pan semble également d’humeur à nous jouer des tours. Le campement, qui n’était plus qu’à quelques centaines de mètres devant nous, se retrouve maintenant bien loin derrière, semblant s’être déplacé comme par magie. Du coup, on a décidé de ne pas continuer à avancer vainement.
Crochet a proposé d’aller quérir l’aide d’une fée, Clochette. Ma mère n’a pas l’air convaincu mais, comme on n’a pas d’autre plan plus précis en tête, elle est finalement obligée d’accepter.
On marche depuis plusieurs minutes déjà mais par cette chaleur ça aurait pu être des heures. Je ferme la marche, profitant du calme et surtout, j’évite Crochet qui lui est en tête du groupe. Ma mère est à quelques mètres devant moi mais je ne fais rien pour accélérer le pas. Je doute de les perdre à cette distance. De plus, je finis par les rattraper sans problème quand ma mère engage une discussion avec Emma.
« Non, je ne parle pas de mes pouvoirs, je parle de nous deux. »
« C’est hors de question. » Emma l’interrompt d’une voix un peu plus forte. « Quand on fait appel à la magie, il y a toujours un prix à payer. »
« Oui mais ne pas avoir recours à la magie coûte parfois plus cher encore. Je suis persuadée qu’en unissant nos pouvoirs, nous serions assez puissantes pour vaincre Peter. » Ma mère tente de la convaincre.
« Et si on ne l’est pas ? Je ne peux pas prendre ce risque, vous comprenez ? C’est la vie d’Henry qui est en jeu. »
« J’en suis bien consciente »
« Écoutez, je sais que vous désapprouvez notre plan d’attaque. » Emma n’en démord pas, surtout que Blanche vient se joindre au petit groupe. « Mais laissez-nous au moins essayer, voir si on peut trouver… cette Fée Clochette. »
« Vous trouvez que c’est une bonne idée parce qu’elle vient de votre petit copain ? »
« Mon petit copain ? Crochet ? »
« Alors là, c’est petit même pour toi maman. » Je ne peux empêcher un éclat de rire de m’échapper. « Tu perdrais tout mon respect si tu te laissais avoir par Capitaine Cuir-Moustache. » J’ajoute en m’éloignant de la petite troupe. « On a encore du chemin mesdames alors ne tardons pas. »
***
Le voyage semble interminable et l’air est lourd, ce qui m’empêche de respirer normalement. Je suis toujours à la traîne mais vraiment plus par choix que par défaut physique. J’ai l’habitude des longs périples en forêt mais généralement, c’est respirable et à une température supportable. Storybrooke me manque, je me suis définitivement trop habituée à l’air marin.
Quelques mètres avant, je vois ma mère s’arrêter et Emma la rejoindre. Je ralentis pour leur laisser un peu de temps mais je me tiens prête à intervenir au cas où. Elles ont encore du mal à se parler civilement alors mieux vaut les garder à l’œil.
« Mais je sais que si elle me voit, elle ne vous aidera pas. » J’entends ma mère dire quand je m’approche enfin. « Alors si elle est réellement notre seul moyen de localiser le campement, croyez-moi. Nous mettre face à face elle et moi n’est pas dans l’intérêt de l’Opération Henry. »
« L’Opération Henry ? » Je dis pour m’annoncer et elles se tournent toutes les deux vers moi. « Cette opération a un nom et je ne suis même pas au courant ? » Mon indignation est complètement fausse et je sais que ma mère l’a comprise quand je la vois sourire légèrement.
« Oui, c’est comme ça que je l’appelle dans ma tête parce que... »
« C’est comme ça qu’il l’aurait appelé. » Emma termine pour elle.
« Nan, il aurait trouvé un meilleur nom genre ‘Opération Dragon’ ou une connerie du genre. »
« Sûrement oui, mais c’est tout ce que j’ai trouvé. »
« D’accord. » Emma soupire légèrement avant de reprendre. « On la trouve et on revient vous chercher. »
« Non, ce n’est pas la peine. Il vaut sûrement mieux qu’on ne se revoit jamais. »
« Sérieusement, qu’est-ce que tu lui as fait ? Tu ne lui as quand même pas arraché ses ailes, non ? »
« Et si vous n’arrivez pas à la localiser. » Ma mère poursuit, ignorant totalement mon sarcasme. « Continuez quand même, jusqu’à ce que vous retrouviez Henry. Ne vous en faites pas pour cette Fée Clochette.
« Qu’est-ce que vous lui avez fait ? » Emma insiste pour savoir, aussi curieuse que moi.
« Ce que je fais toujours. » Cela semble suffire à Emma qui commence à s’éloigner avant de se tourner vers moi.
« Tu ne viens pas ? »
« Je reste là pour essayer de la convaincre qu’elle fait une bêtise. » J’explique avec un geste de la tête en direction de ma mère. « Je vous rejoindrai, ne t’inquiète pas pour moi. »
« Ok, soyez prudentes. »
« Tu n’étais pas obligée de rester, tu sais ? » Ma mère me fait remarquer quand Emma est définitivement partie. « Je peux me débrouiller toute seule. »
« C’est vrai, mais tu me laisserais vraiment seule avec le Clan Charmant et le pirate alcoolique ? Sérieusement, je fais ça pour moi, pas pour toi. » Je poursuis avec un trait d’humour en m’installant à côté d’elle. « Ça va faire plusieurs heures qu’on est suivis, ce ne serait pas prudent de te laisser seule maintenant. »
« Alors tu l’as senti aussi ? » Elle demande et j’acquiesce brièvement. « C’est pour ça que tu étais à la traîne ? »
« Entre autres. »
« Tu comptes m’expliquer ? »
« Non. » Je me contente de dire en me relevant. « Allez, montre-toi qu’on en finisse ! » Je dis d’une voix forte à l’attention de la personne qui nous suivait jusqu’à présent.
Une femme sort des fourrées. Ses cheveux sont blonds et relevés en un chignon qui devait être plus élaboré à une époque. Ses vêtements semblent usés et en haillons mais ce qui m’interpelle le plus, c’est le couteau qu’elle tient en main.
« C’est un peu compliqué entre elle et moi ? » Celle que je devine être Clochette est complètement fixée sur ma mère. Elle semble aussi avoir entendu la conversation avec Emma. « Tu as une manière très diplomate de présenter les choses. »
« Tu n’es plus que l’ombre de toi-même. » Ma mère remarque après quelques secondes à détailler la fée.
« Tu essaies de me provoquer ? »
« Vas-y, viens me chercher Clochette. »
« Non ! » J’interviens alors d’une voix forte en invoquant une boule de feu au creux de ma main. « Je vous ferais griller les ailes si vous l’approchez. »
« Tu t’es trouvé un nouveau jouet Regina ? »
« Non, c’est... »
« Ce que je suis n’a aucune importance. » Je coupe ma mère sans égard. Je veux en finir avec cette conversation. « On a besoin de votre aide, Clochette, alors vous allez nous suivre bien gentiment. »
« Tes amis et toi, vous vous croyez très malins. Mais vous allez échouer, tous autant que vous êtes ! »
Je vois alors Clochette souffler une poignée de poudre brillante en direction de ma mère qui s’évanouit sur le champ. Avant que je ne puisse réagir, la Fée lance une substance noire sur moi et je comprends immédiatement de quoi il s’agit.
« De l’encre de seiche, vraiment ? »
« Je doute que la Fleur de Pavot fonctionne sur toi, Morrighan. » Clochette confirme alors que, comme les autres Fées, elle est capable de reconnaître l’essence de ma magie. « Ne t’inquiète pas, les effets s'estompent en quelques minutes. »
« Je sais comment fonctionne cette magie. » Je grogne entre mes dents.
« Tu choisiras peut-être mieux ton camp à l’avenir. »
***
« Morgane, tout va bien ? » J’entends la voix d’Emma quelque part sur ma gauche. Heureusement, les effets de l’encre se dissipent et je peux enfin bouger.
« C’est Clochette, elle nous suivait depuis le début. » J’explique précipitamment. « Elle a enlevé ma mère ! »
« Tu as vu où elles sont parties ? »
« Par là. » J’indique en me lançant déjà dans cette direction.
« Tu ne crois pas qu’on devrait s’arrêter deux secondes et réfléchir ? » Blanche me demande.
« Réfléchir à quoi ? Ce n’est qu’une Fée sans magie, je pense pouvoir m’en occuper sans problème. Là d’où je viens, on mange les insectes dans son genre. »
« Comment tu sais qu’elle n’a plus de magie ? »
« Parce qu’elle a utilisé de la Fleur de Pavot pour endormir ma mère. » J’explique sans ralentir la cadence. « Et de l’encre de seiche sur moi. Les Fées n’ont pas besoin de recourir à cette magie primaire, elles ont de la poudre ou de la poussière. Je crois que, dans les faits, Clochette a perdu son statut officiel de Fée. C’est une bannie. »
« Et ta mère a quelque chose à voir là-dedans ? »
« Sûrement. Attendez. » Je leur fais signe de s’arrêter et j’avance silencieusement jusqu’à ce que je la vois, juste devant moi. « Cochette. Où est ma mère ? »
« Tu crois que tu me fais peur ? »
« Peut-être que tu devrais. »
Les autres viennent de me rejoindre. Emma, David et Crochet ont dégainé leurs armes et Blanche pointe son arc directement sur la Fée. Elle ne s’en sortira pas, pas cette fois. Ses stratagèmes ne fonctionnent plus sur moi.
« Où est Regina ? »
« Qui es-tu ? » Clochette demande à Emma.
« Une mère hyper remontée. Alors, où elle est ? »
« Je suis là ! »
Ma mère arrive à cet instant mais elle n’a même pas le temps de rejoindre le groupe que je me rue déjà dans ses bras. J’avais peur d’avoir à nouveau perdu un membre de ma famille et alors quoi ? Retour à la case départ ? Plus de Morgane et La Fay rejoint son groupe de rebelles ?
« J’ai eu tellement peur. »
« Je vais bien. » Ma mère répond d’une voix forte histoire que tout le groupe l’entende.
« Si vous baissez vos armes pour commencer ? » Clochette a encore le culot d’être outrée alors que c’est elle qui a kidnappé ma mère. « Si vous essayez de me tuer, je vous entraîne avec moi dans la mort. »
« Vous n’avez rien à craindre. » Ma mère affirme en se tournant vers Emma. « Elle ne fera aucun mal alors baissez vos armes. »
« Mais accepte-t-elle de nous aider ? »
« Tiens, regardez qui est là. La reine t’a mis dans ses valises ? Bonjour Crochet. »
« Mademoiselle. » Le Capitaine est le premier à rengainer son arme.
« Ne vous faites pas d’illusion, elle ne nous aidera pas. »
« Pourquoi ? » Emma demande avec impatience.
« Clochette, après tout ce qu’on a traversé tous les deux tu pourrais faire un effort. » Crochet tente de la convaincre avec un de ses regards qui ont dû faire frétiller plus d’une culotte.
« De toute façon, elle n’a plus de pouvoirs magiques. » Je leur rappelle avec dédain. « Elle ne nous sera pas plus utile que votre carte. »
« Elle n’a pas non plus de Poudre de Fée ? » David demande tout de même et j’avoue que cette perspective ne m’avait même pas effleuré l’esprit.
« Elle a même perdu ses ailes. »
« C’est donc vrai ? » Mon regard plonge dans celui de Clochette. « Quand une fée est bannie, on lui arrache ses ailes ? Je croyais que c’était une légende. »
« C’est parce que les gens ne croyaient plus en moi. » Clochette explique alors. « Et même si je voulais vous aider, il est bien trop puissant. »
« Mais tu sais où Peter se trouve. » Blanche comprend immédiatement.
« Évidemment, mais cela ne vous avance pas à grand-chose. »
« Ça, c’est à nous d’en juger. Il a confiance en toi. »
« Tu peux nous faire entrer dans le campement ? » Emma cherche à savoir.
« Peut-être. Mais pourquoi je le ferai ? »
« Parce que moi je crois en toi. » Blanche lui répond, prenant la Fée par surprise.
« Tu n’auras qu’à nous faire entrer, ensuite on se débrouillera. »
« Et moi, qu’est-ce que j’y gagne ? Excepter la certitude que Peter me tuera une fois que vous vous serez enfuis avec le petit ? »
« Tu pourrais venir avec nous. » Emma lui propose avec assurance.
« C’est ça, un foyer. » Blanche acquiesce. « C’est bien ce que tu cherches, n’est-ce pas ? »
« Entendu. Que les choses soient claires, Peter a confiance en moi, il me laissera entrer. Et alors peut-être, je dis bien peut-être que je vous laisserai accéder au camp. Mais vous n’aurez qu’une seule chance. Alors votre plan devra être parfait. »
« Merci, il le sera. »
« Viens à notre campement, on va y réfléchir. »
***
Après quelques heures de sommeil, on s’est tous rassemblés autour d’Emma qui nous explique le plan auquel elle a réfléchi toute la nuit. Avec les informations complémentaires de Clochette, on n’entrera pas à l’aveugle dans le campement de Peter Pan.
« Voici l’endroit où est Henry. » Emma commence son explication en dessinant un schéma dans le sable. « Le camp de Peter, comme me l’a décrit… hum... »
« Clochette. » La Fée en question précise, comme si elle pensait qu’Emma l’avait oublié.
« Oui, Clochette. Ça me fait toujours drôle de dire ça. »
« Appelle-moi Clo. »
« Euh non, c’est pas mieux. » La blonde avoue. « Enfin bref. Donc, d’après elle, il y a des sentinelles postées devant et c’est pour ça que nous, nous allons arriver par l’arrière, par là et elle, elle va se présenter devant et entrer. Et quand elle verra que la voie est libre, on en profitera pour se faufiler à l’intérieur. »
« Oui, et une fois dedans vous aurez affaire aux Enfants Perdus. » Clochette intervient alors.
« Ce ne sont que des enfants avec des bâtons pointus, je pense qu’on s’en sortira. »
« Ce n’est pas des bâtons dont vous devez vous méfiez, mais du poison qu’il y a sur leurs pointes. » Elle nous rappelle avec justesse et je remarque l’échange de regard entre David et Crochet.
« L’ombrève, Crochet nous a déjà averti. »
« Tant mieux, parce qu’une seule petite égratignure et vous serez condamnés à... »
« Une égratignure et c’est la mort, on le sait. » David la coupe en se relevant. « Alors qu’est-ce qu’on attend pour lancer cette mission de sauvetage ? »
« Je suis prête à y aller dès que vous m’aurez dit comment vous comptez quitter l’île. » Tout le monde se regarde et personne ne dit quoi que ce soit. Sérieusement, ils ont la mémoire aussi courte ? « Pour notre fuite, vous avez un plan non ? »
« Euh, non pas vraiment. » Blanche admet et je ne peux que laisser échapper un soupir bien audible.
« Rappelez-moi comment on est venus ici ? »
« Eh bien, Crochet avait un haricot magique alors... »
« Exactement. » Je coupe Blanche dans sa réponse, réalisant qu’ils ont vraiment tout oublié de nos aventures à Storybrooke juste avant de partir. « On a utilisé le haricot avec lequel Crochet avait prévu de s’enfuir lâchement. »
« Ce n’est pas très gentil ça, ma jolie. »
« C’est la vérité ! En attendant... » Je sors de ma poche mon propre haricot. « Heureusement que j’ai pensé à prendre l’option aller-retour pour notre ticket. »
« Personne ne quitte l’île sans que Peter ne l’ait décidé. »
« Je doute qu’il puisse quoi que ce soit contre ça. »
« Il a bloqué toutes les issues de sortie. » Clochette insiste en ne se concentrant que sur moi. « Vous pouvez jeter votre haricot mais il ne s’ouvrira pas. Pas tant que Peter sera là. »
« Ce truc est donc inutile ? »
« Tenez, je vais vous montrer quelque chose. » Clochette sort un objet de sa sacoche. « Vous savez ce que c’est ? »
« Oui, c’est une montre. »
« Elle était à la jeune femme qui a amené votre fils sur l’île. »
« Greg et Tamara ? » Emma s’exclame en se levant pour s’approcher de Clochette. « Ils sont où, pourquoi ils te l’ont donné ? »
« Ils ne me l’ont pas donné, elle était morte. J’ai mis des heures à enlever le sang qui était dessus. Quant à son copain, il restait si peu de choses de lui qu’il n’y avait rien à récupérer. »
« J’aurais préféré lui faire la peau moi-même. » J’admets alors, presque déçue que quelqu’un se soit occupé de Mendell avant moi.
« Voilà ce qu’a fait Peter à des gens qu’il employait, qu’est-ce que vous croyez qu’il va vous faire ? Alors je ne tenterai rien contre lui si je ne suis pas sûre de pouvoir quitter l’île. Quand vous aurez trouvé, vous savez où me trouver. »
Clochette quitte le campement et, même si David était prêt à la suivre, Emma le retient. Bon, il suffit de réfléchir. Je n’ai jamais entendu parler d’un endroit où les haricots magiques ne fonctionnaient pas. Peut-être qu’il existe un charme autour de l’île qui bloque ce genre de magie ? Après tout, nous sommes arrivés par la mer, peut-être que la magie est plus libre au large ?
« Vous êtes déjà parti d’ici non ? » Je demande à Crochet. « Comment avez- vous fait ? »
« J’ai passé un accord avec Peter, il m’a donné une magie permettant d’ouvrir un portail. Je doute qu’il accepte à nouveau. »
« Il n’y a donc aucun moyen de quitter l’île sans son accord ? »
« Quelqu’un l’a fait, son complice d'autrefois. » Crochet explique en se tournant vers Emma. « Neal. Je ne sais pas comment il a fait mais peut-être qu’on peut le découvrir. »
***
On a suivi Crochet à travers la jungle, marchant encore et toujours, inlassablement. Et puis, on a fini par s’arrêter devant un gros rocher. Ou plutôt l’entrée d’une grotte, si j’en juge par la porte qui est visible.
« C’est quoi exactement ? » Ma mère demande alors, le regard rivé sur le rocher.
« Neal s’est enfui de l’île grâce à un pied de vigne ? »
« Si l’un d’entre vous avait la gentillesse de m’aider. » Crochet ignore leur sarcasme et s’avance vers la porte. « Sauveuse ? »
Mais c’est finalement David qui s’y attelle, même s’il a l’air fatigué et en sueur. Il tire un peu sur une corde et rapidement la porte que j’avais repéré s’ouvre, laissant voir un petit passage suffisant pour un enfant. On entre alors et on se retrouve dans une caverne plus grande que ce à quoi je m’attendais. Comme je suis la dernière à entrer et que je ne suis pas très loin de la porte, j’entends encore furtivement un bout de conversation entre Crochet et David.
« Le seul qu’elles doivent chercher à sauver, c’est Henry. »
Cette phrase m’interpelle. Pourquoi David dirait ça ? Et puis je fais le lien assez rapidement. Il a l’air fiévreux et il se fatigue très vite. Peut-être qu’il a pris un coup pendant la bataille contre les Enfants Perdus. Peut-être que l’ombrève fait son chemin dans son corps, le poison envahissant ses veines petit à petit. S’il atteint son cœur… je crains qu’on ne perde notre cher prince.
« Crochet ! » Emma appelle alors d’une voix forte qui résonne contre les parois de la caverne. « Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? Qu’est-ce qu’on fait là ? »
Pour toute réponse, le Capitaine se contente de s’approcher du fond de la caverne où je parviens à discerner une torche. Il tente alors de l’allumer à plusieurs reprises avant que David n’intervienne et allume la torche à l’aide d’un briquet.
« Neal. » Emma comprend alors quand la lueur de la torche éclaire le reste de la caverne. « C’est là qu’il vivait. »
« Oui. Baelfire a fait un séjour sur cette île quand il était encore enfant. C’était son refuge. »
« Donc vous croyez qu’il a laissé quelque chose qui nous indiquerait comment il s’est enfui ? » Blanche demande.
« Oui, espérons-le. Sinon nous serons aussi perdus qu’il l’était. »
« Bon bah, reste plus qu’à chercher. » Je comprends sans difficulté. On n’est pas prêts de rentrer, croyez-moi.
***
« Dire qu’on a un haricot magique. » Je me parle plus à moi-même mais ma mère semble m’avoir entendue.
« Tu sais bien qu’il ne fonctionnera pas. »
« C’est ce qu’a dit Crochet. Franchement, tu lui fais confiance ? »
« Non. » Ma mère se tournant vers moi. « Mais il connaît cette île mieux que personne alors s’il dit qu’on ne peut pas partir sans l’accord de Peter, je le crois. »
« Justement, si on se débarrasse de Pan la voie sera libre. Il suffirait de le tuer et… »
« Tu commences à parler comme moi. »
« J’ai pris nombre de vies au cours de mon existence. » Je lui fais remarquer. « J’ai déjà tué et je n’ai pas peur de recommencer. »
« Tu ne peux pas penser comme ça. » Ma mère s’approche de moi. « Je n’arrive pas à croire que c’est moi qui vais dire ça mais… tu ne peux pas perdre espoir, pas maintenant. On va trouver une solution. »
« Admettons, je vais te croire. Mais je ne vais pas courir à travers la jungle éternellement, viendra un moment où il faudra se résoudre à attaquer de front. »
De l’autre côté de la pièce, David et Blanche fouillent toujours à la recherche d’un indice et Emma et Crochet sont occupés à admirer les dessins que Neal a fait sur les parois. Je doute que la solution se trouve ici, ce serait trop évident.
« Qu’est-ce que c’est ? » Emma demande alors à Blanche en indiquant un tas d’ustensiles de cuisine.
« De la vaisselle qu’il a fabriqué avec ce qu’il a trouvé ici. »
« En tout cas, ça ne devait pas être très pratique pour boire. » David remarque en brandissant une coquille de noix de coco. « Il y a plein de trous dedans. »
« C’est peut-être une sorte de… passoire. »
« Oui parce que Baelfire préadolescent devait souvent se faire des spaghettis. » Ma mère réplique d’un ton sarcastique.
« Et inviter Clochette pour un dîner en tête à tête. » J’ajoute et le regard d’Emma nous fait comprendre que ce n’est pas le moment. « Quoi ? Un peu d’humour pour détendre l’atmosphère, ça ne coûte rien ! »
« Après ça, ne va pas me faire croire que tu as été adoptée. Vous parlez toutes les deux le sarcasme. »
« Je sais, merci. » Je lui souris innocemment. « Alors, qu’est-ce que tu as compris qui nous échappe ? » Je demande en voyant qu’Emma tient toujours la ‘passoire’ dans sa main.
« Crochet, éteignez la torche. »
Le pirate s’exécute immédiatement et bientôt, la seule lumière qui nous éclaire vient de la bougie qu’Emma tient dans son autre main. Quand l’obscurité règne, Emma assemble les deux moitiés de coco.
« On doit être impressionnés parce qu’il a fabriqué une lampe ? » Ma mère demande, toujours pas convaincue.
« Regardez le plafond. »
L’évidence est là. Ce n’est pas une lampe, c’est une carte. Pour quiconque a déjà eu recours aux étoiles pour se diriger, c’est assez facile à reconnaître.
« Des étoiles. »
« C’est une carte. » Crochet affirme.
« Pour aller où ? »
« A la maison. »
« Vous êtes sûrs que c’est une carte ? » Blanche demande alors. « Ce n’est pas évident. »
« Avant d’arriver sur l’île, Baelfire a passé un peu de temps sur mon navire. » Crochet explique. « Je lui ai appris à naviguer en suivant les étoiles. Ce que vous regardez est le fruit de mon enseignement. »
« Donc tu peux la lire ? »
« Non, désolé. »
« Tu viens de dire qu’il tenait ça de toi. » David réplique dans la foulée.
« Oui mais je lui ai aussi enseigné le principe qui fait qu’on est un bon pirate : le secret. Les meilleurs capitaines utilisent un code pour leurs cartes. Neal apprenait très bien. »
« Donc pour faire court, personne en dehors de lui ne peut lire cette carte. » Blanche comprend assez facilement.
« Le seul qui pouvait la lire est mort alors tout ça n’a servi à rien. » Emma sort de la caverne en trombe, suivie de ses parents.
« Génial. On peut en revenir au plan initial maintenant ? »
« Quel plan ? »
« Tuer Peter Pan, récupérer Henry et s’enfuir de l’île avec le haricot. » J’explique précipitamment. « La magie meurt avec son propriétaire, le sortilège de Pan cessera donc d’exister. »
« C’est plus compliqué que ça ma jolie. » Crochet réplique en s’approchant de moi. « Le Pays Imaginaire ne fonctionne pas de la même manière que la Forêt Enchantée. Le haricot ne peut nous emmener nulle part sans carte. »
« Il faut donc quelque chose pour nous guider comme… un compas par exemple ? »
« C’est ça. »
« Où est donc Jack Sparrow quand on a besoin de lui ? » Je demande de façon rhétorique, ne m’attendant pas à une réponse de Crochet.
« Je préférerai ne jamais recroiser ce mécréant. »
« Attendez, Sparrow existe vraiment ? Incroyable. Je commence à comprendre Emma, ça devient de plus en plus compliqué ces histoires de contes de fée. »
***
On a tous rejoint Blanche à l'extérieur. On a eu beau continuer à fouiller l’ancienne cachette de Neal, il n’y a rien et je doute vraiment qu’on trouve quoi que ce soit de plus. Pourquoi aurait- il laissé autre chose derrière lui ? Mais Blanche semble avoir une idée pour prévenir Henry de notre présence. Il est venu à Emma l’idée que, peut-être, Henry perde espoir et rejoigne la cause de Pan. J’ai du mal à le croire mais elle connaît ce genre de situation mieux que moi alors… Si Blanche a un moyen de communiquer avec Henry, on peut au moins essayer. Ça nous fera gagner un peu de temps.
On a donc posé notre camp à quelques mètres de là et Blanche nous intime de nous mettre au travail. Pendant qu’on tisse des liens pour en faire des cordes, ma mère cherche encore à comprendre l’utilité de faire tout ça.
« Leur tendre un piège, c’est ça votre plan ? »
« Les Enfants Perdus n’hésitent pas à s’en prendre à nous, le moment est venu de leur rendre la pareille. »
« Vous ne persuaderez jamais un Enfant Perdu de trahir Peter. » Crochet nous fait remarquer.
« Merci pour vos encouragements. David ? » Quand elle attire l’attention de son mari, celui-ci se tourne immédiatement vers elle. « Il va nous falloir plus de lianes. »
« Ok, je m’en occupe. Tu viens avec moi, pirate. »
« Et pourquoi cela ? »
« Parce qu’on a besoin de lianes pour tresser plus de cordes. » Quand c’est Emma qui le demande, Crochet semble dans de biens meilleures dispositions.
« Si la demoiselle insiste. » Il répond avec une petite courbette sarcastique.
***
Il paraît que Crochet a finalement trouvé une solution pour lire la carte de Neal : un sextant. Évidemment je suis aussi étonnée qu’Emma qu’il se souvienne de ça précisément maintenant mais on n’a pas d’autres choix que de lui faire confiance. J’étais prête à me lancer à la recherche de ce sextant, mais David a décidé d’y aller seul avec Crochet histoire qu’on puisse délivrer notre message à Henry. Et nous, on reste là pour préparer le piège.
Avec Blanche, Emma et ma mère, on a attendu silencieusement pendant presque une heure avant de voir enfin un garçon apparaître dans la clairière. Il tient une lance en main et son regard est fixé sur un petit cochon sauvage. Blanche bande son arc et tient sa flèche prête. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la flèche part et le filet tombe directement sur le garçon.
On se précipite toutes vers lui. Blanche a une autre flèche pointée sur le garçon et Emma et moi on sort nos épées de leurs fourreaux. Le garçon se débat avec son filet mais se tourne bien vite vers nous.
« Qu’est-ce que vous faites ? Vous voulez réellement déclarer la guerre à Peter ? »
« C’est lui qui l’a déclaré le jour où il a enlevé mon fils. » Emma réplique sans baisser sa garde.
« Mais ça ne fait pas de toi notre ennemi. » Ma mère lui fait remarquer en employant son ton de Méchante Reine, celui qu’elle utilisait quand elle voulait obtenir quelque chose. Elle fait alors apparaître une barre chocolatée dans sa main.
« Sérieux, du chocolat ? Et tu ne m’en as même pas proposé ? »
« Qu’est-ce que c’est ? » Le garçon demande.
« T’es sourd ou quoi ? Je viens de le dire, c’est du chocolat. »
« Je me suis dit que tu aurais envie d’une petite douceur. » Ma mère propose en tendant le chocolat vers le garçon.
« On te veut pas de mal. Tout ce qu’on te demande, c’est de transmettre un message à Henry. »
« Pourquoi je vous aiderai ? »
« Parce que tu avais une famille à une époque et tu as cessé de croire que tu pouvais la revoir. Mais maintenant on est là et on peut tous vous sauver. Vous pourriez retourner chez vous ! »
Le garçon semble hésiter mais finalement il avance près de ma mère et s’empare du chocolat. Je reste quand même prête à intervenir, on ne sait jamais. Le garçon approche la friandise de son nez et fait mine de la renifler mais sérieusement, c’est emballé dans du papier et de l’aluminium, il espère sentir quoi ? Rien du tout apparemment parce qu’il finit par lancer le chocolat au loin, dans la jungle.
« Hey ! Si tu ne la voulais pas, fallait le dire ! » Je m’exclame d’une voix forte. « Gâcher un si bon chocolat… »
« Vous avez rien compris. Je suis bien ici, j’ai pas du tout envie de retourner chez moi ! Aucun d’entre nous ne veut rentrer. »
« Peter est un monstre. » Emma lui fait remarquer. « Regarde ce qu’il t’a fait. »
« Oh ça, c’est pas Peter qui a fait ça. C’est Henry. »
Ça, j’ai beaucoup de mal à le croire. Henry, vraiment ? Je connais mon petit frère et il sait qu’une épée n’est pas un jouet. Bon sang, il vient à peine de commencer à s’entraîner avec des épées en bois, il n’irait pas consciemment blesser quelqu’un !
Emma semble très en colère après cette accusation. Elle s’approche du garçon et le plaque contre un arbre en le maintenant par le col de son vêtement.
« Il est trop tard, ça ne sert à rien ! » Il s’exclame, l’air pas du tout impressionné par la démonstration de force de la Sauveuse. « Ton fils est devenu un Enfant Perdu de toute façon ! Henry est l’une des nouvelles recrues les plus brutales qu’on n’ait jamais eu depuis des années ! »
C’est loin de calmer Emma. Au contraire, sa main est sur la gorge du garçon et lui coupe sûrement la respiration. Mais Blanche s’approche et force sa fille à s’éloigner.
« Ne le laisse pas te déstabiliser, d’accord ? » Elle demande en revenant vers nous, à quelques mètres du garçon.
« Écartez-vous ! » Ma mère exige.
« Pour quoi faire ? »
« Pour que lui arracher le cœur ! »
« Attends, quoi ? » Je suis surprise que ce soit la première idée qui lui vienne.
« Après ça, il fera tout ce qu’on lui dira ! »
Le regard de ma mère croise celui du garçon par-dessus l’épaule de Blanche. Je dois avouer que l’Enfant Perdu n’a pas du tout l’air enchanté d’apprendre ce qui risque de lui arriver. De plus, le sourire que ma mère lui lance a fait trembler des hommes plus braves que ce garçon et ça se voit.
« Il est hors de question qu’on vous laisse faire ça ! » Blanche réplique dans la foulée. « Emma, on trouvera un autre moyen. »
« Vous croyez ? Et vous, vous en dites quoi Emma ? »
Je n’aimerais pas être dans la position de la Sauveuse en ce moment, à devoir départager Blanche-Neige et la méchante Reine, sa propre mère ou celle de son fils. Et je crois qu’Emma s’en rend compte aussi quand elle voit tous les regards tournés vers elle. Mais elle prend une décision bien assez vite et plante son regard dans celui de ma mère.
« J’en dis qu’il faut qu’on parle à notre fils. »
« On ne peut pas faire une chose pareille ! »
« Non on ne peut pas, mais elle si. » Emma affirme en tenant sa mère éloignée.
« Maman, attends ! »
Ça semble calmer tout le monde et ma mère reste près de moi. Je sais pertinemment que Blanche pense que je serais de son côté, mais en vérité j’essaie surtout de préserver ma mère. Utiliser la magie pour me soigner c’est une chose et Henry pourra sans doute le lui pardonner. Arracher un cœur, même sans avoir l’intention de le détruire, c’est totalement différent. Moi j’ai de la marge avant de noircir mon âme, ma mère non.
« Je vais le faire. » Je dis avec finalité en m’approchant du garçon. « Comment ça marche exactement ? Je mets la main dedans et... »
Je m’exécute pendant que je parle et j’avoue que je ne m’attendais pas à réussir du premier coup. Évidemment, j’ai vu la Reine à l’action auparavant mais ça ne veut pas dire que je sache m’y prendre. En vérité, c’est le premier cœur que j’arrache et l’organe battant dans ma main est une sensation particulière. Je le regarde fixement avec une fascination morbide troublante.
« Bon alors, et ensuite ? » Je demande finalement.
« Il suffit de lui parler, ordonne au garçon de transmettre notre message. »
« Et c’est quoi notre message ? »
« Viens. » Ma mère me dit avec un geste de la main.
J’avance avec elle et on rejoint Emma et Blanche qui étaient restées un peu à l’écart. Le garçon me suit sans que je n’ai besoin de dire quoi que ce soit.
« Vous avez des états d'âme ? » Ma mère demande ayant sûrement entendu la fin de leur conversation.
« Envoyons-lui ce message. »
« On va faire bien mieux que ça. On va le voir. »
Ma mère sort alors de sa poche un petit miroir à clapet où chaque côté est recouvert d’une surface réfléchissante. Je crois que je comprends enfin son plan, surtout quand elle sépare le miroir en deux morceaux et qu’elle en donne un au garçon.
« Tu donnes ce miroir à Henry. Tu lui diras que sa famille est ici et qu’elle fait tout pour le sauver. » Je dis à l’attention de l’Enfant Perdu. « Assure-toi que personne ne vous voit. Et tu ne parles à personne de notre petite aventure, c’est bien compris ? En fait, oublie jusqu’à notre existence. » Sans rien ajouter, je replace le cœur dans la poitrine du garçon avant qu’un détail ne me revienne. « Oh et, en passant, va me récupérer le chocolat que tu as jeté tout à l’heure. Ce serait dommage de le gâcher. »
Alors, l’Enfant Perdu s’éloigne sans protester. Je n’ai pas à attendre longtemps avant de voir arriver la barre chocolatée qu’il a gentiment lancée dans ma direction. C’est là que je croise le regard de ma mère et elle a presque l’air de se fiche de moi.
« Quoi ? » Je demande en déballant le chocolat.
« Tu aurais simplement pu en faire apparaître une. »
« Et pourquoi donc ? Il y en a une juste ici ! »
***
On a finalement réussi à parler à Henry, ce qui a grandement soulagé ma mère et Emma. On est donc toutes les quatre en train de retourner vers notre campement, toujours à crapahuter au milieu de cette jungle démoniaque. Sérieusement, Storybrooke me manque.
« Vous croyez qu’il va tenir le coup ? » Blanche nous demande alors qu’on arrive aux abords de notre camp.
« Il va très bien. » La blonde en question lui répond.
« Comment pouvez- vous en être sûre ? »
« C’est notre fils, il est pas du genre à se laisser abattre et maintenant il a une bonne raison de s’accrocher. Il sait qu’on va venir, qu’on le laissera jamais tomber. »
« Excuse-moi d’avoir douté de toi. » Blanche s’excuse auprès de sa fille, laquelle se tourne pour lui faire face. « Mais je sais qu’il est tentant de se laisser envahir par les ténèbres. Et je ne voulais pas que tu… »
« Elle ne lui a pas arraché le cœur, c’est ma fille qui s’en est chargé. » Ma mère vient alors leur rappeler. « Et d’ailleurs toi. » Elle ajoute en se tournant vers moi. « Je t’interdis de recommencer une chose pareille, c’est à moi de me charger de ce genre de magie. »
« Et pourquoi ? Plonger un peu plus dans les ténèbres ? » Je réplique dans la foulée, je ne vais certainement pas rester là sans me défendre. « Ce n’est pas avec un cœur arraché que je vais corrompre mon âme, j’ai de la marge. »
« Mais ta magie est instable et on ne sait pas encore exactement quelle influence elle a sur toi ! »
« De quoi vous parlez ? » Emma intervient à son tour, l’air perdue.
« Vous l’avez déjà vu non ? Les yeux et noir et tout le tralala ? » J’attends de voir Blanche et sa fille acquiescer avant de poursuivre. « C’est Morrighan, une entité magique qui m’a choisi comme hôte à la naissance. Elle est puissante mais je la contrôle maintenant. » J’ajoute en lançant un regard entendu à ma mère, mais elle ne semble pas convaincue.
« Plus ou moins. »
« Quand même plus que moins. »
Je suis persuadée que ma mère allait à nouveau me contredire mais c’est à ce moment qu’on entend du bruit venant des fourrées. On réagit toutes quatre en même temps et se tient prêtes pour un combat éventuel. Blanche avec son arc, ma mère avec sa magie et Emma et moi avec nos épées respectives.
« Baissez vos armes, c’est nous ! » David nous prévient alors qu’il apparaît en compagnie de Crochet.
On baisse donc notre garde puisqu’il n’y a aucun danger. Je reste quand même sur les nerfs, cette jungle ne me plaît vraiment pas. Je n’ai jamais l’impression d’être en sécurité. David approche et vient directement embrasser sa femme alors je détourne le regard. Non, sérieusement, ça ne m’a pas l’air d’être le bon moment pour ce genre de choses mais je ne vais certainement pas aller le leur dire.
« Où est le sextant ? » Ma mère demande à Crochet et je concentre mon attention sur cette conversation.
« Il semble que Peter nous ait devancé. »
« Génial, et qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » Je demande et tout le groupe se regarde.
Notre attention se tourne ensuite vers Blanche et David qui finissent enfin par arrêter leur baiser. Je ne crois pas que j’en aurais supporté plus. Ils n’ont pourtant pas l’air de faire attention à nous.
« Loin de moi l’idée de me plaindre mais qu’est-ce que… ? »
Blanche est interrompue par son mari qui vient à nouveau l’embrasser. En ce qui nous concerne, on détourne à nouveau le regard. Clairement, ils ne sont pas prêts de s’arrêter.
« Je crois que moi je vais me plaindre. » Emma admet alors et je ne peux m’empêcher de rire à sa remarque.
« Que ne donnerai-je pas pour un autre Charme du Sommeil. »
« Je suis prête à te donner un coup de main. Qu’est-ce que tu proposes ? » Je demande ironiquement à ma mère.
Évidemment, on ne fera rien mais la tentation est grande présentement. Finalement, Blanche et David se détachent l’un de l’autre, en tout cas juste assez pour entretenir une conversation.
« Sans Crochet je ne serai pas là. » David attire notre attention sur lui. « Il m’a sauvé la vie. »
« Eh bien ça le changera. » Je marmonne entre mes dents et je crois que personne ne m’a entendu parce que Crochet poursuit comme de rien.
« Es-tu certain de vouloir leur en parler ? »
« Dans la jungle, des Enfants Perdus nous ont pris en embuscade. » David explique alors en s’approchant progressivement du Capitaine. « Ils étaient bien plus nombreux que nous, on était cernés mais Crochet a risqué sa vie pour m’éviter d’être touché par une flèche empoisonnée. S’il n’avait pas été là, je serais mort. » Il est juste devant Crochet maintenant et il lui demande : « Donne-moi ta flasque. » Comme le pirate s’exécute, David ouvre la flasque et la lève comme pour porter un toast. « Son courage mérite d’être salué. »
« Merci. »
Alors qu’il prend une gorgée, je m’éloigne du groupe. Je n’ai aucune envie de célébrer ce pirate, j’ai des choses bien plus importantes à faire. Comme m’assurer que notre campement sera sécurisé pour la nuit par exemple. Puisqu’on était tous partis, je n’ai pas jugé utile de maintenir la barrière de protection mais là j’en ressens le besoin. On est allés à l’encontre des plans de Peter aujourd’hui et il risque d’être en colère quand il l’apprendra. Je ne veux pas être surprise quand ça arrivera et qu’il viendra nous assaillir avec toute son armée d’adolescents.
Je ne suis pas tellement éloignée de notre campement, je sens encore la chaleur du feu dans mon dos et les flammes dansantes répandent une douce lueur autour de moi. Mais j’avais besoin d’être seule afin de réfléchir. Je n’ai jamais mis les pieds au Pays Imaginaire. Et je suis certaine que je n’y reviendrais jamais volontairement. C’est lugubre et l’air ambiant est pesant. Je sais que nous sommes là pour une très bonne raison : retrouver Henry. Mais la compagnie à laquelle on a droit ne m’emballe pas du tout. Je pensais ne jamais revoir le Capitaine Jones. Crochet.
Ce nom me hante depuis longtemps déjà. Ces derniers jours, où il est apparu de façon assez aléatoire au milieu d'événements dont il était parfois la cause, j’ai eu beaucoup de mal à cacher notre passé commun. Je ne crois pas qu'il s’en souvienne. Il était terriblement alcoolisé ce soir-là et cela remonte à 30 ans en arrière techniquement. De plus, je n’étais qu’une fille parmi tant d’autres. Lui a été le monstre hantant mes cauchemars depuis ce temps-là. Je sais que ma mère a des doutes. Elle se demande ce qui me tourmente et je ne peux rien lui dire. C’est trop dur. Comme un aveu de faiblesse. J’ai peur de la décevoir.
« Morgane ? » J’entends ma mère m’appeler à quelques pas de moi. « Tu t’isoles énormément depuis qu’on a quitté Storybrooke. »
« Désolée. » Je dis en essayant de masquer les tremblements dans ma voix. Quelque part au milieu de mes pensées, des larmes m’ont échappé. « J’ai… un peu de mal avec le capitaine. » Je termine en marmonnant entre mes dents, la rage troublant ma voix.
« Tu le connaissais, n’est-ce pas ? Déjà dans la Forêt ? »
« On s'est déjà croisé en effet. »
« Tu ne me racontes pas toute l'histoire, je le sais. Quoi que ce soit, tu peux m'en parler. »
« Je n'en ai pas envie. » Je l'interromps, ce qui ne l'empêche pas d'insister.
« Je sais qui il est, quel genre d'homme il peut être. Je ne t'en voudrais pas s'il t'a forcé à faire certaines choses, je suis mal placée pour te juger… »
« Maman ! » Je la coupe une nouvelle fois un peu plus sèchement. « L'important est de retrouver Henry. Et Crochet peut bien aller au diable, quand on sera rentrés, ça n'aura plus d'importance de toute façon. »
« Très bien, si tu ne te sens pas prête à aborder le sujet maintenant je peux le comprendre. Mais saches que je suis là s’il te prenait l’envie d’en parler à quelqu’un. »
« Je sais, merci. C’est juste… j’ai honte. » J’admets d’une petite voix et je sens la présence de ma mère à mes côtés.
« Quoi que tu puisses me dire, ça ne changera rien. Je resterai ta mère tant que tu voudras de moi. »
Je me réfugie dans ses bras et c’est bien la première fois depuis qu’on a mis les pieds sur cette île que je me sens en sécurité. Je sais que je devrais tout lui dire, ne serait-ce que pour me décharger de ce fardeau. Mais j’ai enfoui ce souvenir depuis tellement longtemps que je n’ai même plus envie d’y penser. Malheureusement, la présence quotidienne de Crochet m’y oblige.
« C’est toi qui a lancé cette barrière de protection ? » Ma mère finit par me demander après quelques minutes de silence et j’acquiesce sans rien ajouter. « Et tu fais ça depuis quand exactement ? »
« Le Capitaine a dit que la jungle était dangereuse, je n’allais pas me sentir en sécurité avec quelques malheureux tours de garde. »
« Je sais que cet endroit est loin d’être accueillant mais… »
« Moi ça va parce que tu es là. » Je l’interromps. « Tant que tu es là, je sais qu’il ne m’arrivera rien. Et je sais aussi que tu garderas Crochet à l’œil à partir de maintenant. »
« Ça tu peux y compter. »
***
C'est bien la dernière chose que je voulais, me retrouver seule avec lui. Enfin… pas vraiment seuls mais les Charmants, Emma et ma mère sont à quelques mètres de là. Ma mère essaie d’apprendre la magie à Emma. J’ai proposé de monter la garde en attendant et le capitaine a décidé de me tenir compagnie.
« Je me souviens maintenant. » Il vient me dire comme une évidence.
« Vous vous souvenez de quoi exactement ? »
« On s'était déjà croisé, pas vrai ma jolie ? »
Je me tends considérablement alors qu'il évoque ce souvenir. Je sens sa présence, non pas à côté de moi mais à l'intérieur. Comme si, en une nuit, il avait réussi à infiltrer mon être à tout jamais. Je me souviens de son odeur, la rudesse du cuir de sa veste contre ma peau, la pression de sa main sur ma bouche, ses mouvements contre moi, sur moi et en moi.
« J'ai mis un peu de temps à m'en rappeler, après tout ce n'était qu'une nuit. »
« Ce cauchemar hante les miennes depuis. » Je lui réponds sèchement.
« Cauchemar ? Un moment si intense et passionné ? » Il se rapproche de moi, son souffle frappe ma joue alors que je détourne le regard. « Je suis prêt à faire abstraction du fait que tu m’as volé cette nuit-là. Je pense qu'on pourrait remettre ça, tes cris de petites filles m'ont manqué. »
Mon sang ne fait qu'un tour à ses mots. Je ne peux pas l'entendre glorifier ce qui a été mon enfer pendant si longtemps. Impulsivement, ma magie se réveille et Crochet se retrouve plaqué contre un arbre à presque un mètre du sol.
« Vous feriez mieux de vous taire. » Je le préviens d'une voix teintée de colère.
« Oh mais c'est qu'elle peut se montrer dominante. Je crois que ça va nous amener vers un nouveau lot de plaisirs. »
Il a à peine le temps de finir sa phrase que ma main se retrouve plongée dans sa poitrine et j'arrache son cœur dans la foulée. Alors que je me retrouve avec l'organe battant au creux de ma main, je n'ai qu'une pensée en tête : le réduire en poussière.
« Morgane ! » J'entends des voix m'appeler, quelque part loin derrière moi mais je les ignore. Dans mon esprit, il n'y a que ma main et ce cœur. L'écraser me libérerai sûrement.
« Morgane, ne fais pas ça. » Une autre voix perce la brume. « Tu le regretteras. » Je me tourne vers la voix.
« Maman… »
Je revois ce jour, cet instant fatal. Je la revois, elle, tenant et écrasant le cœur de l'homme que j'aimais. Et je réalise que je suis sur le point de devenir cette personne qui tue pour le plaisir, pour la vengeance. Dans un éclair de lucidité, je relâche le cœur et m'éloigne de Crochet.
Ma respiration est saccadée, laborieuse. Ma vue se trouble et j'ai l'impression de mourir à petit feu. Je revois la mort d'Urien et cette nuit avec le capitaine. Je revois les tourments infligés par ma "bienfaitrice" durant mon enfance. Et puis…
« Morgane ! Morgane ? Tu m'entends ? » Je reconnais ma mère. Le cœur, Urien… « Je suis là, d'accord ? Tout va bien, tu es en sécurité. »
Maman… Doucement, les images de douleur et de peine se dissipent. À la place je revois ces souvenirs, ce temps à Storybrooke avant Henry, avec Henry. Des sourires, des étreintes. Des paroles rassurantes et une main apaisante dans mes cheveux. Comme maintenant en fait.
« Plus personne ne te fera du mal, je te le promets. »
« Maman. » Je parviens à murmurer. Ma respiration se calme progressivement et je parviens à discerner des silhouettes. Progressivement, je revois et je retrouve mon souffle.
« Tout va bien, d'accord ? » Je me tourne pleinement vers ma mère et je vois l'inquiétude dans ses yeux alors je la rassure immédiatement.
« Je vais bien. »
« Il se passe clairement quelque chose et il va falloir que tu m'en parles. »
« Il a… c'était avant… dans la Forêt. »
« Qu'est-ce qu'il a fait ? » Ma mère insiste, son regard se tournant vers Crochet.
« Ce n'était qu'une nuit et je n'ai rien fait qu'elle n'ait pas apprécier. » Crochet se défend d'un ton suave et nonchalant.
« Clairement ça n'a pas été le cas. » Ma mère emploie son ton "Méchante Reine" tout en invoquant une boule de feu dans le creux de sa main. « Vous lui avez fait du mal. »
« Du calme ma jolie. C’est moi qui devrais me plaindre, elle m’a volé un objet très précieux ce jour-là. » Crochet tente de se défendre.
« Regina. Attendez. » Emma l'arrête en posant sa main sur le bras de ma mère. Elle la convainc de retourner son attention sur moi. « Morgane… »
Ça semble calmer ma mère immédiatement et c’est tant mieux. J'ai sentie la panique me gagner à nouveau de manière inexplicable. Je ne veux pas la voir comme ça. Pas maintenant. J’ai besoin de calme et j’ai besoin de m’éloigner du Capitaine. Je préfère ne pas voir sa tête pour le moment.
« Je viens de voir Peter Pan. » Crochet fanfaronne alors, clairement peu sensible à la tension ambiante. « Et il m’a confié quelque chose, je venais simplement vous en parlez quand cette diablesse m’a attaqué. »
« N’aggrave pas ton cas Crochet. » David lui intime en me retenant par le bras. Honnêtement, j’étais prête à lui couper son autre main. « Dis-nous simplement ce qu’il s’est passé. »
« Peter affirme que Neal est vivant. »
« Quoi ? »
« C’est impossible, je l’ai vu prendre une balle avant de tomber dans un portail. » Emma affirme. « On ne guérit pas simplement d’une blessure pareille. »
« Pourquoi aurait-il menti ? »
« Pourquoi aurait-il dit la vérité ? » David réplique sur le même ton.
« Il nous fait perdre notre temps, il joue avec nous enfin ! » Ma mère intervient alors.
« C’est pas sûr. » Blanche s’aventure un peu dans les fourrées afin de nous montrer un détail qui avait échappé à tout le monde jusqu’ici. « Regardez. Regardez ces traces, quelqu’un s’est battu ici. »
« Qu’est-ce qui prouve que c’était Neal ? »
« Quelqu’un s’est battu de toutes ses forces. »
« Vous êtes prête à foncer pour trois branches cassées ? » Ma mère demande alors à l’attention d’Emma et comme la blonde hésite, elle poursuit. « D’accord. Vous voulez suivre la piste du méchant gnome ? Mais faites donc ! »
« Attendez, vous allez où ? » Emma retient ma mère alors que celle-ci s’éloignait.
« Sauver notre fils. »
« Il faut qu’on reste ensemble. »
« Non, pas question. » Ma mère refuse obstinément. « Vous êtes peut-être prête à risquer la vie d’Henry pour une quête perdue d’avance, mais ce n’est pas mon cas. J’en ai plus qu’assez de perdre du temps. »
« Et si elle avait raison, si Peter avait menti ? » Emma demande alors à Blanche.
« Peut-être que ça paraît trop beau pour être vrai mais que ça l’est. Tu dois savoir si Neal est vivant ou pas, pour le bien d’Henry. Et aussi pour que toi tu avances. »
« Vous connaissez l’expression "diviser pour mieux régner" ? » J’attire leur attention sur moi. « On a une carte que lui seul peut lire alors s’il y a une chance pour que Neal soit vivant, vous devez vous en assurer. En attendant, moi je vais rejoindre ma mère et m’assurer qu’elle ne fasse rien de stupide. Je vous retrouverai grâce à la magie s’il y a besoin. »
« Tu es sûre que ça va aller ? »
« Oui, mais je crois que le moment est venu de nous séparer, c’était imminent. »
***
J’ai rarement mis les pieds dans cette partie du royaume et j’ai toujours pris grand soin à éviter le manoir du Ténébreux. Je connais sa réputation, je sais qu’il vaut mieux ne pas faire affaire avec lui. Malheureusement, je n’ai pas trop le choix présentement. Enfin si, je pourrais simplement continuer à commettre des petits larcins histoire d’agacer la reine, mais je préférerai mettre un terme à cette petite guerre futile. Voilà presque trois ans que j’ai pris la décision d’entamer un rébellion et le moral des troupes commencent à retomber. Si je ne suffis plus à apporter une lueur d’espoir, il me faut autre chose et je pense que le Ténébreux peut me l’apporter.
« Quel bon vent t’amène très chère ? »
Une voix me tire de mes pensées. Elle semble venir du fond du couloir, là où une grande porte est ouverte. Alors j’avance dans cette direction, masquant tant bien que mal l’appréhension que me gagne. Là, au fond de la pièce, assis près d’un métier à filer, je vois un homme. En tout cas, il ressemble à un homme vu de loin mais en m’approchant, je remarque l’aspect étrange de sa peau. Je me garde bien de noter ce détail à voix haute, ne voulant pas offenser mon hôte.
« Vous êtes le Ténébreux ? » Je demande d’une voix peu assurée.
« Oui, oui, oui, tout juste ! Et tu es Elaine la Fay, symbole de la rébellion ! Tu es bien petite dis-moi. »
« Vous n’êtes pas beaucoup plus grand. »
« Mais je suis plus vieux. » Il me fait remarquer. « Je doute que tu sois venue pour échanger des banalités. »
« J’ai besoin de votre aide. »
« Pourquoi, les rebelles ne se rebellent plus ? »
« Ils pensent qu’on n’arrêtera jamais la reine. Il me faut une arme capable de la tuer. » J’explique alors d’une voix plus assurée.
« Et tu crois que je possède une telle arme ? »
« Vous êtes le Ténébreux, si vous ne l’avez pas vous savez où la trouver. »
« C’est possible mais tout a un prix avec moi. » Il me rappelle, s’approchant un peu plus que moi jusqu’à me faire face.
« Je le sais. Dites-moi ce que vous voulez en échange. »
« J’espérais que tu dirais ça. J’ai besoin que tu ailles récupérer un objet pour moi, quelque chose de très précieux. C’est un pirate qui l’a en sa possession. »
« Un pirate ? » Je suis surprise de sa requête. Ne peut-il pas aller le récupérer lui-même ?
« Le Capitaine du Jolly Roger, il se fait appeler Crochet. Tu comprendras vite pourquoi. »
***
« Maman, attends-moi ! » Je m’exclame tout en accélérant pour la rattraper.
« Je savais que tu viendrais. »
« Alors pourquoi tu ne m’as attendu ? Ça t’amuse de me faire courir comme ça ? »
« Non, mais je n’allais pas laisser à Emma l’occasion de me convaincre de rester. » Ma mère réplique en continuant d’avancer.
« Tu sais, je crois que c’est une bonne idée. Qu’ils aillent chercher Neal, je veux dire. »
« Et pourquoi donc ? Chercher Henry n’est pas assez important ? »
« Ce n’est pas ce que je veux dire. » Je m’explique, cherchant à la temporiser. « Rappelle-toi, on n’a toujours aucun moyen de partir d’ici. Même si on récupère Henry, il nous faudra tenir les Enfants Perdus à distance tout en trouvant un moyen de partir. »
« Où tu veux en venir ? »
« On a une carte que seul Neal peut lire alors s’il est en vie… »
« Très bien, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée d’aller le chercher. » Ma mère concède. « Mais tu ne me feras pas changer d’avis, il est quand même important qu’on continue de chercher Henry. »
« Et on commence par où ? Parce qu’on n’a plus aucune piste et je doute que Clochette nous aide pour l’instant. »
« Surtout si c’est moi qui demande. » Ma mère acquiesce.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé entre vous concrètement ? »
« C’est… compliqué. »
« On a du temps à perdre si tu n’avais pas remarqué et le paysage m’a lassé depuis longtemps. Alors, explique. »
« Si je te le raconte, tu me parles de ta première rencontre avec Crochet ? » Je ne peux m’empêcher de marquer un temps d’arrêt quand elle propose ça. Elle remarque bien vite que je ne la suis plus et se tourne vers moi. « Morgane ? »
« Vraiment, je préférerais t’en parler une fois qu’on aura quitté l’île. »
« C’est si grave que ça ? »
« Disons qu’en ressassant le passé, j’ai peur de ne pas pouvoir résister à l’envie de l’étriper sur le champ. »
« Ça je peux le comprendre. » Ma mère accepte mon explication. « Je ne te le demanderai plus. » Elle reprend son chemin et je la suis sans plus hésiter. « En ce qui concerne Clochette... » Mon intérêt est à nouveau piqué, je l’avoue. « Je l’ai rencontrée quand elle était encore officiellement une fée. C’était peu de temps après la mort de Daniel, je venais tout juste d’épouser le roi et je me sentais prise au piège. Elle a voulu m’aider pour que je puisse repartir à zéro. Elle avait dans l’idée que je pouvais à nouveau aimer. »
« Quelque chose me dit que ça n’a pas vraiment été comme prévu. »
« Elle me parlait d’âme sœur. » Ma mère poursuit inlassablement. « Elle a utilisé de la poussière de fée pour me conduire vers la personne qui m’était destinée. »
« C’est vraiment possible de faire ça ? »
« Apparemment, parce que son sort nous a mené tout droit vers une taverne et c’est là qu’était censé se trouver mon âme sœur. »
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ensuite ? » J’insiste, impatiente de savoir la suite.
« Elle m’a laissée seule pour que j’aille parler à cet inconnu mais je ne suis jamais entrée dans cette taverne. Et comme Clochette n’était pas sensée utiliser de la poussière de fée sans autorisation, elle a été bannie. »
« Donc… Si je suis son raisonnement, il y a quelqu’un là-dehors qui n’attend que toi pour vivre une histoire d’amour digne des romans ? »
« C’est ce que Clochette prétendait. »
« Tu n’as pas l’air convaincue. » Je remarque alors son manque d’enthousiasme face à cette idée. « Tu ne la crois pas ? »
« C’est juste… Récemment j’ai… douté. »
« Oh, j’ai compris. La Sauveuse. »
« Quoi, la Sauveuse ? Qu’est-ce qu’Emma a à voir là-dedans ? » Ma mère s’arrête pour me faire face et je ne peux m’empêcher de rire en voyant sa tête.
« J’ai noté une tentative de rapprochement entre vous deux ces derniers jours. Vous avez même dit "notre fils" pour parler d’Henry aujourd’hui. C’est un changement agréable. »
« Qu’est-ce que tu sous-entends exactement ? »
« Je crois qu’elle te plaît. »
« C’est ridicule ! » Ma mère s’exclame mais je me contente de continuer à avancer tout en la charriant.
« Oui bien sûr, et toutes ces œillades c’était juste pour… »
« Chut ! »
« Quoi ? Ose me dire que j’ai tort ! »
« Non, Morgane, regarde. » Elle pointe droit devant nous et je remarque pour la première fois la lumière d’un feu de camp.
« C’est Peter tu crois ? » Je demande en chuchotant.
« Non, c’est trop calme pour être le campement des Enfants Perdus. »
« Qui alors ? »
« Tu ne reconnais pas sa magie ? » C’est seulement alors que je me concentre assez pour le percevoir.
« C’est Gold. Alors c’était ça ton plan, rejoindre le Ténébreux ? »
« Oui, il est sûr de réussir et je le connais trop bien pour douter de lui. »
« Allons le rejoindre alors. »
On approche du camp et c’est là qu’on entend des voix. Je reconnais celle de Gold, évidemment, et il parle à… Belle ? On ne l’avait pas laissé à Storybrooke ? Je ne comprends plus rien mais ma mère ne semble pas du tout perturbée. Elle s’approche résolument de la clairière où ils se trouvent et, quand elle y arrive enfin, elle use de magie pour prendre Belle à la gorge.
« On t’a assez écouté. »
« Maman, arrête ! »
« Regina ! »
« Tu croyais vraiment que c’était elle ? » Ma mère demande à Gold sans arrêter sa magie.
« Je t’en prie, aide-moi. » Belle supplie alors et je ne sais qui croire.
« Ne l’écoute surtout pas ! »
« Qu’est-ce que tu fais ? » Gold tente faiblement d’empêcher ma mère de continuer.
« Je te montre son vrai visage ! »
« Non ! » Gold s’exclame alors que "Belle" tombe à terre à force de ne plus pouvoir respirer.
« Regarde à qui tu avais à faire. »
Belle disparaît dans un nuage de fumée noire et à sa place se forme une ombre. Cette silhouette informe semble être composée elle-même de fumée avant de prendre forme et je ne saurais dire ce que c’est mais Gold semble avoir la réponse.
« Peter. »
L’ombre nous fixe pendant un temps avant de s’envoler on ne sait où. Je ne m’en inquiète vraiment pas, je suis juste contente que cette chose ne soit plus dans mon périmètre.
« Un vrai novice ! » Ma mère s’exclame alors, l’air vraiment en colère.
« Qu’est-ce que c’était exactement ? » Je demande alors, cherchant à concentrer l’attention de ma mère sur autre chose.
« L’ombre de Peter. »
« Son ombre ? Pourquoi elle n’est pas avec lui ? »
« Il se l’est arraché il y a longtemps, mais ce n’est pas le plus important. » Elle ramène son regard sur Gold. « Tu as perdu la raison ? » Elle lui demande en s’approchant de lui. « Tu croyais vraiment que cette chose était Belle ? »
« Que fais-tu ici ? »
« Eh bien pour commencer je sauve ta tête. Peter n’allait faire qu’une bouchée de toi. »
« Qu’est-ce que tu en as à faire ? » Gold rétorque en lui tournant le dos.
« J’en ai à faire que je suis restée avec les Charmants pendant une semaine à tourner en rond ! Et pour retrouver Henry j’ai besoin de toi, de l’aide de Rumplestiltskin. »
« Le problème très chère c’est que Rumplestiltskin ne peut résoudre le problème qu’en mourant ! » Gold s’exclame, nous prenant toutes les deux par surprise.
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Je croyais que vous étiez immortel ? »
« Il y a des failles dans tous les contrats, tu devrais le savoir Morgane. »
« Oh rassure-toi Gold, c’est moi qui te tuerai et personne d’autre ! » Ma mère ramène son attention sur elle. « Tous les deux, nous sommes les plus grands magiciens qui aient jamais existé. La Méchante Reine et le Ténébreux qui allient leurs puissances ? On va trouver une autre solution pour arrêter ce petit gamin vaniteux. »
« Non tu ne le connais pas ! » Gold la contredit dans la foulée. « Je l’ai affronté et je sais ce qu’il en coûtera pour l’arrêter : ma propre vie ! »
« C’est vrai que j’en ai très envie mais peut-être qu’on n’est pas obliger de le tuer. Si tu risques ta vie alors… on peut peut-être trouver une autre solution. Un moyen de le neutraliser, de lui imposer un autre sort. »
« Cette idée me plaît bien. » J’admets alors. « Ça résoudrait pas mal de problème si on pouvait juste l’enfermer dans une petite boite et la jeter au fond d’un placard entre l’ennui et l’oubli. »
« Un sort pire que la mort. » Gold ajoute.
« C’est exactement cela. Je retrouve le maléfique petit lutin. Tu as un charme, un sortilège qu’on pourrait lui lancer ? »
« Non, pas ici mais dans ma boutique. J’ai peut-être ce qu’il faut. »
« Et vous n’avez pas pensé à l’emmener dès qu’on a fait cap sur le Pays Imaginaire ? » Je demande, surprise de son manque de préparation. Le Ténébreux a toujours un coup d’avance d’habitude.
« Non, parce que j’étais prêt à mourir. »
« Je t’aurais dit ce qu’il en était si tu m’avais demandé. » Ma mère réplique dans un éclat de rire sarcastique. « Car souviens-toi qu’on se connaît depuis très longtemps toi et moi et je sais comment fonctionne ton instinct de survie. »
« Il vient à l’instant de se réveiller. »
« Tant mieux, on n’a plus qu’à trouver un plan d’action. Il faut qu’on retourne chez toi, là-bas on prend l’objet magique et on règle tous nos problèmes. »
« Tu veux voyager entre les mondes, rien que ça ? »
« C’est possible non ? » Je demande à Rumple. « Je veux dire, pas pour nous évidemment. Mais les légendes racontent que certaines créatures le peuvent. Les sirènes par exemple. » Le regard de ma mère s’éclaire à cet instant et je sais qu’elle a compris. « Je me disais qu’entre vous deux, il y en avait bien un qui en connaît une. »
« Et tu avais raison. » Ma mère acquiesce.
***
On arrive finalement au bord de l’eau. L’air est déjà un peu plus respirable et je me détend considérablement. Je doute que Peter ne vienne nous attaquer maintenant, il sera sûrement plus concentré sur Emma et les Charmants.
« Alors maman, dis-moi, tu es sûre qu’elle va nous aider ? »
« Oui, pourquoi ? »
« Tu avais un peu de mal à entretenir des bonnes relations dans la Forêt. » Je lui fais remarquer.
« C’est vrai, mais elle nous aidera. »
« Et qu’est-ce que tu lui as fait exactement ? Histoire que je me tienne prête au cas où elle voudrait t’attaquer comme Clochette. »
« Oh ne t’inquiète pas. » Ma mère cherche à me rassurer mais son ton laisse présager la suite de son histoire. « Je lui ai emprunté sa voix pendant quelques années, elle sera sûrement très heureuse de la retrouver. »
« Attends, tu lui as pris sa voix ? Mais c’est qui ta sirène exactement, Ariel ? »
« Tout juste. »
« Oh. » C’est de plus en plus perturbant de rencontrer des gens qu’on a vu en dessins animés. « Mais, c’est pas Ursula qui était sensée lui voler sa voix ? »
« J’avais pris son apparence, disons que la vraie Ursula n’était pas très contente. Maintenant tu permets ? »
Ma mère se saisit d’un gros coquillage et l’approche de sa bouche. Je l’entends vaguement murmurer dedans mais je n’arrive pas à comprendre ce qu’elle dit. Au bout de quelques secondes, une tête rousse sort de l’eau et je comprends que ça a fonctionné.
« Bonsoir Ariel. » Ma mère commence. « Ça faisait longtemps. »
« C’est vrai que les sirènes peuvent voyager entre les univers mais elles ne sont pas fiables. » Gold fait alors remarquer à ma mère.
« Celle-ci l’est. On se connaît déjà et elle va nous aider maintenant. » La sirène semble vouloir répliquer mais aucun son ne sort de sa bouche. « Oh, c’est vrai, ta voix. » D’un geste de la main, ma mère annule son précédent sort.
« Pourquoi je vous aiderai ? »
« Parce que je peux te donner ce que tu veux. » Ma mère affirme et, d’un autre geste de la main, elle fait apparaître un bracelet dans la main de la sirène. « Je peux te donner des jambes Ariel et cette fois tu pourras les contrôler comme tu veux. Mais le plus important, c’est que je peux te donner ce qui te tient le plus à cœur. »
« Et c’est quoi ? »
« La ville où je veux t’envoyer a au moins un habitant qui t’est cher : le beau Prince Eric. » Cela semble avoir obtenu l’attention complète de la sirène en effet.
« Comment s’appelle cette ville ? »
« Storybrooke. »
***
Il y a maintenant plusieurs heures qui sont passées depuis que la sirène est partie en suivant les instructions de Gold. Enfin, je ne sais pas vraiment si ça fait des heures, c’est juste une impression et comme il fait toujours nuit ici, c’est dur de savoir exactement combien de temps est passé. Mais je commence à m’ennuyer fermement alors oui, ça doit faire plusieurs heures.
Je suis allongée dans le sable, les yeux rivés sur le ciel étoilé. Il m’avait manqué. A cause de l’épaisseur de la jungle, c’était impossible de voir le ciel. D’où cette impression de claustrophobie qui m’a envahit ces derniers jours. Maintenant, j’ai enfin l’impression de pouvoir respirer et j’en profite pour me reposer.
« Tu crois réellement que Belle peut réussir ? » J’entends ma mère demander mais je n’écoute que d’une oreille distraite.
« Oui je le crois. »
« Tu es sûr que ce ne sont pas tes sentiments pour elle qui t’aveuglent ? »
« Je crois au contraire que mes sentiments m’ouvrent les yeux. »
« Tu aimes réellement cette fille. » Ma mère semble surprise et je peux la comprendre. Le Ténébreux n’a pas de cœur, c’est en tout cas comme ça que les habitants de la Forêt en parlait.
« Serais-tu jalouse ? »
« De Belle ? Je ne crois pas non. »
« Non, de moi. » Gold la contredit immédiatement. « Parce que j’ai quelqu’un a aimé. »
La réponse de ma mère met du temps à venir et, au milieu du silence, j’entends le mouvement dans l’eau. Je me redresse immédiatement et, en effet, je peux apercevoir Ariel.
« Pardon, je suis en retard. Il y a eu… quelques petites complications. »
« Tu l’as ? » Gold demande alors qu’on s’approche tous les trois du bord de l’eau.
Pour toute réponse, Ariel se contente de fouiller dans son sac et d’en sortir une petite boite qu’elle pose sur le rocher juste devant nous. Gold la prend immédiatement.
« Parfait. » Ma mère semble vraiment satisfaite. « Tu as honoré ta part du marché. »
« A toi d’honorer la tienne. » Je lui rappelle parce qu’elle a vraiment une occasion de prouver qu’elle a changé. Ma mère se contente d’un geste de la main.
« Désormais tu auras des jambes dès que tu le souhaiteras. » Ma mère explique alors. « Ou des nageoires, en fonction de ce que Eric préfère. »
« Merci. »
« Tu peux retourner à Storybrooke, te lancer à sa recherche, le choix te revient. »
« Une dernière chose. » Ariel semble avoir oublier de nous mentionner un détail. « Belle m’a demandé de vous dire que Peter Pan garde une personne prisonnière ici, une jeune fille prénommée Wendy. »
« Évidemment, elle manquait justement. » Je ne peux m’empêcher de noter.
« Ses frères se trouvent à Storybrooke, Belle veut les aider. Elle tient à ce que vous vous assuriez que Wendy va bien. »
« Tout ce qui m’importe c’est de sauver Henry. »
« Réfléchis maman. » Je l’interromps. « Si Peter la garde prisonnière, elle est probablement dans les environs du campement. Ça ne nous coûtera rien d’aller jeter un œil. On a une chance de sauver Henry. » Je lui rappelle en montrant la boite. « Et c’est grâce à Ariel et à Belle. Alors, si elle veulent qu’on cherche cette fille, c’est la moindre des choses que d’accepter. »
« Nous ferons notre possible. » Gold me soutient dans mon choix, sûrement convaincu par l’implication de Belle. « Écoute, quand tu seras à Storybrooke dis à Belle que je l’aime et qu’elle avait raison. Nous allons nous revoir. »
« C’était mignon. » Je lui accorde une fois qu’Ariel est partie. « On peut en revenir au plan maintenant ? Dans les faits, vous savez comment partir ? Parce que ça a été un problème jusqu’à présent. »
« Vous avez un haricot non ? »
« Oui, et il fonctionne ? »
« J’aurais un moyen de le faire fonctionner. Maintenant en route. » Gold ordonne et je peux que hausser les épaules avant de le suivre.
« Partons à l’aventure. »
***
C’est bien la première fois que ça ne me dérange pas de traverser cette jungle. Cette fois, on a un but concret et une vraie chance d’y arriver. En plus, même si je ne l’apprécie que moyennement, la présence du Ténébreux est quelque peu rassurante. Il est très puissant et ça sera un atout une fois face à Peter.
« Malgré nos différents quand il fallait agir, j’ai toujours pu compter sur toi. » J’entends ma mère s’adresser à Gold, quelques pas devant moi. « Contrairement aux autres. Tu avais raison, c’est un poids de les avoir avec nous. »
« Où sont-ils ? »
« Oh, Peter Pan leur a dit que Neal était vivant et Emma a mordu à l’hameçon, ils sont en train de le chercher maintenant. » Ma mère explique d’un air détaché avant de réaliser à qui elle s’adresse. « Oh excuse-moi, je suis désolée. »
« Ne le sois pas, il est vivant. »
« Quoi ? »
« C’était vrai. Mon fils est ici, sur cette île, je l’ai croisé. » Gold se tourne vers ma mère.
« Comment ça tu l’as croisé et vous n’êtes pas restés ensemble ? Tu te rends compte qu’il a peut-être un moyen de quitter l’île ? »
« On s’occupera des détails du retour une fois qu’on aura récupéré Henry, je l’ai déjà expliqué à ta fille. »
« Tu me caches quelque chose. » Ma mère affirme et elle a toujours été assez douée pour ça, sentir quand on ne dit pas toute la vérité. « Que s’est-il passé avec lui ? »
« Écoute, tout ce que j’ai à te dire c’est que la prochaine fois que je le verrais ce sera pour remettre Henry dans ses bras. Et le père et le fils seront réunis. » Gold s’éloigne alors que je m’arrête à côté de ma mère.
« Il va falloir s’en contenter pour l’instant. » Je pose ma main sur son épaule histoire de m’assurer que j’ai toute son attention. « Ne t’inquiète pas, je me doute bien qu’il fera tout pour retrouver Henry et Neal. Quand on aura l’un et l’autre on pourra repartir sans problème. Ensuite on oubliera ce pays de malheur. »
« C’est une bonne idée. Je déteste le Pays Imaginaire. »
« On est deux. »
***
Il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver le Capitaine Jones ainsi que son navire, le Jolly Roger. J’ai attendu que l’équipage se dirige vers la taverne pour investir le bateau à mon tour et trouver l’objet que le Ténébreux m’a demandé de lui ramener. Ça m’a pris du temps et j’ai eu affaire au capitaine mais j’ai réussi à m’échapper après m’être occuper de lui.
J’ai encore les images en tête, l’instant où Crochet est entré dans sa cabine, me trouvant là. Le moment où son regard assassin s’est transformé en quelque chose que je ne reconnaissais pas. Le moment où il a agrippé mon bras et m’a jeté sur sa couche…
Je secoue la tête, comme pour en chasser ce souvenir qui me hantera sûrement encore longtemps. J’ai la bague que cherchait le Ténébreux et je vais m’empresser de la lui ramener, laissant toute cette histoire derrière moi. Je vais recevoir une arme assez puissante pour mettre fin à cette guerre et c’est tout ce qui compte.
« Rumplestiltskin ! » Je crie d’une voix forte qui résonne au milieu de la forêt. « Rumplestiltskin ! »
« C’était rapide. »
« J’ai votre bague. J’ai rempli ma part du contrat, à votre tour. »
« Je ne peux pas. » Le Ténébreux avoue alors, l’air à peine contrit.
« Pourquoi ? »
« Il n’existe aucune arme capable de tuer la reine. »
« Nous avions un accord ! » Je proteste d’une voix forte. « Avez-vous la moindre idée de ce que j’ai dû faire pou obtenir cette bague ? Remplissez votre part du contrat ! »
« Il est trop tard, plus personne ne peut arrêter Regina. »
« Prenez votre bague. » Je réplique, les dents serrées. « La prochaine fois que je viendrais quérir votre aide, vous accepterez sans rien me demander en échange. Est-ce bien clair ? »
« Tu as du cran, j’aime ça. D’accord, faisons comme ça. »
Il tend sa main dans laquelle je laisse tomber la bague avant de m’éloigner. Quelle perte de temps cette histoire ! Les autres avaient raison, on ne peut pas faire confiance au Ténébreux.
***
On a avancé une bonne demi-heure avant que Gold n’affirme qu’on y est presque. J’ai du mal à croire qu’on est proche du campement de Peter Pan cela dit, c’est trop calme. Je m’attendrais plutôt à des feux de camps et des célébrations qu’on verrait et entendrait de loin. Là, la jungle est aussi noire que d’habitude et la seule chose qui prouve qu’on a trouvé quelque chose, c’est l’arrêt brutal de ma mère. Je m’arrête à côté d’elle et, en face de nos, le Clan Charmant avec le pirate alcoolique et la fée déchue.
« Si c’est comme ça que vous comptiez retrouver Henry on arrive juste à temps. » Ma mère cache sa surprise avec du sarcasme.
« Tout le monde va bien ? David ? » Je demande en me tournant vers l’intéressé. Il a l’air en pleine forme cela dit alors j’ajoute rapidement. « L’ombrève, c’est réglé ? »
« Tu savais ? »
« J’avais des doutes. »
« On en reparlera plus tard. » Blanche nous interrompt. « Qu’est-ce que vous faites là ? »
« La même chose que vous, sauf que nous on a une chance de réussir. » Ma mère montre la boite et explique. « La Boite de Pandore. On peut y enfermer Peter pour l’éternité juste en soulevant le couvercle. »
« Il est pas question qu’il s’approche de Henry ! » Neal s’exclame après avoir eu une courte conversation avec Emma et Clochette.
« Bealfire… »
« Pourquoi, mais de quoi tu parles ? »
« D’après une prophétie, Henry causera sa perte. Il est pas venu pour lui sauver la vie, il est là pour l’éliminer. »
« C’est pour ça que tu voulais délivrer Henry avant d’avoir retrouver ton fils. » Ma mère comprend mais je suis toujours sceptique personnellement. « Parce que tu savais qu’il dévoilerait ton secret. »
« J’ai cherché uniquement à protéger Henry et à le reprendre à Peter. »
« Tout devient très clair. » Emma pointe son arme vers Gold. « Vous nous avez laisser avant qu’on arrive sur l’île. »
« Tu voulais être le premier à retrouver Henry. » Le reste du Clan Charmant pointe ses armes vers Rumple.
« Il fallait que tu sois seul. »
« Et qu’aucun des nous ne s’interpose. » Crochet finit la tirade des gentils.
« Pour que tu puisses le tuer tranquillement. »
« Vous n’y arriverez pas. Il faudra d’abord vous débarrassez de nous. » Emma ajoute.
« Bravo, jolie théorie. » J’interviens en ponctuant ma phrase d’applaudissements sarcastiques. « Alors, maintenant que vous avez fini, on peut se poser deux secondes et réfléchir ? Admettons qu’il veuille voir Henry mort. »
« C’est le cas. » Neal m’interrompt mais mon regard le dissuade de continuer.
« Pourquoi il nous aurait donner cette boite capable d’emprisonner Peter ? Pourquoi il serait même venu avec nous ? Je ne sais pas ce que Pan cherche à faire avec Henry, mais je doute que ce soit très amical. Rumplestiltskin ne fait pas d’efforts inutiles et essayer de sauver Henry pour le tuer ensuite ? Ça me paraît être une perte de temps même à moi. »
« Vous faites une grosse erreur. » Gold ajoute à son tour. « Ça m’est égal que le garçon cause un jour ma perte, je ne lui ferais pas de mal ! »
« Ce n’est pas toi qui parle, je dois rêver. »
« Sans moi vous allez échouer. »
« Ça m’arrangerait d’avoir le Ténébreux à mes côtés face à Peter Pan. » J’admets finalement.
« Je suis le plus puissant ! »
« C’est pour ça qu’on ne te fait pas confiance. » Neal réplique, imperturbable.
« Je n’ai pas ma dague mais si je l’avais je te la donnerai. »
« Alors tu n’as qu’à me donner la Boite de Pandore. » Neal parvient à un compromis. « Peu importe que je te fasse confiance tant que je peux te contrôler. »
« Ça me paraît plutôt correcte. » Je fais remarquer à Gold. Après quelques secondes d’hésitation, il finit par tendre la boite à Neal.
« Regarde-moi. » Neal exige ensuite. « Si tu tentes quoi que ce soit qui ressemble à de la magie, tu passeras une éternité dans cette boite. »
« Allons-y. » Emma s’enquit une fois que la boite est en sécurité dans les mains de Neal.
Comme le Clan Charmant semble finalement apaisé, je ne dis plus rien. Je me contente de suivre ma mère et le reste du groupe. On est partis pour un autre périple à travers la jungle, cette fois définitivement en direction du campement de Peter Pan. Je marche juste derrière ma mère et, au bout d’un moment, cette marche me lasse assez pour que j’approche de David. J’ai quelques questions à lui poser.
« Comment tu as réussi à stopper l’ombrève ? » Je lui demande alors et il hésite un peu avant de répondre.
« Crochet m’a fait boire l’eau d’une source qui guérit ce genre de blessure. »
« Je sens venir l’arnaque. »
« L’arnaque c’est que la magie de l’eau est liée à celle de l’île. »
« Autrement dit, si tu pars d’ici la poison revient. » Je comprends facilement. « Ce n’est pas de chance. Qu’est-ce que vous allez faire ? »
« Blanche va rester ici avec moi. Sans Peter Pan dans les parages, l’endroit serait presque agréable. »
« Non mais je rêve ! Qu’est-ce que vous faites d’Emma ? Elle vient à peine de retrouver ses parents et vous l’abandonnez à nouveau ! Et Henry ? Il t’adore et tu es censé lui apprendre à être chevalier ! »
« Tu pourrais le faire… » David commence mais je le coupe très vite.
« Je refuse de croire que c’est la seule solution. Tu dois en parler au Ténébreux, il pourrait t’aider. »
« Mais à quel prix ? »
« Et si je te disais que je m’occupe du prix ? »
« C’est beaucoup trop risqué. » David me donne la réponse évidente mais j’ai de quoi répliquer.
« Il me doit une faveur. »
« Le Ténébreux te doit une faveur, à toi ? C’est plutôt l’inverse d’habitude. »
« Disons que par un concours de circonstances, je me suis retrouvée dans cette situation. » J’explique vaguement sans entrer dans les détails. « Et ce n’est pas cher payé vu ce que j’ai dû traverser pour obtenir cette faveur. Aujourd’hui, je veux t’en faire cadeau parce que tu es quelqu’un d’important pour Henry, tout comme Emma. On est plus ou moins de la même famille non ? »
« C’est vrai, mais je doute que Gold ait ce qu’il faut pour me guérir ici. »
« Il doit y avoir un moyen de te faire tenir jusqu’à Storybrooke. » J’affirme avec beaucoup de conviction. Il y a toujours une solution avec la magie. « Peut-être qu’en emmenant un bout de la magie avec toi ça sera suffisant pour tenir jusqu’à la maison. »
« Peut-être bien. Je ne te savais pas aussi optimiste La Fay. »
« Je suis une rebelle, j’aime défier le destin. »
On finit par repérer le campement de Peter Pan. D’un même mouvement, David et moi on se retourne mais seules Blanche, Clochette et ma mère nous suivent.
« Où sont les autres ? » Je demande alors.
« Ils sont en train de discuter derrière. »
« Allons les rejoindre alors, le campement est juste ici. »
On retourne quelque mètre en arrière, là où le reste du groupe s’est arrêté. On les interrompt dans je ne sais quelle conversation.
« On y est. Leur campement est à côté. » Clochette annonce.
« Alors on y va. Clochette, tu nous fais entrer par derrière. On attrape Henry et on ressort, rien de plus. Tu t’occupes des guetteurs ? » Emma demande finalement à Neal.
« Ouais, je suis paré. »
« Tu permets que je t’emprunte ça ? » Gold demande rhétoriquement à Crochet tout en empoignant son épée. « Vous avez dit pas de magie, je veux bien mais je n’irai pas là-bas armé de mon seul sourire. »
« Et moi je fais comment ? »
« Tiens. » David répond à Crochet en lui lançant une dague. « Au cas où ton sourire ne suffirait pas. »
« Ouais, merci. »
Étonnamment, même moi je finis par avoir pitié du Capitaine et je change sa dague en épée convenable. Il n’aurait pas fait grands dégâts avec une lame aussi courte.
« Merci princesse. » Il dit à mon attention.
« Comment vous savez que c’est moi ? »
« La magie de ta mère est violette, celle du Ténébreux est rouge et je sais reconnaître du bleu quand j’en vois. »
« On y va. » Emma interrompt toute conversation et on prend la direction du campement.
Il ne faut pas longtemps avant de se retrouver à l’orée de la clairière où ils ont trouvé refuge. D’instinct, je cherche Henry du regard mais il n’a pas l’air d’être là. Je suis juste à côté de ma mère, Neal est sur ma gauche et Rumple est un peu plus loin. D’ailleurs, il finit par avoir la magie qui le démange.
« Est-ce que je pourrais utiliser ma magie pour les endormir au moins ? »
« Non. » Neal refuse immédiatement.
« Je vais le faire. » Ma mère propose alors.
« Tu te souviens de la formule ? »
Je ne peux que sourire quand il demande ça, surtout après le regard que lui lance ma mère. Sans rien dire, elle se contente d’un geste de la main et le groupe d’Enfants Perdus tombe comme des mouches.
« Joli. » J’admets alors qu’on se dirige vers le camp. « Alors, et maintenant ? »
« Où est Peter ? » Neal demande quand le reste du groupe nous rejoint.
« Je sais pas. »
On a beau regarder parmi les adolescents, aucun ne ressemble à Peter. Je ne l’ai vu qu’une fois, mais sa tête de fouine est plutôt inoubliable.
« Henry n’est pas là non plus. » Je fais remarquer à Emma qui commence immédiatement à appeler son fils.
« Henry ! »
« Il est forcément là. »
« Oui, mais où ? »
« Aidez-moi ! » Une voix de jeune fille se fait entendre.
Sans réfléchir, je cours dans cette direction. Je n’ai pas oublié la promesse qu’on a fait à Ariel et je ne vois pas qui d’autre pourrait appeler à l’aide à cet instant, c’est forcément Wendy. J’arrive aux abords d’une cage en bois avec une fille à l’intérieur. Je m’approche calmement pour lui montrer que je ne suis pas une menace.
« Wendy, c’est ça ? » Je lui demande quand je suis toute proche de la cage.
« Oui, comment vous connaissez mon nom ? »
« Parce que tes frères te cherchent, ils nous ont demandé de te sauver. » Je lui explique en m’appliquant à ouvrir la cage. « Je m’appelle Morgane et le reste de mes amis ne devraient pas tarder. Tu peux te lever ? »
Pour toute réponse, elle se contente de sortir de la cage. Je ne sais pas depuis combien de temps elle est là-dedans, mais ça semble avoir eu un certain impact sur sa condition physique.
« Tu es sûre que ça va ? »
« Oui, je vais bien. »
C’est à ce moment qu’Emma arrive et Wendy semble vraiment étonnée de voir une adulte au Pays Imaginaire. J’avais oublié que ce n’était plus arrivé depuis le passage de Crochet ici. Et puis Neal nous rejoint et il semble connaître l’aînée des Darling.
« Wendy ? »
« Qui êtes-vous ? »
« C’est moi, Bealfire. »
« Vous vous connaissez ? » Emma demande, l’air aussi perdu que moi.
« Oui, on se connaît. »
« Bealfire, c’est vraiment toi ? » Finalement, Wendy semble le reconnaître et va se jeter dans ses bras. « Je pensais ne jamais te revoir ! Je t’ai suivi jusqu’ici, je suis venue te chercher. »
« T’as fait ça pour moi ? »
« Oui, je ne voulais pas que tu sois seul, sans famille. Tu nous avais dit que ton père et ta mère étaient morts tous les deux. »
« Tu lui as dit que j’étais mort ? » C’est le moment que Gold choisit pour intervenir. Je remarque alors l’arrivée du reste du groupe.
« C’était moins dur que dire la vérité. Mon père m’a abandonné. »
« Vous vous expliquerez plus tard. » Je coupe leur conversation. « Wendy a besoin de soins, ramenons-la au campement et vous pourrez discuter tranquillement. »
***
Après avoir questionner Wendy, j’en ai appris pas mal. D’abord, mon petit frère aurait le cœur du plus pur des croyants et c’est ce que veut Peter Pan. Pour rester éternel apparemment, sinon il va finir par mourir. Henry croit sauver la magie alors qu’il va donner sa vie pour un meurtrier, un menteur et un manipulateur. Sérieusement, et ça vient du même garçon qui voulait détruire la magie il y a quelques semaines.
« Où est-ce qu’ils sont Wendy ? » David finit par demander à la jeune fille.
« Ils allaient au Rocher du Crâne, mais vous devez vous dépêcher. »
« Nous on reste là. » Le Prince continue sur sa lancer, proposant un plan de bataille. « On se chargera des Enfants Perdus quand ils se réveilleront. »
« Vous n’êtes pas obligés. »
« C’est sans discussion. » Blanche conteste sa fille. « Vous le ramenez à la maison et vous lui dites qu’on l’aime. »
« Tu lui diras toi-même quand vous serez revenus du Pique du Mort. Gold te soignera quand on sera à Storybrooke mais il faut emporter de l’eau. »
« Je n’ai jamais donné mon accord. » Le Ténébreux fait remarquer.
« Très bien, donnez un prix. » Je lui propose. « Ou alors vous pouvez tout simplement m’accorder cette petite faveur. »
« Après tout ce que tu as traversé pour obtenir du Ténébreux qu’il te doive une faveur, et tu la gâches pour ce prince ? »
« C’est fou ce qu’on ferait pour la famille, pas vrai ? »
« Oui, et c’est exactement pour ça que je soignerai David. » Gold me surprend totalement en disant cela mais je soupçonne l’influence de Neal derrière tout ça. « Garde ta faveur petite rebelle. »
« Vraiment ? »
« Oui. »
Comme tout le monde semble décider sur ce qu’il va faire ensuite, une idée me vient. Enfin, j’y pensais depuis un moment mais là j’ai enfin l’occasion de mettre mon plan en application. Alors je m’approche de ma mère et je vais lui dire ce que je compte faire.
« Je vais accompagner Blanche et David. »
« Quoi ? Pourquoi ? »
« Pour te dire toute la vérité, je sais qu’on trouve de la poudre de fée ici. » J’admets sans hésiter, ma mère peut bien savoir ce que je prévois de faire. « J’avoue que je comprends mieux l’obsession de Gold à vouloir tout garder sous la main. Je me dis qu’avoir une réserve personnelle de poudre de fée pourrait être très utile. »
« C’est vrai, mais tu es sûre que ça ira ? »
« Je serais prudente et puis c’est vous qui avancez vers Peter Pan, pas moi. Tu auras Gold et Emma avec toi alors je sais qu’ils ne te taperons pas trop sur les nerfs. »
« J’espère bien oui. » Ma mère réplique avant de laisser échapper un soupir. « Très bien, on se reverra sur le bateau je suppose. Sois prudente, d’accord ? »
« Je suis toujours prudente. » Je réplique avant de m’éloigner.
Blanche et David sont déjà plusieurs mètres en avant alors j’accélère le pas pour les rattraper. J’ai encore besoin de me mettre à jour sur ce qu’ils ont découvert apparemment.
« Morgane, qu’est-ce que tu fais là ? » Blanche demande quand elle remarque ma présence.
« J’aimerais agrandir ma collection magique. Je vous accompagne pour un bout du chemin. Alors dites-moi, qu’est-ce que j’ai raté ? »
« Pas grand-chose. » David admet en continuant d’avancer. « Neal était dans la Grotte aux Échos, quand on l’a sorti de là, il est allé chercher l’ombre de Peter avec Emma. »
« J’ai croisé cette fameuse ombre, pas très charmante. En quoi elle va nous être utile ? »
« Elle peut nous guider jusqu’à Storybrooke, même avec le sort de protection de Rumple. »
« C’est toujours bon à prendre. »
« Comment vous avez récupérer la Boite de Pandore ? » Blanche me demande alors.
« On a envoyé une sirène à Storybrooke pour la récupérer. »
« Une sirène ? Laquelle ? »
« Hum… Ariel. Pourquoi, tu la connais ? » Il me semble en effet que l’intérêt de Blanche est suspect.
« Oui, Regina s’était servie d’elle pour m’atteindre. »
« J’aurais dû me douter que ça avait quelque chose à voir avec toi. Bon alors, et ce Pique de la Mort, il est où exactement ? »
« Juste là. » David le montre du doigt. « On en a encore pour un petit quart d’heure. »
« Très bien, je vous retrouve ici alors. Je dois aller par là. »
« Sois prudente ! » Blanche me dit alors que je commence déjà à m’éloigner.
« On croirait entendre ma mère. »
Sans la menace de Peter Pan ou des Enfants Perdus, je suis beaucoup plus sereine à l’idée de m’aventurer seule dans la Jungle Noire. Je serais quand même bien contente quand on aura quitter cette île de malheur. A force de parcourir le Pays Imaginaire de long en large, j’ai fini par les repérer assez facilement. Au sommet de ces arbres, il pousse une sorte de fleur qui produit la poudre de fée. Je comptais toutes les récupérer avant que la magie de l’île ne meure.
Il ne me faut pas trop longtemps pour grimper jusqu’au sommet, je suis encore assez agile pour ça. Je pensais honnêtement qu’au bout de vingt-huit ans de malédiction, j’aurais perdu un peu la main mais apparemment c’est comme le vélo, ça ne s’oublie. Quand j’ai mis la main sur toutes les fleurs, je les mets dans une sacoche et j’y jette un sort afin qu’elles ne fanent pas en cours de route. J’entame alors ma descente.
Je suis soulagée une fois que je pose à nouveau le pied à terre. Je suis quand même bien contente d’en avoir fini avec ça. J’allais pour rejoindre le sentier où j’avais laissé les Charmants quand un bruit m’interpelle. On dirait de l’eau mais la source où David et Blanche sont allés est à l’opposer, ça ne peut donc pas être la même eau. Il y a combien de cascade sur cette île exactement ? Je suis curieuse et comme j’ai encore un peu de temps à tuer, je vais aller voir.
Après quelques minutes à me débattre avec la fourrée, j’atteins une clairière. Et là, étonnamment, en plein milieu de la clairière se trouve une fontaine qui n’a pas du tout l’air naturelle. Je m’en approche avec précaution. La fontaine semble émettre une lueur bleuâtre naturelle qui m’intrigue énormément.
« Je ne ferais pas ça si j’étais toi. » Une voix me fait sursauter et je me tourne dans cette direction.
« Merlin ! Sérieusement ? »
« Désolé, je t’ai fait peur je crois. »
« Non vraiment ? Vous me prenez par surprise sur une île inquiétante et vous vous attendez à un accueil chaleureux ? » Je réplique sans ménagement, encore un peu secouée. « Pourquoi je ne devrais pas m’approcher ? »
« Oh, tu peux. Mais tu devras être prête à faire face à ton avenir. »
« Encore ces questions de destin ? »
« Oui, encore. Est-ce que je te lasse ? » Il me demande et je crois percevoir du sarcasme.
« Je n’ai pas le choix de toute façon, vous me suivez partout depuis presque quarante ans maintenant. » Je tourne mon regard brièvement vers la fontaine, toujours attirée par sa magie. « J’y verrai quoi à votre avis ? Vous connaissez déjà mon avenir non ? »
« Je connais une partie de ton avenir mais ce que tu verras dans la fontaine ne tient qu’à toi. »
« Donc… la réponse qu’elle me donne dépend des questions que je me pose ? »
« Exactement. »
« Vous savez très bien que je suis curieuse. » Je lui fais remarquer. « Vous savez que je ne résisterai pas. »
« Ça valait le coup de tenter. »
« Vous restez le temps que je jette un coup d’œil ? »
« Si tu y tiens. » Il accepte avec un petit hochement de tête.
Je retourne mon attention sur la fontaine et je m’approche. Je ne regarde pas encore dedans, hésitant une dernière fois avant d’inspirer un grand coup. Puis je baisse la tête et je fixe la surface lisse de l’eau. Pendant un temps rien ne se passe puis l’eau se trouble et des images apparaissent. Je ne comprends pas tout, c’est flou. Je crois discerner un royaume mais il semble couvert de… de glace. Je ne reconnais pas l’endroit, je n’y ai jamais mis les pieds mais, quel que soit cet endroit, mon avenir y est lié.
Puis l’eau se fige à nouveau et les images disparaissent. Je m’éloigne de la fontaine et je me tourne vers Merlin. Je suis encore totalement troublée par ce que j’ai vu, je n’y comprends rien.
« Vous m’avez parler de glace il y a quelque temps. » Je me souviens alors. « Un royaume sous la glace, c’est possible ça ? »
« Il existe une forme de magie permettant de manipuler exclusivement de la glace. Je suppose qu’un magicien assez puissant possédant cette même magie pourrait figer un royaume entier. »
« Bien ma veine si je suis celle qui va devoir briser cette malédiction. » Disons que je ne suis pas vraiment emballée par mon avenir.
« Qui a dit que tu devrais briser une malédiction ? A quoi pensais-tu en regardant dans la fontaine ? »
« Je ne sais pas vraiment, j’ai beaucoup de questions en tête en ce moment. »
« Comment veux-tu pouvoir lire la réponse si tu ne connais même pas la question ? » Il me fait remarquer avec justesse.
« Je déteste vos questions. »
« Si tu veux mettre fin à cette conversation je peux m’en aller. »
« Non, la compagnie est plutôt agréable. » J’admets sans difficulté. « Je dois aller rejoindre les autres, vous restez jusque là ? »
« Si tu y tiens. »
Comme on commence à marcher pour rejoindre le point de rencontre avec les Charmants, Merlin ne semble pas d’humeur à laisser le silence régner.
« Tu doutes toujours de ta magie. »
« Peut-elle au moins être bénéfique ? » J’ose enfin demander, espérant pouvoir comprendre ce qui m’habite depuis toujours. « Certains disent que Morrighan est une force destructrice. »
« Son histoire est compliquée. »
« J’ai du temps à tuer, ils ne sont pas encore là. »
« Bien alors je vais te dire ce que j’en sais mais ma connaissance n’est pas absolue. » Merlin commence son explication, prenant place à mes côtés assis contre une souche d’arbre. « Là d’où je viens Morrighan fait partie d’une trinité liée à la Déesse Mère de la Guerre. »
« Destruction donc. »
« Pas vraiment. Elle n’est pas la cause des guerres, elle en est plutôt l’instrument. »
« Je ne comprends pas. » J’admets involontairement mais j’avoue que sèche là.
« Morrighan accompagne les héros dans leurs batailles, de la première à la dernière et c’est elle encore qui accompagne leurs âmes vers leur dernière demeure. »
« Pourquoi une telle puissance alors ? »
« Elle reste une déesse. » Il me dit simplement et ça me suffit comme explication.
« Donc, je peux vraiment aider ma mère à redevenir une bonne personne ? »
« C’est l’une de tes grandes missions, en effet mais tu n’avais pas besoin de moi pour le comprendre. »
« Je tiens à elle, je ne veux pas perdre ma famille. » Je réplique immédiatement, ressentant ce besoin constant de me justifier. « Beaucoup doutent de ses intentions mais moi je le sais, elle est capable du meilleur, elle l’a juste oublié. »
« Tu seras là pour le lui rappeler. » Merlin commence à disparaître et je comprends que notre conversation est terminée. « Peut-être que ton frère pourra t’y aider, qui sait ? Lui aussi a l’âme d’un héros, tu ne crois pas ? »
« J’en suis persuadée. »
Merlin me sourit une dernière fois avant de disparaître complètement. Je ne reste pas seule longtemps cela dit parce que Blanche et Charmant arrive quelques secondes après.
« Vous avez ce qu’il vous faut ? »
« Oui. » David confirme en me montrant sa gourde. « Toi aussi ? »
« Je suis prête. Je veux bien récupérer cette eau quand tu n’en auras plus besoin. »
« Avec plaisir, je ne veux aucun souvenir de cet endroit. Retournons sur le bateau maintenant, plus rien ne nous retient ici. »
***
Finalement, on est à peine arriver au campement des Enfants Perdus. On était en train de tous les ligoter quand Emma, Neal et ma mère nous ont rejoins. Sauf qu’Henry est avec eux, oui, mais apparemment évanouis. Ou plutôt presque morts si on en croit le récit d’Emma.
« Gold est dans la Boite de Pandore ? » Blanche demande alors, semblant intriguée par ce détail. « David ne pourra pas quitter l’île. » Et je comprends tout de suite mieux son point de vu.
« Tu connais l’histoire de Pandore non ? » Je demande à Blanche. « Tu as quand même été institutrice pendant un temps. Pandore ouvre la boite et toutes les plaies du monde en sorte, ça te rappelle quelque chose ? On pourra faire sortir Gold, il faut juste ouvrir la boite. »
« On n’a même plus la boite. »
« La boite sera avec Peter, comme le cœur d’Henry. On la récupérera. »
« Pour l’instant ça importe peu. » David nous coupe dans notre élan. « Ça faisait parti des risques, je m’y attendais. Tout ce qui compte pour l’instant c’est Henry. Combien de temps il nous reste pour le sauver ? »
« Je ne sais pas. » Ma mère répond à sa question. « L’enchantement devrait préserver son corps à peu près une heure. »
« S’il vole, Peter peut être n’importe où sur l’île. »
« Une heure est vite passée, je propose que nous nous lancions à sa recherche. » Crochet intervient à son tour, déjà prêt à repartir dans la jungle.
D’un coup, ma mère se lève et marche d’un pas déterminé vers l’un des Enfants Perdus. De ce que j’ai compris, celui-ci serait un peu comme un lieutenant pour Peter, son bras droit en quelque sorte. Alors, il est évident que ma mère veut obtenir des réponses de ce garçon. Elle l’empoigne fermement par le col de son capuchon et lui parle d’une voix forte.
« Où il est ? »
« Vous ne pouvez rien contre lui, il a déjà gagné. » Le garçon répond d’un ton condescendant. « Peter n’échoue jamais. »
« Tu ne veux vraiment rien nous dire ? Moi je vais te faire parler ! »
« Regina, attendez. » Emma interrompt ma mère en attrapant son bras juste au moment où elle allait arraché le cœur du garçon.
« On n’a pas de temps à perdre ! »
« Je ne suis pas sûre que la torture soit la meilleure méthode. Vous avez vu ces gamins ? Ils en ont déjà assez bavé, il faut essayer autre chose. »
« On a été plus que patient avec eux. » Ma mère lui rappelle. « On ne peut pas leur faire entendre raison. Alors qu’est-ce que vous suggérez ? »
« Je peux toujours essayé de le repérer. » Je propose alors, attirant l’attention de ma mère et d’Emma. « Je ne l’ai vu qu’une fois mais son énergie magique est assez unique. »
« Même toi tu ne serais pas assez puissante pour ça. » Le garçon de tout à l’heure me nargue à nouveau. « Plus rien ne peut l’arrêter, vous arrivez trop tard. »
« J’ai déjà commencé. » J’ignore les propos de ce crétin et me tourne vers ma mère. « Laissez-moi encore quelques minutes. »
« Je vais essayer autre chose en attendant, toi concentre-toi. »
Je m’éloigne un petit peu et tente de bloquer tout mon environnement en fermant les yeux. Je n’ai pas l’habitude de faire volontairement appel à Morrighan mais maintenant que je connais sa nature, je n’hésite plus. C’est donc beaucoup plus facile d’utiliser ce pouvoir et, quand je vois qu’il est difficile de localiser Peter, je me concentre sur Henry. Son cœur est avec l’ennemi, son essence est donc au même endroit que Pan. Et comme je connais mon petit frère par cœur, c’est beaucoup plus facile.
J’ouvre brusquement les yeux et me tourne vers le groupe au moment exacte où Emma parvient à faire parler un petit garçon. Ce dernier donne la localisation de Peter.
« Ne lui faites pas confiance ! » Le petit lieutenant cri et d’un geste de la main je l’endors.
« Il commençait à m’énerver celui-là, ses jérémiades m’ont empêché de me concentrer. » Je dis d’un ton détaché. « L’Arbre de la Réflexion vous dites ? » les Enfants Perdus acquiesce unanimement. « Je sais comment m’y rendre rapidement, on y va ? »
« Neal tu vas rester ici. » Emma commence à établir les rôles de chacun. « Quand on aura récupérer le cœur d’Henry, il faudra être prêts à partir. »
« Et nous, qu’est-ce qu’on peut faire ? » David demande.
« Vous rassemblez les Enfants Perdus, faites-les monter à bord du Jolly Roger et préparez-le à décoller. L’ombre nous y aidera. »
« Très bien alors, je vais préparer mon navire. » Crochet acquiesce, l’air sombre.
« Henry sera constamment avec moi, vous pouvez partir tranquilles toutes les deux. » Neal dit à l’attention d’Emma et de ma mère.
« Tu veux dire toutes les trois. » Blanche intervient. « Je vais peut-être devoir vivre sur cette île pour l’éternité alors si tu crois que je vais renoncer à passer les quelques heures qu’il reste avec ma fille, tu rêves. »
« Toutes les quatre alors, j’en ai marre de rater tout le fun. » J’ajoute précipitamment, anxieuse à l’idée de devoir restée seule avec Crochet ou devant le corps inanimé de mon frère.
« Ok, allons-y. »
***
On a marché aussi vite que possible à travers la jungle de plus en plus dense. Finalement, on arrive dans une petite clairière où, étonnamment, on trouve la Boite de Pandore. Elle est là, posée sur un rocher comme un cadeau. D’instinct, je sors mon épée en même temps qu’Emma ? Ça ne me plaît pas cette affaire, ça sent le piège à plein nez.
On s’engage tout de même dans la clairière, prudemment cela dit. Quand rien ne se passe, Blanche pose son arc et s’approche de la boite, y voyant une occasion de sauver son mari, mais ma mère la retient.
« Méfiez-vous ! Peter l’a sûrement posé là pour une bonne raison. »
« C’est notre seul espoir de rentrer. » Blanche lui rappelle. « Sans Gold on est coincée ici. »
Alors que Blanche s’approche à nouveau de la boite, des lianes viennent l’enlacer et la plaquer contre un arbre. Je me retourne précipitamment, m’attendant à voir Peter mais c’est une autre liane que je vois et elle m’attrape avant que je ne puisse faire quoi que ce soit.
Nous voilà toutes les quatre coincées contre un arbre, incapable de nous défaire de nos liens. Les miens semblent même se serrer de plus en plus
« Vous n’avez pas encore abandonner ? » Peter choisit ce moment pour apparaître. « Vous n’êtes pas au courant ? Peter Pan n’échoue jamais. » Il fanfaronne en empoignant l’épée d’Emma. « Je ne m’attendais pas à ce que vous me retrouviez. Cela dit ça ne devrait pas me surprendre, vous êtes des mères pour la plupart, elles ne renoncent pas facilement à leurs progénitures. D’une certaine manière je peux le comprendre mais si vous chercher à revoir Henry, je peux vous garantir que le seul moment où vous serez réunis ce sera dans la mort. »
« Pourquoi on le laisse faire son discours de grand méchant déjà ? » Je décide d’intervenir, histoire de le couper dans son élan. Sa tirade commence à me lasser.
« Parce que vous n’avez pas le choix. Vous ne pouvez pas bouger et ce n’est pas étonnant vu l’endroit où vous êtes. Ce qui accélère votre mort, ce sont vos regrets. » Quand il dit ça, je comprends pourquoi mes liens sont de plus en plus resserrés.
« Quoi, qu’est-ce que tu racontes ? »
« Cet arbre a été témoin d’un évènement crucial pour moi. J’ai abandonné mon fils ici. »
« Tu as un enfant ? » Ma mère semble aussi étonnée que moi. En même temps, Peter n’est encore qu’un gamin.
« Je suis plus vieux que j’en ai l’air. »
« Alors toi aussi tu dois regretter de l’avoir abandonné. »
« Pas du tout ! » Peter nie en allant chercher la boite qui est toujours sur son rocher. « J’en suis très heureux au contraire et maintenant que je l’ai enfermé dans cette boite, je ne le perdrai plus jamais. »
« Rumplestiltskin est ton fils ? »
« Oh oui. »
« Enfin comment c’est possible ? » Blanche demande précipitamment. « Tu es… »
« Plus jeune que lui ? En apparence, un peu comme ta fille et toi. »
« Tout ça, c’est du bluff. Tes pouvoirs ont diminué, en fait tu ne peux rien contre nous et encore moins contre Rumplestiltskin ! »
« Oui c’est exact et c’est pour ça que je suis venu ici. Cet arbre me protégera jusqu’à ce que je retrouve tous mes pouvoirs. Et ensuite… Ensuite je vais vraiment pouvoir m’amuser. Et je n’aurais plus jamais à me soucier de mon fils. Voilà au moins une chose que nous aurons bientôt en commun. »
« Il y a forcément un moyen. » Emma affirme sans perdre espoir.
« Non vous ne pouvez pas vous échapper. Parce que cet arbre se nourrit des regrets de ceux qui l’approche hors toi tu en as beaucoup. » Peter pointe le bout de l’épée vers Emma.
« Je regrette de ne pas t’avoir couper en deux quand j’en avais l’occasion. »
« Il y autre chose qui te ronge. Non, j’ai le cœur de ton fils dans ma poitrine alors je ressens mieux que personne à quel point tu l’as déçu encore et encore. »
« Fiche-lui la paix maintenant. » Blanche tente de défendre sa fille.
« Peut-être que je devrais. Après tout, comment aurait-elle pu être une bonne mère quand on voit l’exemple que tu lui as donné en l’abandonnant pendant vingt-huit ans. »
« Sérieusement, tu parles beaucoup trop c’est exaspérant. »
« Oh Morgane. » Ça aura au moins eu l’avantage de détourner son attention vers moi. « La liste est trop longue, je ne saurais par où commencer. Tes parents, ta marraine ou les rebelles ? Ou peut-être simplement elle, ta mère, celle qui préférera toujours ton frère. »
« Tu as fini ton numéro ? »
« Le mot de la fin reviens à la Reine. Toi qui as tant à regretter, tu veux peut-être soulager ta conscience avant de mourir ? »
« Oui, mais il y a un problème tu vois ? Je suis à l’origine d’une malédiction qui a détruit un royaume tout entier, j’ai torturé et tuer un nombre incalculable de personne y compris l’homme que ma fille aimait, j’ai fait des choses terribles je devrais me sentir affreusement coupable et pourtant… je n’ai pas le moindre regret. »
« Quoi ? » Je suis plus que surprise de l’entendre dire ça mais j’en vois immédiatement l’utilité quand les lianes tombent autour de nous.
« Parce que c’est ce qui m’a mené à mes enfants. »
Je vois ma mère plonger sa main dans la poitrine de Peter et en extraire le cœur d’Henry. Pan tombe à genoux, clairement affaibli. Il tend la main vers la Boite de Pandore mais ma mère s’en saisit avant qu’il n’y parvienne.
« Maintenant, il ne reste plus qu’à sauver Henry. »
D’un geste de la main, je nous téléporte près du rivage. J’ai encore un peu de mal avec ce pays, la jungle interminable n’aide pas vraiment à se souvenir d’un endroit précis. Alors je suis retournée sur la plage où on a appelé Ariel tout à l’heure et c’est déjà bien suffisant. Le Jolly Roger est en vu et il ne nous faut pas beaucoup plus longtemps pour rejoindre son bord. Je pourrais me détendre quand mon petit frère aura récupérer son cœur.
Heureusement, Neal est déjà là et ma mère se précipite vers Henry, le cœur dans sa main. Elle s’empresse de le replacer dans sa poitrine, sous l’œil inquiet d’Emma. Pendant un temps, rien ne se passe et ça tire en longueur, tellement que la blonde commence à douter.
« C’est trop tard ? »
« Henry, aller chéri. »
C’est là qu’Henry prend une grande inspiration et ouvre les yeux. Tout le monde laisse échapper un soupir de soulagement. Je suis heureuse de savoir qu’il va bien et que cette aventure peut enfin prendre fin. Henry se relève déjà et finit dans les bras de ses deux mères, je ne peux m’empêcher de sourire face à cette scène.
« Hey doucement. » Neal dit en souriant à son fils. « Tu reviens de loin petit gars. »
« Pardon, j’ai… je voulais sauver la magie. »
« Il y a quelques temps encore tu voulais la détruire, drôle de revirement. »
« Je voulais devenir un héros. » Henry avoue et mon sourire grandit à nouveau.
« Tu as largement le temps pour ça. »
« Là il faut te reposer. »
« Bienvenue à bord moussaillon. » Crochet accueille son nouvel arrivant avec la forme. « Je veux que mon invité d’honneur soit bien installé. Dans la cabine du Capitaine. »
« Aller viens, je vais te border. »
Henry ne pense même pas à protester. Je serais bien allée m’assurer qu’il aura tout ce qu’il faut mais l’idée même de me retrouver dans cette cabine me répugne. Je préfère rester sur le pont supérieur du navire et je laisse mon regard se perdre sur la mer. Je serais plus sereine quand on aura enfin quitter cet endroit. Tout est sombre ici, j’ai hâte de rentrer.
« Morgane, tu peux venir ouvrir la boite ? » Blanche vient me demander, me tirant de ma rêverie.
« On peut faire sortir mon père, vraiment ? » Neal ne semble pas vraiment y croire mais je peux le comprendre, cette boite est un artefact magique très peu connu.
« Je devrais pouvoir y arriver, donnez-la moi. »
Je la prends en main et il ne faut pas longtemps pour que j’en saisisse la nature. En quelques secondes, le mécanisme se met en marche et une fumée rouge en sort. La fumée se solidifie et prend la forme de M. Gold, lequel semble étonné de se trouver là. Je note aussi que Neal semble soulagé de revoir son père, pour autant qu’il prétende ne pas lui faire confiance.
« Bien, voilà une bonne chose de faite. Je vais m’assurer que tout va bien avec Henry. »
En vérité, je n’ai vraiment aucune intention de mettre les pieds dans la cabine du capitaine. Je veux juste les laisser à leur retrouvaille et Neal se chargera lui-même d’informer son père des derniers évènements. Je voulais m’isoler mais c’est quasiment impossible avec les Enfants Perdus qui se sont joints à l’aventure.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » J’entends Neal demander et je me retourne précipitamment.
Gold semble perturbé, comme figé. Je reconnais les symptômes, il a senti quelque chose. Alors je me concentre et je m’applique à trouver de quoi il peut s’agir.
« Peter ! » Je m’exclame quand je reconnais son énergie magique. « Il nous a suivi jusqu’ici ! »
Immédiatement, Gold disparaît dans un nuage de fumée rouge et je devine exactement où il est allé. Je vais pour le rejoindre, descendant sur le pont inférieur. Je croise ma mère en cours de route mais dans ma hâte, je ne m’arrête pas pour lui expliquer la situation. Quand on arrive, tout est déjà régler de toute façon. Gold s’est occupé d’enfermer Peter dans la Boite de Pandore. Pendant que ma mère se précipite vers Henry, je me tourne vers le Ténébreux.
« C’est vraiment régler cette fois ? »
« Je crois bien que oui, à moins qu’il ne te reprenne l’envie d’ouvrir la boite ? »
« Moi c’est Morgane, pas Pandore. » Je réplique avec sarcasme. « Gardez-la sous scellé, je vous fais confiance pour ça. »
« Il est résistant ce petit. » Gold dit d’une voix forte, s’adressant à ma mère. « Tu l’as bien élevé. »
Il quitte ensuite la cabine et c’est là que le regard de ma mère tombe sur moi. Enfin je suppose parce qu’en ce qui me concerne, je suis envahit par les souvenirs. Je n’ai mis les pieds ici qu’une fois mais ça a été suffisent pour que chaque centimètres carré de cette pièce soit imprimé dans ma mémoire.
« Morgane, ça va ? » La voix de ma mère me sort de mon souvenir et je secoue la tête pour l’en chasser.
« Je crois oui. Je vais t’attendre dehors si ça ne te dérange pas. »
Je n’attends pas sa réponse et remonte sur le pont, essayant vainement de plus penser à cette nuit d’il y a trente ans.
***
« Ok, c’est quoi le plan pour rentrer ? » Je demande à Neal qui tient sa noix de coco entre les mains. « Il y a bien l’ombre de Peter là-dedans, non ? Comment ça marche ? »
« On s’en sert comme voile pour s’envoler. Avec ton haricot ça ira encore plus vite. »
« Autrement dit il faut s’arranger pour forcer l’ombre à rester sous une certaine forme et maintenir le portail à la verticale en même temps ? »
« A nous deux ça devrait aller. » Ma mère me rassure immédiatement. « Je m’occupe de la voile et je te laisse gérer le haricot. »
« Ouais, sans pression donc. »
J’ai beau faire la maligne, je n’ai que très rarement utiliser ma magie et toujours pour des sortilèges mineurs. Je peux faire un champ de protection, ça s’est facile j’ai eu des années d’entraînement avec les rebelles, ce n’est pas pour rien que ma mère ne nous a jamais trouvé. Je peux vaguement jeter quelques boules de feu, j’ai déjà eu recours à cette arme. Et invoquer des objets est devenu comme une seconde nature depuis que je suis à Storybrooke. Mais garder sous une certaine forme une magie aussi puissante qu’un portail ? J’ai quelques doutes. Je me rassure en me disant que, cette fois, je n’aurais pas peur d’utiliser toute la puissance de Morrighan. Là, ça devrait aller au moins le temps qu’on arrive à Storybrooke.
Tout le monde est en position. Neal tient sa noix de coco prête devant un canon, Emma a en main le briquet qui permettra de l’allumer et j’échange un bref regard avec ma mère. On est prêts. Emma allume le canon, Neal ouvre la noix de coco une demi-seconde avant que le coup ne parte et l’ombre est projetée vers les mâts. Ma mère use alors de sa magie pour la forcer à prendre la forme d’une des voiles.
« Vous croyez qu’il va voler ? » Emma demande, les yeux fixés sur l’ombre.
« Il n’aura pas le choix ! »
« Alors fichons le camp d’ici. »
« Comme tu voudras ma jolie. » Crochet lui répond en prenant place derrière la barre. « C’est quand tu veux princesse. »
Quand le bateau commence à s’élever dans les airs, je connecte ma magie à celle du haricot avant de le jeter dans les airs aussi loin que possible. Quand le portail s’ouvre, je m’assure qu’il reste bien à la verticale jusqu’à ce qu’on y passe. Le voyage est un peu turbulent mais on arrive bientôt aux abords de Storybrooke.
Une fois qu’on a traversé la barrière magique de Rumple, Crochet effectue une descente vers le port de Storybrooke et j’ai enfin l’impression de pouvoir respirer. L’amerrissage est un peu brutal mais on fera avec, au moins on est rentrés. Ma mère s’approche immédiatement de moi sûrement pour s’assurer que le sortilège ne m’a pas trop coûté.
« Tu vas bien ? »
« Oui, ça ne m’a pris quasiment aucune magie. On devrait y aller, j’ai hâte d’être à la maison. »
« Il y a un joli comité d’accueil on dirait. » Ma mère me fait remarquer en indiquant les quais.
« Génial, j’adore les bains de foule. »
« Tu peux toujours te téléporter directement à la maison. Ou est-ce qu’il y a quelqu’un en particulier que tu voudrais revoir ? »
« Non, il n’y a personne ! » Je réplique vivement, piquée par son allusion. « Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler. »
« Oh je pensais à une certaine serveuse qui semblait te plaire il n’y a pas si longtemps. »
« C’est ridicule et arrête de me taquiner sur ça. C’est petit, même pour toi. »
« Oh aller, laisse-moi en profiter maintenant que tu sembles enfin retrouver des couleurs. » Je ne m’attendais pas à ce qu’elle remarque ce détail, ou que mon mal-être se remarque sur mon visage.
« Ce n’est pas moi qui ai perdu des couleurs, c’est le Pays Imaginaire qui était trop sombre. Je crois surtout que ma magie était en conflit avec celle de l’île d’une certaine façon, comme si elles ne pouvaient pas exister au même endroit en même temps. »
« Mais ça va mieux depuis qu’on est rentrés, pas vrai ? » Ma mère tient à s’assurer et je n’hésite pas à apaiser ses craintes.
« Je vais mieux et ce voyage aura eu du bon, j’ai enfin pu en apprendre un peu plus sur cette magie et je n’en ai plus peur maintenant. On a retrouvé Henry, on est enfin à la maison et on va pouvoir se contenter d’essayer d’être une famille. Tout va pour le mieux non ? »
« Tu as raison. »
***
« Peter est dans la boite, son lieutenant est en prison et même Pandore ne pourrait pas venir récupérer sa boite si elle le voulait. » Je résume brièvement la situation.
Quand la foule s’est dissipée, notre petit groupe ne s’est pas vraiment séparé. On a tous accompagnés Gold dans sa boutique pour s’assurer qu’il mettrait la boite, et par conséquent Peter, en lieu sûr.
« Il n’y a plus trop de quoi s’inquiéter non ? »
« En effet. » Gold acquiesce après ma question. « Personne ne touchera cette boite. Tant que je serais vivant, ce garçon restera ici. »
« Une éternité enfermé dans la boutique du Ténébreux, on ne fait pas pire en matière de sentence. » Je conclue en prenant la direction de la sortie. « C’est l’heure de la célébration, non ? Je ne sais pas vous, mais j’aimerais me changer avant de passer la soirée chez Granny. »
« Et je suis tout à fait de son avis. » Emma m’appuie immédiatement. « Alors en route, on se retrouve là-bas. »
***
Je ne dirais pas que la soirée touche à sa fin mais il commence à se faire tard et je peux comprendre que ma mère ait envie de rentrer. Ce qui m’étonne, c’est qu’Henry soit avec elle. Je ne suis même pas sûre de me souvenir de la dernière fois où il a dormi à la maison. Mais je ne dis rien et me contente d’acquiescer quand ma mère m’annonce qu’ils vont rentrer.
« Je vais rester encore un petit peu si ça ne te dérange pas. »
« Bien sûr que non, mais sois rentrée pour vingt-trois heures. »
« Je n’ai même pas le droit à la permission de minuit ? Tu parles d’un conte de fée. » Je marmonne de manière parfaitement audible, m’attendant à récolter au moins un petit sourire de la part d’Henry mais rien.
« Tu voulais une mère ? Eh bien c’est à ça que ça ressemble. Vingt-trois heures, ne sois pas en retard. »
« Oui chef. »
Elle ne relève pas mon sarcasme et se contente de s’éloigner avec Henry. Je reste quelques secondes à fixer la porte, même après qu’ils soient partis. Je ne peux m’empêcher de trouver qu’il y a quelque chose de changer avec mon petit frère. Après, je ne l’ai pas vu depuis un moment et il y a des lustres que je n’ai pas passé la journée avec lui. Peut-être qu’il rentre seulement dans une phase pré-adolescente un peu bizarre, qu’est-ce que j’en sais ?
Je décide d’obtenir des réponses auprès d’une des seules personnes qui le voient tous les jours : Emma. S’il y a réellement quelque chose changer chez mon petit frère, elle l’aura sûrement vu aussi. Elle est en train de discuter avec ses parents mais je m’approche dès qu’ils ont l’air d’avoir fini. Je n’échange que quelques banalités avant de rentrer dans le vif du sujet.
« Je sais que, techniquement, on est là pour célébrer une victoire. » Je commence, essayant de trouver les mots justes pour m’exprimer. « Et je ne veux pas être la fille qui crie au loup alors qu’il n’y a rien mais… j’ai un mauvais pressentiment à propos d’Henry. Il n’avait pas l’air lui-même ce soir. »
« Tu l’as remarqué ? »
« Alors ce n’est pas que moi ? »
« Non, j’ai eu des doutes quand je lui ai tendu son livre de conte et qu’il l’a regardé comme si c’était la première fois qu’il le voyait. » Emma m’explique à voix basse, comme si elle ne voulait pas être entendue. « Je pensais qu’il était simplement fatigué ou que le Pays Imaginaire lui avais mis un coup mais… »
« Tout ce que je sais, c’est que son regard a changé. » Je l’interromps précipitamment. « Peut-être qu’il lui est arrivé quelque chose de vraiment traumatisant là-bas, je ne sais pas… Mais j’ai l’impression que ce n’est pas vraiment Henry qu’on a récupéré. »
« Gardons l’œil ouvert. S’il y a du nouveau préviens-moi. »
« A vos ordres shérif. »
***
Quand Emma nous a appelé, ma mère et moi avons filé au couvent avec Henry. Je sais que si le Clan Charmant au complet est inquiet, il y a de quoi paniquer.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Ma mère demande dès qu’on arrive à hauteur d’Emma et de ses parents. Neal et Crochet sont là aussi mais je vais me contenter d’ignorer la présence du pirate.
« L’ombre l’a tué. » David lui répond.
« L’ombre de Peter ? Je l’ai emprisonné dans la voile. »
« Eh bien elle s’est libérée. » Emma constate avec résignation.
« Viens Crochet, on va récupérer la bougie sur ton bateau. » Comme Crochet acquiesce, Neal continue. « Si elle attaque encore, on pourra la capturer. »
« Peter est derrière tout ça. »
« Mais il est dans une boite, enfermé sous le plancher de la boutique de Gold. » Ma mère lui rappelle alors.
« Qui ça pourrait être d’autre ? »
« Peter peut s’en prendre encore à moi ? » Henry demande en se tournant vers notre mère.
« Ça on n’en sait rien. »
« Mais on peut se dire qu’il est toujours une menace. »
« Et qu’il attaquera Henry. » Emma ajoute.
« Alors il faut pas que je reste là. »
« Il a raison, dehors il est en danger. »
« Tu vas me protéger, hein ? » L’attention toute entière d’Henry est sur notre mère.
« Oui voyons. »
Elle le prend dans ses bras et Henry ne réagit pas, ce qui me fait tiquer en même temps qu’Emma. Je crois qu’elle l’a remarqué parce qu’elle se contente d’un regard entendu dans ma direction avant de poursuivre à l’attention de ma mère.
« Vous deux allez-y, on s’occupe de l’ombre. »
Elle les laisse s’éloigner un peu avant de prendre ma mère à part. Je les observe de loin, ne parvenant pas à comprendre ce qu’elles se disent. Mais les débats semblent animés, comme bien souvent quand elles se retrouvent à discuter seules.
Dès qu’Emma nous rejoint, je ne laisse plus personne parler et je nous téléporte directement dans Storybrooke, juste devant la boutique de Gold. Il semble quitter l’endroit avec Belle mais je pense qu’on aura tôt fait de le faire rebrousser de chemin.
« Je suis désolé mais nous sommes fermés. » Gold nous dit dès qu’il nous aperçoit. « Quel que soit votre soucis, ma journée est finie. »
« La Boite de Pandore, donnez-la-moi. » Emma exige sans tenir compte des explications du Ténébreux.
« Pourquoi la voulez-vous ? »
« On doit l’ouvrir. »
« Pour que Peter s’échappe ? Vous avez perdu la tête. »
« Il arrive à contrôler l’ombre même s’il est enfermé. » Blanche lui explique. « Henry est en danger. »
« Vous pensez que libérer Peter changera ça ? »
« Oui. » Emma affirme d’un ton sûr. « On va se débarrasser de lui définitivement. »
« Pardonnez-moi Mlle Swan mais nous avons déjà eu beaucoup de mal à le capturer, alors ce que j’éviterai de faire c’est tenter le diable. »
« Mon but c’est pas de le garder prisonnier. Ce serait pas mieux s’il était plus là ? »
« A quoi pensez-vous ? » Gold semble enfin être du même avis que nous.
***
On est arrivé aux limites de la ville. Plus loin, la magie n’existe plus et c’est sur ce fait que se base le plan d’Emma… et le mien accessoirement, même s’il est totalement différent de celui de la Sauveuse. Quand je la vois sortir son arme, je comprends qu’elle est prête pour une exécution des plus sommaires. Quand Gold ouvre la boite et que Peter apparaît, je sais qu’il ne lui reste plus longtemps à vivre.
Mais l’attitude du jeune garçon est différente de d’habitude, il a l’air… perdu. Une expression que je n’ai jamais vu sur le visage de Peter. Je m’attendais à ce qu’il attaque directement, d’ailleurs je tenais ma magie prête au cas où. Mais rien, il se contente de regarder autour de lui avec étonnement avant de poser les yeux sur Emma.
« Maman ? » Il demande alors et je comprends que ma théorie farfelue ne l’était peut-être pas tant que ça.
« Quoi ? »
« Vous attendez quoi ? Tuez-le ! » Gold la presse mais je les interromps.
« Non, surtout pas ! » Le reste du groupe me regarde, étonnés. « C’est peut-être le corps de Peter mais c’est Henry à l’intérieur. »
« C’est vrai, Peter il a pris… il a échangé nos corps ! »
« Tu penses que je vais croire ça ? D’où te vient une idée pareille déjà ? »
« Hier soir, on a toutes les deux remarqué quelque chose de différent chez Henry, pas vrai ? » J’attends qu’Emma acquiesce avant de poursuivre. « Au début, je pensais vraiment qu’il avait juste du mal à digérer l’épisode du Pays Imaginaire. Jusqu’à ce matin en tout cas. Quand tu nous as dit que l’ombre avait attaqué les fées, j’ai compris. »
« Il a fait l’échange au moment où M. Gold le mettait dans la boite. » Henry continue d’appuyer mes propos, clairement peu rassurer d’avoir un flingue pointé sur lui même s’il tente de s’approcher d’Emma.
« Restes où tu es. »
« Tuez-le Emma ! » Gold insiste encore alors je le fige..
« Peut-être qu’il dit la vérité. Peut-être qu’on a là l’explication sur l’attitude d’Henry depuis notre retour. »
« C’est le cas Emma. » Je l’encourage un peu plus à nous croire. « Regarde-le. »
« Très bien. Si t’es vraiment Henry, t’as qu’à le prouver. Dis-moi une chose qu’il est le seul à savoir. »
« Euh… J’ai été coincé dans la mine, j’ai essayé de faire sauter le puits et j’adore le chocolat chaud à la cannelle ! »
« Ça ne prouve pas que c’est lui. » Blanche fait remarquer. « Henry a pu lui raconter ça quand il était sur l’île. »
« Peter connaît peut-être certains faits mais y a pas que ça dans la vie, y aussi des moments particuliers et il les connaît pas forcément. La première fois où a parlé, tu t’en souviens ? » Emma demande en direction d’Henry. « La première fois où on a eu un vrai contact. »
« Ouais. »
« C’était où ? »
« A mon château. » Henry répond sans hésiter. « Juste après ton arrivée à Storybrooke. »
« Et qu’est-ce que tu m’as dit ? »
« Que je savais pourquoi tu m’as abandonné. »
« Pourquoi ? » Emma l’interroge encore, semblant étonnée de le voir répondre avec autant de justesse.
« Tu voulais que j’ai toutes mes chances. »
Après ça, Emma baisse lentement son arme et la range. Finalement, elle le croit. Je leur laisse quelques secondes d’embrassade avant de les interrompre.
« Pardon de vous interrompre mais le vrai Peter court toujours. » Je leur rappelle. « Et vous ? » Je poursuis en me tournant vers Gold toujours figé. « Si je vous libère, vous promettez de ne rien lui faire ? »
Bien sûr, il ne peut pas répondre mais je lui laisse le bénéfice du doute. Une fois que Gold est libéré de son sort, je me tourne vers Henry qui vient me prendre dans ses bras à mon tour.
« Comment t’as su que c’était moi ? »
« Je ne sais pas vraiment, sûrement que tu déteins sur moi. » Je réponds dans un sourire en m’écartant un peu de lui. « On va vite récupérer ton corps maintenant, cette tête de fouine ne te va vraiment pas. »
« Si lui est avec nous, où est Peter ? » David demande et je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel.
« Échange de corps, vous vous rappelez ? Il est avec ma mère. »
« Où est-ce qu’elle aurait emmené pour le protéger ? » Après la question de Blanche, je me laisse quelques secondes de réflexion.
« Son caveau, il est protégé par la magie du sang. Personne ne peut franchir la barrière de protection à une exception près. »
« Toi. » David comprend facilement. « Tu nous y emmènes ? Elle risque d’être en danger si elle est seule avec Peter. »
« Je pensais exactement à la même chose mais pour affronter Peter, il nous faudra des renforts. »
***
« Regina ne décroche toujours pas. » Emma fait remarquer après sa cinquième tentative.
« Elle est sous terre, la connexion est peut-être mauvaise. On est presque arrivés de toute façon. » Je ralentis légèrement le pas quand je remarque trois silhouettes devant le caveau de ma mère. Quand on s’approche, je reconnais Neal, Clochette et Crochet. « Les renforts je suppose ? »
« Vous avez trouvé l’ombre ? » David demande à Clochette.
« Pas encore. »
« Mais on pourra lui régler son compte. »
« Pour l’instant c’est Peter qui nous intéresse. » Gold nous rappelle. « Pourquoi nous restons planter là ? »
« Ça ne s’ouvre pas. »
« Je suppose que personne ne vous a dit pour la magie du sang ? » Je passe à côté de Neal et m’arrête devant la porte. « Et les dix autres sortilèges qu’elle a lancé pour protéger Henry. Ça risque d’être un peu plus long que prévu, je doute que même moi je puisse l’ouvrir. »
« Elle te fait confiance. » Emma intervient. « Essaies au moins. »
Je pose la main sur le battant de la porte et tente de pousser. Pendant un temps, rien ne se passe évidemment. Alors j’use un peu de magie et je tente de baisser les barrières de ma mère. Je dois l’admettre, c’est du beau travail et même Peter aurait du mal à l’ouvrir… s’il n’avait pas été inviter à entrer directement. Finalement, la porte s’ouvre en grand et je ne peux que sourire, satisfaite.
« Elle doit déjà savoir qu’on est là. » Je fais remarquer au reste du groupe. « Si elle nous prend pour Peter elle risque de nous attaquer immédiatement alors soyez sur vos gardes. »
Gold prend la tête de notre petit groupe et je le suis rapidement. Je suppose qu’on sera les plus à même d’annuler la magie de ma mère si elle décide vraiment de nous attaquer. Sauf qu’en arrivant en bas, je remarque tout de suite quelque chose d’étrange. L’endroit est sens dessus dessous, comme si quelqu’un avait retourné tous les tiroirs pour les fouiller.
Puis je vois ma mère, allongée sur le sol inconsciente. Je n’ai pas le temps de réfléchir, mes jambes me portent vers elle et je m’agenouille à ses côtés.
« Maman ? »
Je tente de la secouer un petit peu, des fois qu’elle serait seulement vaguement endormie. Mais elle ne réagit pas et j’aurais pu paniquer sauf que je sais qu’elle est en vie et ça me suffit pour le moment. Je passe ma main sur son visage et, après quelques secondes, elle commence à ouvrir les yeux.
« Morgane ? »
« Hey. »
« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Ma mère demande en voyant le groupe rassembler autour d’elle.
« C’est Henry, ou plutôt Peter qui a réussi à prendre son corps. »
« Et je n’ai rien vu ? »
« Personne n’a rien vu. » Blanche lui fait remarquer.
« Je voulais tellement croire ce qu’il me disait que je n’ai pas fait attention au reste. Je voulais tellement croire qu’il avait encore besoin de moi comme mère. »
« J’ai besoin de toi. » Henry parle avec la voix de Peter.
On leur laisse quelques secondes d’embrassade… Sérieusement, c’est la journée internationale du câlin ou quoi ? Enfin bref, finalement David nous ramène à ce qui est important. Peter voulait venir ici pour prendre quelque chose, on doit savoir quoi.
« Alors, c’est quoi ce que Peter est venu chercher ici ? » Personne ne répond mais Gold semble avoir trouver quelque chose. « Qu’est-ce qu’il y a ? » David lui demande alors.
« Ne me dis pas que tu le gardais ici. » Gold se tourne vers ma mère.
« Où voulais-tu que je le mette ? »
« Qu’est-ce que c’est, il a pris quoi ? » Emma semble aussi impatiente que moi de connaître la réponse.
« Le Sort Noir. »
« Parce que vous l’avez écrit ? » Je ne peux m’empêcher de trouver ça stupide. « Pas la meilleure de vos idées Gold. »
« Parce que tu crois que j’ai écrit cette formule ? »
« Non, vous avez raison. C’est une magie trop puissante même pour vous. Mais quand même ! Pourquoi personne n’a détruit le papier sur lequel le sort est écrit ? »
« Personne n’était sensé pouvoir entrer. » Ma mère me rappelle. « Ce qu’on doit surtout savoir, c’est pourquoi Peter voudrait cette malédiction. Je l’ai déjà utilisé. »
« Et je l’ai brisé. »
« Cela ne l’empêchera pas de l’utiliser encore et cette fois vos parents n’auront rien prévu pour la contrer. » Gold explique en faisant les cents pas. « Et vous ne serez pas en mesure de la briser. »
« A quoi ça servirait puisqu’on est déjà là ? » David demande.
« Si on lance la malédiction aujourd’hui sur Storybrooke, qu’est-ce qui se passera ? »
***
Comme on voudrait tous éviter l’annihilation totale de Storybrooke, on s’est pris quelques minutes pour décider d’un plan. Il n’existe qu’un moyen d’annuler le sortilège et c’est de détruire le parchemin. Comme il est en possession de Peter, il faut s’arranger pour rendre son corps à Henry afin qu’il ramène le parchemin. C’est un contre-sort compliqué qui demande beaucoup de puissance alors nous n’avons pas le choix.
Diviser pour mieux régner donc. Gold part avec Emma, Blanche, Belle, Henry et ma mère afin de restituer son corps à Henry et récupérer le parchemin du Sort Noir dans le même temps. Je pars avec David, Neal, Clochette et Crochet afin de récupérer la baguette de la Fée Noire. J’ignorais qu’elle se trouvait ici et même que les Fées l’avait gardé. Tant de puissance en train de dormir paisiblement dans le couvent de Storybrooke, quel gâchis.
Quand on est arrivés chez les Fées, l’ombre n’a pas tardé à faire son apparition. C’est à cause de ce genre d’imprévu que j’ai décidé de venir avec eux. L’ombre est aussi puissante que Peter, si ce n’est plus. En un geste, elle peut vous faire subir un sort pire que la mort.
« Alors tout ce qu’on a à faire, c’est allumer cette bougie ? » David tient à s’assurer une dernière fois. « C’est comme ça que vous l’avez capturer au Pays Imaginaire ? »
« Oui, mais cette fois on s’en débarrasse pour de bon. »
« Je vais attirer son attention. » Crochet propose.
« Tu es sûr que c’est une bonne idée ? »
« Si c’est le seul moyen d’empêcher cette malédiction de prendre tous nos souvenirs, je suis prêt à prendre ce risque. »
« Je croyais que tu ne risquais ta vie que par amour ou par vengeance ? » Clochette fait remarquer au capitaine.
« Et pour une autre bonne raison : mes intérêts. »
Crochet se relève et s’approche de l’ombre. Je ne sais pas ce qu’il comptait faire mais clairement, ça n’a pas marché. En quelques secondes, le pirate se prend un coup qui le fait voler plusieurs mètres en arrière. Clairement, l’ombre n’est pas prête de se faire reprendre de la même manière. Neal pense alors à la Poudre de Fée qui lui permettrait de voler afin d’atteindre l’ombre. Le plan n’est qu’à moitié bancale, le reste dépend de Clochette et de sa capacité à activer la poudre.
« Je vais essayer de la tenir en place pendant que tu te concentres. » Je dis alors à la Fée.
J’aurais dû me douter que ce serait plus dur que prévu. Même si je parviens à coincer l’ombre derrière une barrière magique, elle se débat tellement que je dois mettre plus de magie simplement pour maintenir mon sort en place. Heureusement pour moi, Clochette ne met pas longtemps à allumer la bougie et s’envoler pour capture l’ombre.
Je suis contente qu’on s’en soit sortis, n’en doutez pas. C’est juste que je n’ai pas oublié notre mission initiale, à savoir récupérer la baguette de la Fée Noire. C’est à ce moment que la Fée Bleue se réveille. Apparemment, détruire l’ombre a restitué celles qu’elle avait prise récemment. Enfin, en gros, la Fée Bleue est encore en vie et elle accepte de nous donner la baguette. Bonne nouvelle.
***
On n’a pas perdu de temps avant de rejoindre la boutique de Gold. On entre précipitamment et on se dirige vers l’arrière-boutique, David en tête.
« On a une bonne nouvelle. » Il dit avant même d’avoir franchi le seuil. « La Fée Bleue est en vie et elle nous a donné la baguette. »
« On a besoin d’autre chose ? »
« Oui, d’une dernière chose. » Gold confirme en se dirigeant vers son armoire d’où il sort un objet.
« Qu’est-ce que c’est ? »
« L’une des rares choses utiles que j’ai réussi à subtiliser à Tamara et Greg avant qu’ils ne partent pour le Pays Imaginaire. »
« C’est donc vous qui l’aviez ? » Je comprends immédiatement de quoi il s’agit. Je demandais honnêtement où il était passé.
« En effet. Ce bracelet inhibe les pouvoirs de celui qui le porte. »
« Puisqu’on en parle, je n’ai pas oublié ce que tu m’as fait. » Ma mère annonce en se tournant vers Crochet qui n’a pas l’air plus perturbé que ça. Pendant ce temps, Gold place le bracelet autour du poignet d’Henry.
« Je veux m’assurer que quand mon vieux père se réveillera, il sera affaibli. Ça bloquera tous ses pouvoirs. »
« Qu’est-ce qui va se passer maintenant ? »
« Je vais jeter le sort. » Gold explique ce qu’il va faire dans les détails. « Tu vas plonger dans un profond sommeil et quand tu te réveilleras, tu auras retrouvé ton corps. »
« Et là tu récupéreras le parchemin dont on a parlé. » Ma mère poursuit. « Et tu viendras nous trouver aussi vite que possible. »
« Quand j’ai donné mon cœur à Peter, je croyais me comporter en héros. » Henry admet alors. « Pardon, je suis désolé. »
« Non, ce n’est pas à toi de t’excuser. C’est à Peter de le faire. »
« Il est temps. » Gold annonce.
***
On retrouve Henry devant la bibliothèque et donc maintenant, il ne reste plus qu’à stopper la malédiction de Peter. Tout repose sur ma mère à présent, elle est la seule à avoir utiliser le Sort Noir à part Peter donc la seule à pouvoir l’arrêter. Quand elle prend le parchemin en main, il y a une forte lumière violette avant que ma mère ne s’évanouisse.
« Maman ! »
« Regina ! »
Je suis à côté de ma mère en même temps qu’Emma et Henry. Elle reste inconsciente pendant plusieurs minutes, sans bouger malgré nos tentatives pour la réveiller. Finalement, elle ouvre les yeux et son regard croise immédiatement celui d’Emma.
« Ça va ? Qu’est-ce qui s’est passé ? » La blonde demande précipitamment et l’inquiétude est facilement audible dans sa voix.
« Oui je vais bien, j’ai seulement… »
« Seulement quoi ? » C’est à mon tour de l’interroger. « Qu’est-ce qui s’est passé quand tu l’as touché ? Qu’est-ce que tu as vu ? »
« J’ai vu ce qu’il fallait faire. »
« Maman, il va rien t’arriver, hein ? » Henry chercher à se rassurer.
« Peu importe. Ce qui compte c’est qu’il ne t’arrive rien à toi. »
« Faux ! » La voix de Peter résonne de l’autre côté de la rue.
« Il a le… ! » Crochet commence mais ne peux pas finir.
« Le parchemin ? Ça c’est sûr. »
Vu la confiance de Peter et le manque de mouvement du groupe, je comprends qu’il les a tous figé. Par contre, ça n’explique pas pourquoi moi je suis libre de mes mouvements. M’a-t-il laissé libre consciemment ? J’en doute. Peut-être que Morrighan m’a protégé, ça ferait sens.
« Regardez-vous, littéralement médusés. » Peter poursuit sans se douter que j’ai accès à ma magie. « De jolies poupées avec lesquelles je peux jouer à ma guise. Je crois que je vais commencer par ces deux-là. » Il dit en s’approchant de Belle et Neal. « Vous êtes tous les deux si adorables, difficile de choisir lequel tuer en premier. En fait non, pas tant que ça. Ce sera toi. » Il pointe son doigt en direction de Neal.
Je choisis ce moment pour utiliser ma magie et envoyer Peter valser plusieurs mètres en arrière. Je vois alors Gold arriver depuis sa boutique. Peut-être qu’il nous reste une chance de nous en sortir finalement.
« Vous avez un plan ? » Je lui demande quand il est à porter de voix.
« Oui mais tu n’en fais malheureusement pas partie. Désolé. »
Il fait un geste de la main dans ma direction et c’est la dernière chose que je vois avant de m’évanouir. Je commence à en faire une habitude et ça ne me plaît que moyennement.
***
Je me réveille brusquement, toujours au milieu de la rue. Le reste du groupe semble à nouveau libre de leurs mouvements et Peter et Gold ont disparu tous les deux. J’ignore ce qu’il s’est passé mais je suppose que c’est grave puisque Belle est en train de sangloter à genoux. Je comprends alors que le Ténébreux est mort, se sacrifiant pour nous sauver tous.
« Regina, ça va ? » Blanche demande quand elle voit ma mère se pencher pour ramasser le parchemin.
« Ça va. »
La voix de ma mère est étouffée, comme si elle retenait ses larmes. J’ignore ce qu’elle a vu en prenant le parchemin en main, mais c’était apparemment suffisant pour la bouleverser totalement.
« Mon père a fait ce qu’il fallait, il nous a tous sauvé. » Neal dit alors d’une voix forte. « Regina, faites en sorte qu’il ne soit pas mort pour rien. Regina ? » Il insiste quand il voit que ma mère ne réagit pas.
« Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Nous sommes ici pour une raison, ma belle : Peter. » Crochet lui rappelle.
« Il est mort. »
« Mais la malédiction qu’il a jeté est toujours là alors penses-tu pouvoir l’arrêter ou faut-il préparer nos âmes à disparaître ? Parce que la mienne risque d’avoir besoin d’un certain temps. »
« Alerte, elle est là ! » Leroy arrive en courant et en beuglant. « La malédiction, elle arrive ! Elle arrive de tous les côtés. On peut pas lui échapper. »
« On peut encore l’arrêter, il n’est pas trop tard. N’est-ce pas Regina ? »
« Oui, oui. »
« Bon, c’est quoi le prix à payer ? » Emma demande en s’approchant de ma mère. « Gold a dit qu’il y en aurait un. Quel prix on aura à payer ? »
« Ce n’est pas à vous de le payer, c’est à moi seule. »
« Quoi ? » Je crois que je comprends ce qu’elle veut dire et ça ne me plaît que moyennement.
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? »
« C’est ce que j’ai ressenti quand j’ai pris le parchemin. Je dois renoncer à tout jamais à ce que j’aime le plus au monde. »
« Henry ? » Emma demande en prenant son fils dans ses bras.
« Et moi. » J’ajoute, évitant à tout prix le regard de ma mère.
« Je ne dois jamais les revoir. Je n’ai pas le choix, c’est à moi de mettre fin à tout cela. »
« A la malédiction qui nous a transporté à Storybrooke ? »
« Qui a créé Storybrooke. » Ma mère précise. « Cette ville n’est pas à sa place ici et nous non plus d’ailleurs. »
« En brisant la malédiction, on détruit la ville. »
« Ce sera comme si elle n’avait jamais existé. Et chacun retournera dans le monde d’où il vient sans pouvoir plus jamais venir ici. » Ma mère termine son explication en baissant la tête.
« Vous allez repartir dans la Forêt Enchantée ? »
« Nous allons tous y retourner, excepté Henry. Lui il restera ici parce que c’est dans ce monde qu’il est né. »
« Quoi, tout seul ? » Emma s’exclame.
« Non, vous resterez avec lui. Parce que vous êtes la Sauveuse. Si vous êtes née, c’est pour briser la malédiction. Et cette fois encore vous y échapperez. »
« Je veux pas y échapper ! » Emma proteste. « Je veux qu’on reparte avec vous ! »
« Ce n’est pas possible. Je ne peux pas être avec Henry, c’est le prix à payer sinon c’est voué à l’échec. »
Le vent se lève soudainement autour de nous, signe que la malédiction progresse. Il ne nous reste plus beaucoup de temps mais je n’en ai plus grand-chose à faire. A quoi bon éviter un monde où j’aurais oublié ceux que j’aime si c’est pour aller dans un autre monde où c’est ceux que j’aime qui m’oublieront ?
« Tu n’as rien dit depuis tout à l’heure. » La voix de ma mère me tire de mes pensées.
« Tu vas effacer tous les souvenirs que tu as avec moi, pas vrai ? »
« Je n’ai pas le choix. »
« Donc je me retrouverai sans mère et toi, tu voudras à nouveau ma mort. » Je résume d’une voix sombre. « C’est vraiment à ça qu’on a droit après autant d’efforts ? »
« Je suis désolée Morgane. »
« Je refuse, il doit bien y avoir un autre moyen ! »
« Il n’y en a pas sinon crois-moi, j’aurais tout fait pour que ça n’arrive pas. » Elle m’assure en venant sécher les larmes qui m’ont échappé. « Je ne veux pas vous perdre mais je n’ai pas le choix. »
« Alors autant m’arracher le cœur et le réduire en poussière. »
« Morgane ! »
« Je refuse de vivre dans un monde où tu ne me reconnaîtras pas ! » Je m’exclame en m’éloignant d’elle. « Un monde où tu ne m’aimeras pas. »
« Tu as bien réussi à me faire craquer une première fois, tu y arriveras à nouveau. »
« Ce n’est pas juste. »
« Je sais, je suis désolée. » Elle dit en me prenant dans ses bras.
« Moi aussi. »
« De quoi est-ce que tu parles ? »
Comme elle s’écarte légèrement de moi, j’en profite pour effectuer un petit geste de la main. Ça suffit pour l’immobiliser complètement. Je me tourne vers le reste du groupe mais je ne croise le regard de personne.
« Quand je serais partie, le sortilège sera levé et elle pourra à nouveau bouger. Elle n’aura aucun souvenir de moi alors ne dites rien. »
« Tu es sûre ? » Emma me demande.
« C’est le seul moyen. »
« Alors, on se reverra plus ? » Henry s’approche de moi et je réalise que lui aussi va perdre une bonne partie de sa famille aujourd’hui.
« On va trouver un moyen pour revenir et on sera tous réunis. Je te le promets. »
***
De là où je suis, j’ai une vue imprenable sur la ville. Je vois la progression de la malédiction, un nuage de fumée vert traverse progressivement la forêt pour se diriger vers Storybrooke. Je le regarde avancer résolument, sans rien pour l’arrêter.
Je pensais être seule, surtout dans un moment pareil et aussi loin de la ville. Mais des bruits de pas s’approchant me prouve le contraire et je n’ai même pas besoin de me retourner pour reconnaître Ruby. L’énergie magique qui l’habite est tout à fait particulière, je sais la différencier de toutes les autres.
« Tu devrais être avec les autres. » Je lui dis sans même la regarder.
« Leroy nous a tout raconté. »
« Évidemment, une vraie commère celui-là. »
« Tu as vraiment effacer la mémoire de Regina ? » Ruby me demande en s’installant à côté de moi.
« Je suis toujours la même rebelle à ses yeux. »
« Pourquoi tu as fait ça ? »
« Il le fallait, pour ça. » J’explique en indiquant le nuage de fumée qui est passé du vert au violet. « Pour pouvoir annuler la malédiction, il fallait que ma mère se sépare de ceux qu’elle aime le plus et surtout ne jamais les revoir. Alors qu’importe, qu’est-ce qu’une fin heureuse contre des centaines ? »
« Je suis désolée. »
« Moi aussi. »